Dévoilé par Google à l’occasion de sa dernière conférence Google I/O, Google Search Generative Experience se présente comme l’évolution la plus importante du moteur de recherche de l’entreprise. Mais qu’en est-il vraiment en pratique ?
Dans les mois et les années à venir, la recherche en ligne passera très clairement par l’intelligence artificielle. Microsoft a déjà commencé le travail de son côté, en intégrant ChatGPT à Bing. Mais ce n’est que le début. De son côté, Google planche sur la Search Generative Experience, ou SGE pour les intimes. Certains journalistes ont pu avoir accès à une version préliminaire, qui permet d’avoir un aperçu de ce que l’entreprise américaine nous réserve dans les mois à venir.
Une recherche comme une autre, mais…
L’utilisation de SGE commence comme n’importe quelle recherche sur Google : avec une recherche à saisir dans une barre. Mais dès l’affichage des résultats, tout change : en effet, les premiers résultats de recherche ne sont plus des liens bleus ou des questions similaires, mais des données compilées par l’intelligence artificielle générative de Google. Pour l’heure, l’entreprise indique clairement qu’il s’agit d’une expérimentation.
Les données sont compilées grâce à des sources récupérées sur Internet, et qui sont accessibles à tout moment. L’IA de Google se charge donc de produire des « résumés intelligents » pour répondre aux requêtes, ce qui peut même éviter à l’internaute d’avoir à chercher plus loin, et donc à cliquer sur un lien pour le visiter. De quoi faire du mal à de nombreuses sources d’information.
9to5Google, qui a expérimenté le service au même titre que Search Engine Journal, confirme ce constat : « Avec les requêtes que j’ai testées ces derniers jours, je n’ai pas ressenti le besoin de lire l’article complet, les panneaux de connaissances ou les 10 liens bleus », explique le journaliste. « La plupart du temps, surtout sur mobile, les gens veulent des réponses directes. Vous ne pouvez pas les blâmer pour cela. Il est tout simplement pratique de lire quelques phrases plutôt que d’ouvrir des liens la plupart du temps. »
Google est-il encore un moteur de recherche ?
SGE fonctionne aussi sur smartphone, avec un affichage similaire des résultats de recherche. La participation de l’IA est largement mise en avant et les réponses aux questions arrivent sans même avoir à quitter cette page unique.
À ce stade, on peut légitimement se demander si Google restera réellement un moteur de recherche, si l’on part du principe que l’IA de la plateforme peut répondre à des questions sans que l’utilisateur doive se rendre sur un autre site pour cela. SGE semble autosuffisant, mais comme il se nourrit des résultats de recherche, il en a tout de même besoin… mais ne leur rend pas hommage en dirigeant l’internaute vers ses sources.
Google compte également faire de sa solution un moteur pour les décisions d’achat, en affichant des listes de produits et des avis compilés par son IA. « Cette nouvelle expérience d’achat basée sur l’IA générative repose sur le Shopping Graph de Google, qui compte plus de 35 milliards de listes de produits, ce qui en fait l’ensemble de données le plus complet au monde sur les produits, les vendeurs, les marques, les avis et les stocks en constante évolution », explique l’entreprise dans un billet de blog. Résultat, il sera possible de se faire un avis sur un produit, et même de l’acheter, sans visiter d’autres site que celui de Google.
Google se défend de vouloir tout savoir
Suite à son expérience, 9to5Google a interrogé l’entreprise concernant sa stratégie. Google s’est défendu de vouloir cannibaliser les résultats de recherche, expliquant « Placer les sites Web au premier plan dans SGE ». « L’objectif est de mettre en évidence les sites Web et d’attirer l’attention sur le contenu du Web. Les réponses génératives sont corroborées par des sources du Web, et lorsqu’une partie d’un instantané inclut brièvement le contenu d’une source spécifique, nous mettrons en évidence cette source dans l’instantané. »
En résumé, l’internaute a toujours la possibilité d’aller voir la source d’une information pour avoir plus de détails. Mais il n’est pas certain qu’il en ait besoin.
Ce qui est certain, c’est que Google Search Generative Experience va changer en profondeur la manière dont les internautes effectuent des recherches sur Internet, et surtout la manière dont ils s’approprient les résultats. Pour l’heure, on ne sait pas encore quand cette nouvelle expérience sera déployée pour le plus grand nombre, mais il est possible de s’inscrire sur liste d’attente pour l’essayer via le site Google Labs.