Les voitures électriques vont devenir la norme alors qu’elles coûtent encore très cher. Même si Tesla et Elon Musk pratique une politique des prix ultra-compétitive, d’autres constructeurs comme Volkswagen n’hésitent pas à dire la vérité à ceux qui pensent qu’une voiture à moins de 25 000€ est réalisable.
La voiture électrique à moins de 25 000€, difficile pour Volkswagen ?
S’offrir une voiture électrique n’est pas chose aisée. La réalité, c’est que ces dernières coûtent, à l’heure actuelle, beaucoup plus cher que les voitures thermiques. Et même si la globalité de l’industrie automobile en a conscience, les constructeurs ne peuvent pas faire de la magie au niveau des prix, puisque faire de l’argent reste la priorité. Thomas Schäfer, PDG de Volkswagen Brand, dans une interview accordée à Automotive News n’y est pas allé avec le dos de cuillère lorsqu’on lui a posé la question sur la marge que le constructeur ferait avec une voiture à moins de 25 000€ (ID. 2all). Il prévient : « Nous ne faisons pas dans la charité. Nous avons l’intention de faire de l’argent. »
À la question de savoir si d'autres véhicules Skoda ou Cupra devront également faire face à cette barrière, le PDG de Volkswagen Brand est clair : « (L’ID. 2all) est le modèle d'entrée de gamme pour le moment et le deuxième modèle de Volkswagen sera un véhicule de type SUV. La Skoda sera un SUV, puis il y aura la Cupra Urban Rebel. Elles ne seront pas en dessous de 25 000 euros (en parlant des 3 autres véhicules de la plateforme MEB). »
Faire de la marge sur une voiture électrique, n’est pas chose aisée
Le cas de Porsche est particulièrement parlant. Les sportives de luxe allemandes sont déjà vendues avec une marge bénéficiaire de 18% mais elles aspirent à augmenter ce chiffre dans les années à venir à 20%. Un chiffre qui contraste avec les autres acteurs de l'industrie et qui reposera essentiellement sur la vente d'unités plus spéciales à un prix plus élevé. Comprenez par là qu’une entreprise avec un faible volume de ventes doit tirer une marge importante de ses véhicules pour pouvoir faire face aux investissements futurs. Mais, même si cela n'en a pas l'air, le chiffre idéal des marges bénéficiaires d'un constructeur automobile est plus proche de celui de Porsche que des 6 % que Volkswagen compte atteindre avec une voiture électrique vendue à 25 000 euros.
Si Tesla est devenu l'une des références en matière de production de véhicules, c'est justement pour cela. Les économies dans les usines de fabrication en personnel et en temps ont permis à la firme d’Elon Musk de clôturer 2022 avec une marge bénéficiaire de 28,5 %. Pour avoir une meilleure perspective de la situation globale, Mercedes, qui a également choisi de suivre une stratégie similaire à celle de Porsche en vendant moins de voitures, mais à un prix plus élevé, a réussi à augmenter ses marges bénéficiaires à 14,5 %.
Les batteries ne permettent pas aux voitures électriques de passer sous la barre des 25 000€
Selon Thomas Schäfer, la principale raison pour laquelle la voiture électrique ne peut pas descendre en dessous des 25 000 euros en ce moment, est intimement liée aux batteries. Les coûts fixes ne sont donc pas le plus gros problème, la véritable pierre d'achoppement est la batterie qui limite le prix plancher auquel le véhicule est vendu. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les entreprises ont décidé de commencer à lancer leur offre de véhicules électriques en nivelant par le haut. Mais cette stratégie ne peut pas être appliquée pour les véhicules de petite taille et aux prix inférieurs, car le coût pour le client est beaucoup moins flexible et que la fourchette de prix est déterminante pour réussir sur le marché.
Avec des marges aussi faibles (s'ils les obtiennent) ni Volkswagen ni le reste des constructeurs ne voudront continuer à investir de l'argent dans un produit, puisque sur le long terme, ces marges affecteront l'utilisation de matériaux et de processus de fabrication moins bons pour rester compétitif sur un marché en déclin. L’enjeu pour les constructeurs mondiaux (avec la pression de la Chine), est donc de convaincre les clients de payer plus pour des véhicules qui, ces derniers mois, n'ont fait que baisser de prix. Spoiler : ce ne sera pas si simple.