Le lancement historique de Starship a fait couler beaucoup d’encre. Il était temps d’entendre la réaction d’Elon Musk au sujet des problèmes que la fusée a rencontrés lors de son décollage.
Un problème de fiabilité
Les fusées de SpaceX sont connues pour leur fiabilité. Il faut bien qu'elles soient réutilisées à de nombreuses reprises, y compris pour envoyer des humains dans l’Espace. Pourtant c’est bien une multitude de pannes moteur qui a causé la perte du Starship.
Il s’agit de la fusée la plus puissante à avoir décollé. Un record insensé et une véritable réussite pour sa montée en puissance. Mais pour cela elle est équipée de 33 moteurs Raptor. Pour décoller, il lui en faut au moins 30 d’actifs. Il s’agit là du rapport entre la puissance de poussée et le poids de la fusée. Surtout qu’il était important pour les tests que la fusée soit chargée au maximum en carburant.
Starship liftoff in slow motion pic.twitter.com/KqHjqwP88Z
— Elon Musk (@elonmusk) April 22, 2023
Le problème est qu’avant le décollage seuls 30 moteurs étaient actifs. Les 3 restants n’étaient pas suffisamment stables pour une mise en poussée. Le choix a donc été fait de procéder au décollage tout de même. C’est d’ailleurs ce qui explique la très lente ascension du Starship qui ne devait pas rester aussi longtemps sur le pas de tir. C’est aussi en partie ce qui a causé plus de dégâts à la zone de décollage.
Une fois plusieurs centaines de mètres de haut, les problèmes ont continué avec d’autres moteurs qui ont lâché. Elon Musk semble dire qu’il ne s’agit pas de morceaux de béton qui auraient causé des dommages au moment du décollage. De simples dysfonctionnements qui ont fini par faire se retourner la fusée, l'empêchant de se stabiliser.
Pour résoudre ce problème, le prochain lancement utilisera la nouvelle version des moteurs Raptor 9. Ils sont plus fiables et puissants.
Un lancement qui aurait pu finir en catastrophe
Même si on s’en douté fortement, Elon Musk avoue que le système de destruction de la fusée n’a pas fonctionné correctement. Il aura fallu une quarantaine de secondes pour que l’explosif perce les réservoirs et explose la fusée. C’est pour cela qu’il n’y a pas eu qu’une seule explosion, mais bien deux.
À l'avenir, Elon Musk compte augmenter la quantité d'explosifs à bord pour que cela ne se produise plus. Car cela aurait pu très mal finir. Si la fusée avait continué sa chute sans exploser, elle aurait fini dans l’eau, déversant son carburant.
C'est une des surprises de ce décollage. Le système qui fusionne le booster à la fusée en elle-même n’a pas réussi à s’ouvrir pour libérer le Starship. Mais au moment de sa descente, la fusée a vrillé à plusieurs reprises, sans jamais que les attaches ne se séparent. Entre l’explosion ratée et le détachement impossible, le positif à en tirer est que la fusée est d’une extrême solidité grâce à sa fabrication en acier.
Et maintenant ?
L'après-décollage intègre maintenant de nombreuses étapes. Déjà les dégâts sur le pad de lancement vont devoir être réparés. Mais c’est surtout une amélioration qui sera nécessaire pour éviter que le béton se fasse souffler, créant un cratère géant.
L’idée est d’utiliser une plateforme en acier, qui serait refroidie par eau. Une idée ingénieuse qui n’a jamais été testée à grande échelle. La question que certains peuvent se poser est : pourquoi ne pas utiliser la même méthode que pour tous les autres lancements dans le monde ? Effectivement, en temps normal, on utilise un canal de déviation du feu des propulseurs. De l’eau est aussi utilisée pour atténuer la chaleur.
Sauf qu’ici deux problèmes se posent. Déjà la fusée est trop puissante pour utiliser de l’eau. Il faudrait une quantité absolument indécente, ce qui n’aurait pas de sens. Pour le canal de déviation, la zone de Boca Chica est une réserve naturelle qui se retrouve souvent inondée. Il est impossible de construire une structure en sous-sol. La solution est donc la plaque d’acier refroidie.
Pour ce qui est d’un nouveau lancement, il faudra attendre 6 à 8 semaines, soit deux mois. Cela est dû au temps nécessaire pour réparer le pad de lancement, mais aussi à l'enquête de l’administration fédérale de l’aviation (FAA) qui doit déterminer les causes du crash et valider une future tentative.
Enfin du côté financier tout semble bien aller, car Musk estime que le programme Starship coûtera 2 milliards de dollars en 2023. Un budget que la société possède et ne nécessite pas d'investisseurs.