Présentée comme étant « la fusée la plus puissante jamais construite », le Space Launch System (SLS) de la NASA est aussi un véritable gouffre financier. En cause : les retards accumulés lors de sa mise au point, et les problèmes continuent de s’accumuler.
C’est en 2019 que la NASA a levé officiellement le voile sur la fusée SLS, rouage stratégique de l’ensemble du programme Artemis Moon. Évidemment, cela faisait déjà plusieurs années que l’agence spatiale américaine planchait sur ce projet spectaculaire : avec ses 98 mètres de haut, ses deux propulseurs, ses quatre moteurs RS-25 et son poids de 3000 tonnes, ce lanceur spatial lourd est tout simplement le plus grand et le plus puissant jamais fabriqué.
Le premier lancement du SLS a été réalisé en novembre 2022, après de longues semaines de reports dues à des problèmes techniques et à des conditions météo défavorables : il s’agissait alors d’un vol d’essai, sans équipage à bord. Cependant, l’expérience a été concluante, puisque la fusée est parvenue à faire le tout de la Lune comme prévu. Le prochain vol est prévu dans le cadre d’Artemis II en 2024 et cette fois-ci, un équipage sera un bord.
Un gouffre financier qui menace Artemis
Cependant, tout n’est pas rose à la NASA en ce qui concerne le SLS. Un récent audit réalisé par l’inspection générale de l’agence dresse un bilan douloureux du développement du programme et de la fusée. En 2025, le programme Artemis Moon devrait voir ses dépenses atteindre les 93 milliards de dollars. 23,8 milliards de dollars ont déjà été dépensés pour le système SLS jusqu’en 2022. Le rapport fait état de « 6 milliards de dollars d’augmentation des coûts et plus de six ans de retards par rapport aux projections initiales de la NASA ».
Pourtant, la NASA a cherché à limiter les coûts, notamment en réutilisant les moteurs RS-25 présents sur des navettes spatiales qui ne sont plus utilisées. Mais cela ne suffit pas à compenser les dépenses, et c’est problématique, puisque les équipes de conception étaient parties de cette logique. « La complexité du développement, de la mise à jour et de l’intégration de nouveaux systèmes avec des composants historiques s’est avérée beaucoup plus grande que prévu », détaille le rapport. Le fait est, notamment, qu’adapter les anciens moteurs au SLS coûte plus cher que planifié à la base, et seuls 5 des 16 moteurs disponibles ont été modifiés à ce jour.
Des problèmes financiers qui pourraient encore se creuser
Le rapport de la NASA estime enfin que « des augmentations supplémentaires des coûts et des délais » sont à prévoir dans les années à venir, puisque le programme Artemis n’en est finalement qu’à ses débuts. L’inspecteur général recommande donc une renégociation des contrats avec les différents fournisseurs de la NASA, pour passer à des solutions au forfait qui évitent les dépassements de budget. Par ailleurs, il semble vital pour l’ensemble du projet que les problèmes d’approvisionnement soient résolus au plus vite, pour minimiser les retards.
En tout, ce sont huit recommandations qui sont présentes au sein du rapport, et elles ont toutes été acceptées par la direction de la NASA. Cette dernière n’avait sans doute pas le choix si elle souhaite mener à bien son ambitieux programme, qui compte poser l’humain sur la Lune dès 2025.