Le futur de l’industrie automobile semble se diriger inéluctablement vers le 100% électrique, mais depuis peu, tout le monde s’agace des mesures de l'Union européenne. Hydrogène, hybridation et carburant de synthèse, les constructeurs ne sont pas tous sur la même longueur d’onde.
Le visage automobile de l’Europe va changer et ça ne plait pas à tout le monde
L'Europe a fait un choix fort : elle veut imposer la voiture électrique. Mais depuis quelque temps, nous avons appris quelque chose d'encore plus clair : tout le monde monte au créneau contre les mesures de l'Union européenne. Défenseurs des carburants de synthèse, des moteurs thermiques, de l'hybridation, des voitures électriques... l'Europe est devenue un espace de reproches envers une seule et même cible : l'UE. L’un des derniers à avoir réfléchi à haute voix à l’avenir de l'industrie automobile européenne a été le PDG d'Iveco. Gerrit Marx a répondu à certaines questions de Bloomberg par des déclarations très fortes à l’encontre de l’instance européenne.
Si vous avez une Ferrari ou si vous conduisez votre Porsche Turbo une fois par week-end, peu importe si cela vous coûte 5€ ou 8€ le litre, ce n'est pas le carburant du futur (en parlant de l’e-carburant). Gerrit Marx
Dans cette interview, le PDG du constructeur italien s’est opposé à l'approbation des carburants synthétiques comme mesure pour maintenir les moteurs à combustion en vie après 2035. Pour lui, l’e-carburant est une solution « champagne » de plan carbone de l’UE. Dans les grandes lignes, Gerrit Marx fait les mêmes revendications que les autres acteurs de l'industrie, et ce, même si Porsche prétend être en mesure de produire des carburants synthétiques neutres en carbone à 2$/litre. Il faut également tenir compte du fait que, d'ici 2035, les réglementations successives sur les émissions auront conduit les constructeurs vers un avenir où les véhicules équipés de moteurs à combustion sont une espèce en voie de disparition, réservée aux classes les plus aisées.
La voiture électrique n’est pas une solution et l’e-carburant non plus
Mais pour Gerrit Marx, la solution n’est pas non plus la voiture électrique, puisque ces véhicules restent encore beaucoup trop chers pour la majeure partie des gens. Selon lui, ce problème met aussi en exergue la « cubanisation » que la flotte européenne est en train de connaître, puisque les conducteurs ont de plus en plus tendance à garder leur véhicule longtemps, à défaut de pouvoir en acheter un neuf. Dans le même sens, le PDG de Renault, Luca de Meo, a également assuré qu’il ne croyait pas au développement d’un nouveau moteur à combustion (susceptible de pouvoir traiter l’e-carburant).
Tous les fournisseurs de rang 1 (ceux qui fournissent des composants directement aux fabricants) se désengagent complètement d'investir dans les moteurs à combustion. Luca de Meo
Mais, à côté de ça, Luca de Meo s'est également opposé à la direction que prend l'approbation de la future réglementation sur les émissions Euro 7, et indique que cette nouvelle réglementation est contre-productive. Dans tout ce gâchis, il y a quand même un pays qui survole les autres. En effet, la Chine contrôle les matières premières et un grand nombre de chaînes d'approvisionnement. Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, ne cessent d’ailleurs de répéter que les constructeurs chinois peuvent dévorer le marché européen si les instances de notre continent ne prennent pas les mesures appropriées. Carburants de synthèse autorisés, moteurs à combustion interdits ou voitures électriques privilégiées, il semble qu'une seule chose soit claire de la part de l'industrie automobile : l'Union européenne est l’ennemi public numéro 1.