Pour de nombreuses générations, le jeu vidéo est avant tout une histoire de transmission. Rares sont les joueurs qui n’ont pas découvert le jeu vidéo en compagnie d’un proche, que ce soit un parent, un frère ou une sœur, un cousin ou une cousine ou même un ou une ami(e). Depuis toujours, le jeu vidéo forge des souvenirs impérissables et d’autant plus forts lorsqu’ils sont partagés avec autrui. Du jour au lendemain, ce joueur meurtri a eu la chance de faire renaître, en quelque sorte, l’un des moments les plus précieux qu’il ait pu vivre avec son père.
Sommaire
- Un fantôme pour laisser une marque de votre passage
- Quand une simple course de voitures ravive de fabuleux souvenirs
- Pokémon, Animal Crossing... Chacun à un souvenir cher lié aux jeux vidéo
Un fantôme pour laisser une marque de votre passage
N’importe qui a déjà dû poser ses mains sur un jeu de course, ne serait-ce que sur l’un des épisodes de la licence Mario Kart. Dans ce type de jeu, où la notion de temps est souvent primordiale, on rencontre une fonctionnalité qui peut paraître étrange au premier abord : les fantômes. Bien souvent, ceux-ci apparaissent lors d’épreuves de type contre-la-montre, vous permettant ainsi de visualiser votre tour de piste, d’en étudier le tracé et d’avoir un objectif supplémentaire qui est de le dépasser, de faire mieux dans le but d’améliorer votre temps.
Les jeux vidéo qui utilisent cette fonctionnalité — et pas seulement les jeux de courses ! — se dénombrent par centaines, et même bien plus encore tant les séries de jeux de course cultes ou les titres modestes inconnus du grand public sont légion. Dirt, Crash Team Racing, WipeOut, Forza Motorsport, Mario Kart, Trials, SSX, Ridge Racer, F1, Gran Turismo, SEGA Rally, Nascar, Colin McRae Rally, F-Zero… Vous l’aurez compris, il est possible d’en citer plus d’un. Mais connaissez-vous RalliSport Challenge ?
Comme son nom l'indique si bien, il s’agit d’un jeu de courses de rallyes paru sur la toute première Xbox en mars 2002. Au programme de ce titre, développé par le studio Digital Illusions et édité par Microsoft Game Studios, quarante-huit circuits subdivisés en quatre catégories (rallye, rallye-cross, course de côte et course sur glace) qui ont chacune leurs propres spécificités. Pour venir à bout de toutes ces épreuves, le joueur avait la possibilité de piloter jusqu’à vingt-neuf véhicules différents.
Si son nom n’est pas aussi retentissant que certains cadors du genre, les critiques anglophones autour du jeu saluaient tout de même le travail des équipes en allant jusqu’à lui offrir de très belles notes, ainsi qu’un score Metacritic de 87/100. Une réussite qui s’est exportée jusqu’en France où nous lui avions, à l’époque, octroyé la très bonne note de 16/20. Bref, le titre avait tout pour plaire et proposait même de jouer en solo ou en multijoueur. Dans le lot des activités possibles dans RalliSport Challenge, le joueur pouvait participer à des courses contre-la-montre qui gardaient une empreinte du meilleur tour du pilote en matérialisant… un fantôme.
Quand une simple course de voitures ravive de fabuleux souvenirs
Pourquoi évoquer spécifiquement RalliSport Challenge ? Eh bien, parce que le titre de Digital Illusions est le point de départ d’une histoire qui a bouleversé plus d’un internaute ayant pour passion les jeux vidéo. Peu importe les réseaux sociaux et autres plateformes de partage (4Chan, 9Gag, Reddit, YouTube), l’histoire de ce joueur a fait le tour de la toile, à tel point qu’il est difficile de savoir où celle-ci a été publiée pour la première fois. Repartagée par tout un tas d’autres utilisateurs, la piste est quelque peu brouillée. Toutefois, on en retrouve des traces sur divers sites, comme Joyreactor, où l’on peut voir que cette histoire était déjà partagée en 2011 sur 9Gag.
Comme on l’a dit, ce message, on l’a retrouvé un peu partout sur Internet. Néanmoins, c’est sur YouTube qu’il a étonnamment eu l’impact le plus retentissant, devenant le commentaire le plus plébiscité d’une vidéo de la chaîne PBS Game/Show par les autres utilisateurs de la plateforme de Google. Fort à propos, c’est dans la section « Commentaires » de la vidéo « Can Video Games Be A Spiritual Experience? » que cette histoire s’est réinvitée sur la toile, récoltant près de 30 000 pouces bleus et faisant même réagir le créateur de la chaîne. En à peu près dix lignes, l’utilisateur 00WARTHERAPY00 a touché en plein cœur des milliers d’internautes ayant aussi une relation particulière avec leur père ou avec l’un des membres de leur famille, fortifiée par le jeu vidéo.
