La panique d'Elon Musk à propos des IA

Elon Musk et plusieurs experts sont récemment montés au créneau contre les IA . Dans une lettre ouverte incendiaire, le sulfureux patron et ses acolytes, parmi lesquels on retrouve le co-fondateur d'Apple et le co-fondateur de Skype, ont été clairs : « Nous demandons à tous les laboratoires d'IA de suspendre immédiatement la formation des systèmes d'IA plus puissants que GPT-4 pendant au moins 6 mois. »

Cette citation a été largement reprise à travers les médias du monde entier, mais sachez qu'elle n'est pas la seule à être particulièrement notable : l'intégralité de la lettre est sur le même ton. On y parle de "propagation des fake news" et même de "perte de contrôle de la civilisation". Rien que ça.

Cette lettre ouverte à charge contre l’IA intervient dans un contexte particulier. De manière générale, l'IA connait un buzz énorme depuis quelque temps. Nous pouvons vous le dire en tant que journalistes high tech : il ne se passe pas une journée sans que ChatGPT et ses amis robots fassent la une. Le 27 mars dernier, la police européenne a averti que les réseaux criminels peuvent utiliser ces types d'outils à leur avantage.

L'intelligence artificielle fascine tout autant qu'elle effraie. Elle pose des questions en matière de protection des données, de dérégulation du marché de l'emploi, d'économie, de cybersécurité, de droits d'auteur, de fiabilité de l'information... la liste est non exhaustive. Une petite révolution de l'ampleur de l'arrivée d'internet est en train de se produire : tôt ou tard, il n'y aura pas le choix, il va falloir légiférer.

Même s'il y a beaucoup de raisons d'avoir peur du développement effréné des intelligences artificielles, le coup de gueule d'Elon Musk vis-à-vis de l'IA peuvent aussi s'expliquer en analysant les affects du milliardaire. Le patron de Tesla est l'un des co-fondateurs d'Open AI, l'entreprise derrière Chat GPT. En 2015, alors que l'IA avait bien moins la cote, Elon Musk voulait poser 1 milliard dans le projet. Son objectif : diriger OpenAI. Les autres membres de l'entreprise ont refusé la proposition du PDG de Tesla. Frustré, Musk s'est alors retiré.

Bill Gates répond à Elon Musk : un conflit sur l'intelligence artificielle

Bill Gates s'était déjà exprimé à propos de l'IA le 22 mars 2023. Dans une note de blog nommée « L'ère de l'IA a commencé », le fondateur de Microsoft prenait acte de la révolution en cours. Pour Bill Gates, les IA pourraient résoudre les problèmes et les inégalités les plus violents de notre planète. Béat d'admiration, le philanthrope ne se voilait pas la face vis-à-vis des dangers : « pour tirer le meilleur parti de cette technologie nouvelle et extraordinaire, nous devrons nous protéger des risques et étendre ses bénéfices au plus grand nombre. ».

Début avril 2023, Bill Gates a été questionné à propos de la lettre ouverte d'Elon Musk et ses confrères par nos confrères de chez Reuters. Vous vous en doutez, pour Gates, stopper les développements de l'IA n'est pas la bonne voie à suivre. Pour lui, demander une pause des systèmes de formation à l'IA est absurde : cela serait presque impossible à appliquer et cela ne résoudrait pas les problèmes adressés dans la lettre ouverte.

Là encore, on peut très rationnellement expliquer la position du milliardaire en analysant d'où il s'exprime. Bien qu'il se soit aujourd'hui éloigné de Microsoft, Bill Gates en reste le fondateur : il reste intimement lié à son ex-entreprise dont il détient encore des actions. Alors que Musk s'est retiré d'Open AI, Microsoft, à l'inverse, a énormément investi chez les papas et mamans de Chat GPT. On parle de plus de 10 milliards de dollars.

Mieux : les modèles de langage les plus avancés du moment ont tous été entraînés sur les supercalculateurs d'Azure, la puissante infrastructure cloud... de Microsoft. Enfin, ChatGPT et Bing Chat fonctionnent dans un réseau de 60 centres de données à Redmond, juste à côté du QG de... Microsoft.

Le clash entre les deux milliardaires stars du monde de la tech s'explique finalement assez bien. Elon Musk est passé à côté de la révolution de l'IA alors que Bill Gates a tout à y gagner.