Vous connaissez l’expression «garde ça pour toi» ? Elle pourrait être bouleversée par des technologies comme celle qui vient d’être dévoilée dans une étude d’une université au Texas. Sans aucune chirurgie, des sujets voient leurs pensées devinées.
Lire dans les pensés sans chirurgie grâce à l’IA
Il y a quelques jours, une étude d’un groupe de chercheurs de l’Université du Texas a été publiée dans la revue Nature Neuroscience. Il s’agit d’une petite révolution qui s'ancre parfaitement avec la montée en puissance des IA que nous observons depuis quelques mois.
Lire dans les pensées des gens est un fantasme qui semble se rapprocher de plus en plus de la réalité. Dans le rapport fourni par les deux chercheurs, ils expliquent comment ils sont parvenus à établir une connexion avec le cerveau humain et de décrypter ce qu’il s’y passe, le tout sans avoir recours à quelconque chirurgie. Mais comment ont-ils fait ?
Aucun implant n’est placé dans le cerveau, seul un scanner IRMf est utilisé. L’idée est de capter le signal d’activité cérébrale créé par les variations de taux d’oxygène dans le sang avec l’IRM, mais cela pose un problème : ce signal est trop lent, et possède une une vague de fréquence qui s'étend sur 10 secondes, insuffisant pour décrypter totalement un langage comprenant plusieurs mots par secondes. Pour pallier ce souci, le décodeur fait appel à l’intelligence artificielle qui va extrapoler et imaginer les séquences de mots potentielles, et sélectionner la version la plus probable.
Pour entraîner cette IA, les sujets ont écouté 16 heures de contenu audio oral, tout en ayant leur cerveau analysé dans l’IRM. C’est plus de 5 fois plus long que les précédentes études, permettant d’avoir le maximum d’informations à transmettre au modèle de langage, afin qu’il transcrive les pensées le plus précisément possible. L’équipe a utilisé Chat GPT pour la retranscription en texte.
Si l’on regarde les exemples de comparaison entre ce que le sujet a pensé et ce que le décodeur traduisait, on peut voir qu’il ne s’agit pas d’une science exacte, en tout cas pas encore. Mais la plupart du temps, l’idée et les grandes lignes sont là. Les chercheurs envisagent de montrer aux sujets le retour en direct du décodeur, cela permettant à l’humain de s’adapter inconsciemment et d’aider l’IA à être plus précise.
Ce genre de technologie change complètement la donne. Une chirurgie est une opération complexe, et permettre de s’en passer permettrait de démocratiser beaucoup plus facilement l’utilisation d’un décodeur comme celui-ci avec, par exemple, pour des personnes ayant perdu leurs capacités motrices et vocales après un accident. Cela leur permettrait de communiquer via la pensée, surtout si cette technologie s’affine.
Un problème potentiel
Qui dit révolution dit forcément des points noirs au tableau. Pour l’instant, l’étude affirme que le consentement des sujets est nécessaire pour décoder leurs pensées, mais qu’il pourrait s’en passer à l’avenir si la technologie se développe. Cela pose évidemment des problèmes si cette technologie tombe entre de mauvaises mains.