Des chercheurs chinois de l’Université de Wuhan ont laissé, pendant 24 heures, les commandes d’un satellite à une intelligence artificielle. Une prise de contrôle maîtrisée par la Chine, mais qui cache un objectif potentiellement bien sombre.
Durant 24 heures, Qimingxing 1, un satellite expérimental de télédétection chinois, a été piloté par une intelligence artificielle développée par des chercheurs du laboratoire d’État chinois d’ingénierie de l’information pour l’arpentage, la cartographie et la télédétection (LIESMARS). Cette information, rapportée par le South China Morning Post, donne quelques détails concernant l’objectif de l’expérience. Et comme on peut l’imaginer, la Chine a quelques idées controversées derrière la tête.
Une intelligence artificielle laissée aux commandes durant 24 heures
Pendant la durée durant laquelle l’IA a pris le contrôle de Qimingxing 1, le logiciel a, de sa propre initiative, réalisé des photos de certaines parties de l’Inde et du Japon. Parmi ses cibles se trouvent notamment la ville indienne de Patna, qui abrite la branche de l’armée indienne connue sous le nom de régiment de Bihar, mais aussi le port d’Osaka, connu pour régulièrement abriter des navires de la marine américaine.
Selon le rapport mis en ligne par les chercheurs, il n’y a pas d’explication particulière qui est donnée concernant le choix d’observation de l’intelligence artificielle. Cependant, ils l’admettent eux-mêmes : « Cette approche enfreint les règles existantes en matière de planification de mission ». Mais ça ne semble pas les déranger particulièrement.
China's AI controlled satellite spied on #India and #Japan.
— News IADN (@NewsIADN) April 17, 2023
An artificial intelligence machine was given full control of Qimingxing 1, a small Earth observation satellite, for about 24 hours. It then spied on locations in India & Japan without any human intervention.#IADN pic.twitter.com/zJQAvbAF8k
L’objectif de l’expérience était de voir ce qu’était capable de faire une intelligence artificielle disposant d’un contrôle total d’un satellite d’observation. Il s’agissait de la première démarche du genre : dans des études précédentes, des consignes étaient toujours données à l’IA, à qui il est possible de demander de scruter les endroits où des tremblements de terre où des affrontements peuvent se produire, par exemple. Mais dans ce cas précis, l’intelligence artificielle a été laissée à son seul jugement concernant les zones à observer.
Une nouvelle manière d’espionner pour la Chine ?
L’intelligence artificielle utilisée dans cette expérience a, tout de même, été entraînée à l’aide d’imageries satellites et d’informations textuelles. Cela peut donc l’avoir orienté dans le choix de ses « cibles » qui présentent des intérêts pour la Chine, notamment au niveau militaire.
Les chercheurs estiment qu’utiliser une telle IA dans les satellites de télédétection du pays pourrait limiter le « gaspillage de ressources ». La Chine possède actuellement 260 satellites de ce type, qui sont, selon les scientifiques, souvent inactifs. En les rendant autonomes, ils pourraient donc jouer un rôle plus important dans les missions d’observation et de surveillance de la défense nationale.
Difficile d’imaginer que les scientifiques de l’université de Wuhan n’ont pas une idée concrète derrière la tête avec cette expérience, qui manque d’une certaine transparence. Il est assez facile d’imaginer que la Chine pourrait confier à une IA le loisir d’espionner les pays voisins de manière autonome, et cette perspective a tendance à nous donner froid dans le dos…