L’IA connaît un sacré boom depuis la fin d’année dernière, et c’est donc en toute logique que les grandes instances mondiales commencent à se pencher sur le sujet. La semaine dernière, l’Union européenne a établi une première ébauche d’un texte visant à réguler les outils à base d’intelligence artificielle.
L’Europe va porter un premier à l’intelligence artificielle
On connaît déjà le texte du nouveau règlement européen sur l'intelligence artificielle. Une première ébauche de loi sur l'IA qui affirme que tous les développements doivent être conformes à une série de règles. Cependant, outre les grands éditeurs de logiciels, cette réglementation touchera également un groupe beaucoup plus spécifique : les développeurs open source. Ces derniers, même s’ils n’ont pas la renommée d’OpenAI ou Google, devront enregistrer leurs modèles dans la catégorie à haut risque. De plus, la loi ne prévoit pas d'exception pour les modèles open source qui sont inclus dans les distributeurs, puisque ce dernier aura la responsabilité légale.
L'exemple le plus direct est GitHub. Ils (et Microsoft) seront légalement responsables des développements possibles sur l'IA de leurs utilisateurs. Et en cas de non-respect des nouvelles réglementations dans ces développements, l'Union européenne pourrait leur infliger des sanctions allant jusqu’à un million de dollars. C'est ainsi qu'Andrés Miguel Torrubia, co-fondateur de l'Institut d'Intelligence Artificielle, le décrit. De son avis, la nouvelle réglementation de l'IA en Europe « favorise les grands » et est un « missile pour les mouvements open source ». Il va même jusqu’à dire que le règlement fonctionne comme un plan dissuasif.
L’Europe ne veut faire de cadeau à personne !
Le débat n'est pas nouveau. Dans la spirale réglementaire, il y a ceux qui défendent l'établissement de règles strictes pour tous et il y a ceux qui avertissent que l'établissement de trop de règles peut limiter la liberté de création et l'innovation. Dans un secteur comme l'intelligence artificielle, où les innovations émergent chaque jour à une vitesse étonnante, maintenir un écosystème pro-innovation semble essentiel pour ne pas se laisser distancer.
Pour autant, l’Europe semble vouloir bloquer plusieurs développements. L’exemple le plus frappant est celui de Google Bard qui est disponible dans 180 pays, mais dans aucun pays européen. Suite au texte du nouveau règlement et à sa position sur les développements open source, il se pourrait que Microsoft décide de laisser certains projets libres en Europe sur GitHub sans accès. Face au risque que ces développements ne soient pas conformes à la réglementation, ils pourraient donc les bloquer directement pour éviter les problèmes.
Il n'est pas difficile d'anticiper l'importance qu'a dû avoir le fait que GitHub appartienne à Microsoft. Pour faire un parallèle, nous nous retrouvons donc dans une situation similaire avec celle des réseaux sociaux, où les grandes entreprises technologiques sont responsables de ce qui est publié. De manière équivalente à la façon dont cette décision peut se terminer par une censure de Twitter, YouTube, Facebook ou de qui que ce soit. Et avec la réglementation de l'IA, elle peut se terminer par une dérive anti-innovation, ou en cas de doute, il est directement décidé de bloquer l’ouverture d’un projet source. Un niveau d’exigence qui pourrait finir par bloquer les « justes pour les pécheurs ».