Déjà à l’époque de cette vidéo, postée en mai 2014, soit il y a près de neuf ans, les prémices de cette histoire remontaient à quelques années, vers le début des années 2000. Comme il l’explique, en supposant qu’il soit l’auteur originel, c’est lorsqu’il était âgé de quatre ans que son père avait pris la décision d’acheter la toute première Xbox. Grâce au catalogue de cette dernière, ils ont pu découvrir tout un tas de jeux et se forger de nombreux et joyeux souvenirs ensemble. Malheureusement, à peine deux ans plus tard, son père décédait. À la suite de cet événement tragique, le joueur raconte qu’il lui était impossible de rallumer la console et de rejouer à ces jeux qu’ils appréciaient tant, et ce pendant près de dix ans. Ce n’est qu’à l’âge de seize ans qu’il s’est senti capable de rebrancher la console de Microsoft et de lancer, entre autres, RalliSport Challenge où il y découvrit un fantôme, et pas n’importe lequel !
Celui-ci a subitement compris que le fantôme du meilleur temps de son père était encore présent sur l’une des courses. Ainsi, comme pour se remémorer ses souvenirs avec lui, il explique s’être entraîné sans relâche afin de rivaliser avec lui. Sauf qu’un jour, il était devenu meilleur que ce fantôme, allant jusqu’à le dépasser à quelques instants de franchir la ligne d’arrivée. Toutefois, pour préserver ce reliquat de l’existence de son père, il a fait le choix de s’arrêter à temps de peur de le voir disparaître pour toujours. Beaucoup d’utilisateurs, venus de base pour la vidéo de PBS Game/Show, en sont repartis en pleurant à chaudes larmes. Devenue une histoire marquante du jeu vidéo, elle a ouvert la voie à de nombreux autres témoignages et récits bouleversants.
Pokémon, Animal Crossing... Chacun à un souvenir cher lié aux jeux vidéo
Parmi les joueurs qui sont tombés sur ce message, il y en a pas mal qui ont fait le lien avec l’une des séquences entre les deux frères du film Speed Racer, adapté du manga du même nom de Tatsuo Yoshida, réalisé par les sœurs Wachowski (Matrix) et sorti en 2008. Pour d’autres, c’était l’opportunité d’évoquer des expériences similaires et tout aussi émouvantes. Il n’est pas tant question de fantômes ici que de petites attentions laissées par un proche dans un jeu vidéo, sans forcément savoir qu’une personne tombera dessus tôt ou tard. Dans les récits cités ou directement racontés par les utilisateurs des réseaux sociaux et autres forums où ce message a été posté, on peut citer cette anecdote touchante d’un utilisateur du site 4Chan.
Un jour, en cherchant tout autre chose dans les affaires de son père décédé, précieusement rangées dans un carton, ce même joueur est tombé sur la Game Boy de son paternel, console fétiche de ce dernier, et sur sa version Bleue de Pokémon. Curieux de découvrir le contenu de la sauvegarde de son père, il fut encore plus étonné en jetant un œil à son équipe de monstres de poche. Elle était loin d’être la plus performante — il y avait, entre autres, un Nosferapti, un Rattatac et un Dardargnan, mais elle contenait surtout un Tortank pour le moins original. Lorsque son père a fait l’acquisition de son starter, il avait fait le choix de ne pas garder le nom « Carapuce » mais de lui offrir le nom de son fils, comme une façon de l’avoir auprès de lui durant ce long périple pour devenir maître Pokémon.
Toujours du côté de Nintendo, le jeu Animal Crossing regorge également d’anecdotes déchirantes, témoignant de l’amour que peuvent se porter les membres d’une même famille. Il y a, par exemple, le souvenir de ce joueur qui a découvert le jeu sur GameCube et qui s’est dit qu’il s’agissait là peut-être du meilleur moyen d’introduire le jeu vidéo à ses parents. Si lui et son frère ont déserté le jeu au bout de quelques semaines, il est devenu pour leur mère, atteinte de poliomyélite, une véritable échappatoire à sa maladie. Pour celle-ci, c’était une révélation, à tel point qu’elle s’y est investie corps et âme — ce qui lui valait d’être gentiment taquiné par les membres de sa famille — jusqu’à devoir arrêter subitement à cause de la maladie qui a fini par l’emporter. Ce n’est qu’un an et demi plus tard que le joueur en question a relancé Animal Crossing, découvrant une parcelle remplie de neige et de mauvaises herbes ainsi que des habitants inquiets de l’absence de sa mère dans le jeu. Toutefois, ce n’était pas la plus grande des surprises qui, elle, l’attendait dans sa boite aux lettres. En l’ouvrant, il tomba nez à nez avec des dizaines et des dizaines de cadeaux qu’elle lui avait envoyés de son vivant, accompagnés du même petit mot lui disant qu’elle pensait à lui et qu’elle l’aimait.
À bien des égards, le jeu vidéo peut être bouleversant. Pas seulement parce qu’il est capable de nous raconter des histoires magnifiquement écrites, mais surtout parce qu’il peut être cette capsule qui emprisonne et conserve à jamais l’un de nos moments les plus chers ou l’un des fragments de notre vie que nous souhaitons ne jamais oublier.