Vous pensiez que la vidéosurveillance “intelligente” était l’apanage de la Chine ou des séries telles que Black Mirror ou Person of Interest ? Détrompez-vous, en vue des prochains Jeux Olympiques d’été qui auront lieu à Paris en 2024, la France va, elle aussi, se doter d’un tel système qui fait froid dans le dos.
C'est officiel : la France va autoriser la vidéo surveillance boostée par l'IA
Le projet de loi lié à l'organisation des JO de Paris 2024 vient de terminer son chemin parlementaire. Après son passage au Sénat, l'Assemblée Nationale vient d'approuver le texte qui prévoit dans son article 7 un recours à la vidéosurveillance dite intelligente. Les élus de la majorité présidentielle, de la droite et de l'extrême droite ont tous voté le texte, tandis que les députés assis à gauche de l'hémicycle se méfient de potentielles dérives.
À quoi devez-vous vous attendre ? L'exécutif prévoit de tester une ribambelle de nouvelles technologies liées à la sécurité avant, pendant, et peut-être même après les jeux olympiques de Paris. Les premières expérimentations pourraient commencer très bientôt, dès la promulgation de la loi.
Certaines caméras de surveillance seront donc bientôt aidées par des algorithmes, des intelligences artificielles. D'après le gouvernement, il ne s'agit pas d'identifier et de suivre des personnes en particulier, mais de détecter de potentielles situations dangereuses, comme un mouvement de foule par exemple.
L'une des idées derrière ce texte de loi est de poser un cadre juridique à l'intérieur duquel il sera possible de déployer des IA pour soutenir les forces de l'ordre. De la rue aux transports en commun, "l'IA des JO" pourrait être utilisée plus ou moins partout, dès que l'État estimera cela nécessaire.
Bien que la majorité ait assuré que les données enregistrées par ces caméras ne seront pas des données biométriques pouvant être utilisées pour isoler et ficher une personne, une partie de l'opposition affirme que rien dans la loi qui vient d'être votée empêche que cela soit le cas. Les membres de la NUPES sont également contre le fait que des entreprises privées puissent utiliser ce genre de dispositifs.
En plus des caméras intelligentes, le texte prévoit l'utilisation d'autres objets high tech liés à la sécurité. On peut par exemple évoquer le HELMA-P, un canon laser capable de shooter des drones à plus de 3 kilomètres de distance, ou encore les scanners corporels (comme ceux qu'on retrouve dans les aéroports) qui pourront être à présent déployés dans n'importe quel lieu pouvant accueillir plus de 300 personnes.
Développement de l'Intelligence artificielle : la France n'est pas encore la Chine
De tels dispositifs ne peuvent que rappeler les pratiques du pays pionnier en matière de vidéosurveillance intelligente : la Chine. Les Chinois et chinoises ont assimilé depuis un certain temps que Big Brother les regarde.
C'était déjà à l'occasion de l'organisation de jeux olympiques que la Chine a introduit aux yeux du monde la vidéosurveillance boostée par l'IA. Nous étions alors en 2008. Depuis, Pékin investit des sommes astronomiques, 60 milliards par an, dans l'intelligence artificielle pour pousser toujours plus loin la surveillance de masse. Aujourd'hui, c'est plus d'un milliard de caméras qui scrutent l'Empire du Milieu.
En France, on craint un potentiel enregistrement de données biométriques. En Chine, c'est assumé et même plutôt bien accepté par la population : tout le monde est fiché. Que ce soit à un distributeur automatique, au restaurant ou à l'entrée d'un magasin, la plupart des Chinois doivent scanner leur visage (avec un smartphone ou autre) plusieurs fois par jour. Grâce à cette base de données immense, les caméras placées partout en ville sont capables d'identifier une personne très précisément, même au milieu d'une large foule.
Certaines caméras chinoises peuvent aller encore plus loin. Grâce au développement de l'IA, il existe à présent des algorithmes capables de reconnaître une personne sans voir son visage. Surentrainées, les IA peuvent savoir qui vous êtes simplement en analysant votre démarche. Mieux (ou pire, selon le point de vue), un peu comme dans Minority Report, la Chine utilise ses caméras pour... prévenir la criminalité. Un changement brutal de température corporelle détecté par une caméra thermique peut être un signe. Ces mêmes caméras thermiques ont été utilisées pendant la crise sanitaire pour repérer les malades.