Posséder un radar mobile qui permet de mesurer la vitesse à laquelle les autres voitures vous doublent sur la route coûte bien moins cher que vous pourriez le penser, puisque cela prend la forme d’une application mobile. Mais cette dernière n’est pas du goût de tout le monde.
Les radars routiers sont la hantise de bien des automobilistes : bien évidemment, pour éviter les déconvenues associées à un flashage sur la route, ce qui entraîne une perte de points sur le permis de conduire et une amende, il convient tout simplement de respecter les limitations de vitesse. C’est, bien sûr, quelque chose que l’on vous incite à faire sur les routes, pour votre sécurité et celle des autres automobilistes !
Cependant, il peut arriver qu’une petite accélération soit nécessaire, par exemple pour doubler un autre véhicule. Et lorsque vous vous faites doubler, vous pouvez parfois vous demander à quelle vitesse roule la voiture qui vous dépasse. C’est en partie pour cet usage qu’une entreprise britannique, spécialisée dans l’intelligence artificielle, a mis au point l’application Speedcam Anywhere.
Un radar automobile sur smartphone qui suscite la polémique
L’application Speedcam Anywhere est disponible sur les smartphones Android. Cependant, elle n’est actuellement téléchargeable qu’en Grande-Bretagne et face à la polémique qu’elle génère, on peut considérer qu’elle ne sera pas disponible ailleurs de sitôt.
Cette application permet à n’importe quelle personne de mesurer la vitesse à laquelle un véhicule en dépasse un autre. Pour ce faire, le logiciel filme une courte vidéo de la voiture qui dépasse, puis l’envoie sur un serveur doté d’une intelligence artificielle. « Le serveur peut mesurer la vitesse du véhicule à partir de la vidéo, vérifier la vitesse du véhicule par rapport aux limites de vitesse et fournir un rapport indiquant la vitesse du véhicule. Il génère également des rapports de sécurité routière et identifie les pointes de vitesse », explique le site de Speedcam Anywhere.
Mais ce n’est pas tout : si une infraction est constatée, l’application propose au propriétaire du terminal de dénoncer le véhicule en tort aux autorités. Un rapport détaillé mettant en avant les preuves du délit, mais aussi l’immatriculation et le modèle du véhicule est généré automatiquement. Il suffit ensuite de transmettre ce rapport aux autorités compétentes pour que celles-ci puissent verbaliser l’automobiliste concerné.
Des automobilistes critiques, et même insultants
Il faut savoir qu’en Grande-Bretagne, il est autorisé de prendre des photos de propriété dans un lieu public, comme l’explique le site de l’application mobile. « Vous n’avez pas le droit de demander aux gens d’arrêter de prendre des photos en public. Vous ne devez pas prendre de photos de moins de 18 ans en public. D’autres pays ont des lois sur la confidentialité différentes. »
De ce fait, utiliser Speedcam Anywhere pour dénoncer son prochain est légal. Mais est-ce moral pour autant ? Une chose est certaine, cela n’est pas du goût des automobilistes, qui s’en prennent avec virulence aux créateurs de l’application. « Nous recevons des mails assez abusifs », explique l’un d’eux à The Guardian. « Certaines personnes estiment que c’est une bonne idée, mais d’autres pensent que cela fait de nous un organisme de surveillance ».
L’application est également critiquée sur le Play Store ou certaines personnes n’hésitent pas à comparer Speedcam Anywhere à une version moderne de la délation en Allemagne de l’Est. « Cette application me dégoûte », résume un internaute.
À l’heure actuelle, l’application n’est pas disponible sur iOS : Apple a refusé sa mise à disposition, sans pour autant donner de raisons. Google, après l’avoir refusée en premier lieu, l’a finalement acceptée, mais en Grande-Bretagne seulement.
Speedcam Anywhere bientôt disponible en France ?
Compte tenu de la polémique britannique, il y a fort à parier que Speedcam Anywhere ne sera pas disponible de sitôt dans d’autres pays. En France, la CNIL veille au grain en ce qui concerne la capture de photos et de vidéos dans l’espace public. Cela pourrait être un premier frein à l’utilisation d’un tel service. Ensuite, la délation n’est pas quelque chose d’historiquement bien vu dans le pays. Il ne faut donc pas s’attendre à voir arriver Speedcam Anywhere chez nous à l’avenir.