Circuler dans les grandes villes devient de plus en plus compliqué malgré l'amélioration des aménagements pour les mobilités douces. Mais entre le vélo et la trottinette électrique, le choc est violent et nous ne sommes pas du tout respectés de la même manière sur la route.
Cet article n'est en aucun cas un pamphlet à l’encontre des automobilistes ou des trottinettes électriques. Il ne s’agit, ni plus, ni moins, que d’un retour d'expérience avec pour but d'ouvrir le débat.
Un cycliste à trottinette dans Paris
Je suis principalement cycliste, régulièrement automobiliste et je roule en trottinette depuis quelque temps. J’ai ainsi observé les comportements sur la route qui ont parfois tendance à être difficilement compréhensibles entre les différentes mobilités urbaines. Le ton monte très rapidement, quelles que soit la situation, même anodine. Et la première chose qui m’a frappé c’est qu’à trottinette je ne suis absolument pas respecté par les véhicules motorisés. Un contraste face au vélo, avec lequel je suis bien moins confronté aux humeurs des automobilistes. Il faut préciser que ma conduite n’a pas changé et que je suis toujours vigilant, respectueux du Code de la route et muni d’un casque.
La faute n’est pas à jeter sur tel ou tel mode de transport, car chacun a ses arguments. Il est toutefois possible de trouver des raisons et surtout des solutions pour une meilleure entente entre usagers de la route.
Les trottinettes sont moins respectées sur la route
Depuis que je roule à trottinette, mes trajets sont devenus un enfer. Les jours sont rares où je ne suis pas confronté à une situation tendue, voire dangereuse à coup de «bouge de là sale merde». J’ai bien plus été en situation à haut risque en 1 mois à trottinette qu’en 1 an à vélo. J’ai pourtant parcouru plus de 2000 km en solitaire sur un vélo de route à travers la France pendant une vingtaine de jours. Ce trajet a été beaucoup moins stressant que ces dernières semaines.
La trottinette n’est pas non plus une nouveauté pour moi, car il y a quelques années je roulais à 50 / 50 entre vélo et trottinette. Mais la route elle a changé…
Ce constat est partagé par mes amis et collègues à trottinette qui ont fini par s’habituer à ces comportements, comme si cela était normal. Spoiler : ça ne l’est pas du tout. D’ailleurs à Paris cela se voit aussi, avec le référendum contre les trottinettes électriques en libre-service. Avec plus de 90% de votes favorables à leur interdiction, le résultat est sans appel. Même si certains iront critiquer l’abstention record de plus de 90%, cela reste néanmoins net. Et c’est d’ailleurs là que vient à mon avis l’un des principaux problèmes.
Pourquoi une telle différence entre vélos et trottinettes électriques ?
Le facteur qui me semble être principal est l’utilisation de trottinettes en libre-service. L'idée est absolument géniale, mais beaucoup découvrent ce mode de transport et n’ont pas les réflexes pour rouler correctement. Il est tellement simple de prendre une trottinette, que c’est un peu comme marcher plus vite. Sauf que la vigilance nécessaire entre un piéton et un trottinettiste n’est pas la même. L’anticipation est le facteur principal qui vous évite des accidents.
Sans oublier qu’une trottinette en libre-service ne vous appartient pas. Donc si elle casse, vous n’aurez aucune conséquence. Le respect pour le matériel est souvent inexistant pour les mobilités en libre-service. Cela s’applique aussi bien aux scooters qu’aux vélos. Un matériel défaillant est ainsi forcément un risque plus important sur la route.
La trottinette électrique en libre-service étant devenue l’un des modes de transport doux les plus utilisés, il est ainsi associé aux trottinettes électriques personnelles. Même cela ne veut pas dire que parce qu'il s’agit de votre trottinette, vous êtes vigilant. Mais on constate quand même plus de prudence. Initialement contre l'arrêt des trottinettes en libre-service à Paris, j’ai fini par être pour en constatant des comportements indécents. Même si comme se défendent les opérateurs, ce n’est pas la trottinette qui est dangereuse, mais bien la personne qui est dessus.
Une différence de sécurité ?
C’est là qu’une nuance est à apporter. Beaucoup de trottinettes électriques ne possèdent qu’un système de freinage unique sur un des guidons. Pourtant c’est ça qui fait que la distance de freinage est importante. En temps de pluie, cela devient tout simplement indécent. Un arrêt d’urgence avec deux freins est beaucoup plus efficace. Malheureusement, c’est souvent plus onéreux et encombrant. Il existe toutefois quelques exceptions qui fonctionnent bien avec un seul frein sur le guidon, comme la Xiaomi Electric Scooter 4 Pro qui active les freins avant et arrière dans un tempo différent, pour éviter le blocage de roue, avec en bonus de l’ABS. C’est exactement ce genre de technologie qui devrait être présente dans toutes les trottinettes sur le marché.
Enfin, sur le dernier aspect sécurité, il s’agit de la signalisation des directions. À vélo il est possible sans être trop déséquilibré de mettre sa main pour indiquer que l’on tourne. Sauf qu’à trottinette c’est plus délicat. On doit relâcher notre main soit du frein, soit de l'accélérateur. Surtout qu’en théorie on arrive à une intersection, c'est-à-dire une des zones les plus dangereuses. C’est pour cette raison que dans une nouvelle réglementation française, les trottinettes électriques devront avoir des clignotants.
Le vélo est donc la solution miracle ?
Malheureusement, il n’y a pas de solution miracle. Le vélo, qu’il soit électrique ou non, représente aussi un danger. Le fait de pouvoir se faufiler dans la circulation, comme à trottinette, le rend dangereux. C’est pour cette raison que beaucoup de conflits sont résolus avec des aménagements bien pensés.
Le principal est que les mobilités douces dans leur ensemble, soient séparées de la circulation motorisée. Cela inclut aussi les voies de bus qui ne doivent pas être des zones cyclables. Comment un véhicule de 20 tonnes peut-il correctement circuler avec des dizaines de petits véhicules de moins de 20 kg sur son chemin ?
Il y a aussi les véhicules stationnés qui peuvent être un danger. L’emportiérage (ouverture de portière sans prévenir) est un véritable fléau et c’est là que les pistes cyclables ne doivent pas être prises en sandwich entre la circulation et les stationnements. Le seul moyen d'éviter cela est de garder ses distances avec les voitures garées et d’avoir un bon frein en cas de solution de dernier recours.
Le nombre croissant d’accidents en EDPM (trottinette électrique, gyropodes, etc) est aussi à constater. Une hausse de 36% sur 2022. De façon plus globale entre 2019 et 2022 les accidents de vélo et de trottinettes sont passés de 978 à 1478. Une forte hausse qui est à relativiser au vu de la très forte hausse de l'utilisation de mobilité douce après la pandémie. Le problème aussi de ses chiffres est qu’il englobe les deux modes de transport. Il faudrait être capable de faire la proportion d’accidents par nombre d’utilisateurs.
La conclusion est donc que les trottinettes peuvent paraître moins sécurisées et avoir des comportements plus imprévisibles. Résultat : cela devient une idée reçue et trottinette rime avec danger. Les seules solutions sont d'améliorer le freinage sur l’ensemble des trottinettes, quelle que soit leur gamme de prix et d’avoirs des clignotants. Mais au-delà de tels changements, ce sera d’avoir de vrais espaces distincts entre véhicules motorisés et mobilité douce.
Le but est ainsi d’ouvrir un débat sur les modes de transports dans nos villes et non de trouver le coupable. Tous les arguments sont les bienvenus, c’est un sujet ouvert.
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