On parle depuis des jours de la guerre que mène l’Occident à l’encontre de la Chine. Mais c’est à son tour de contre-attaquer l’un des plus gros fabricants de puces de mémoire aux USA. Un coup qui pourrait faire mal.
La Chine et les USA mènent une guerre technologique sans précédent
L’entente entre les USA et la Chine est à son plus bas depuis des années. Une guerre diplomatique et technologique se joue et difficile de voir la fin du conflit. D’un côté les USA font tout pour handicaper la Chine et les empêcher d'accéder à des technologies de pointe. De l'autre, la Chine s’allie à d’autres puissances pour contre-attaquer et surtout bloquer des entreprises américaines comme ce qui a pu se passer avec Huawei.
Au final Huawei se relève et la Chine ne se laisse pas faire. Les Pays-Bas qui refusent de fournir les machines que seuls eux ont pour fabriquer des puces extrêmement fines sont encore un très gros coup dur. La Chine cherche ainsi à avoir son indépendance aussi sur les machines de fabrications. C’est actuellement leur enjeu principal, mais l’avance qu’a prise ASML est colossale et cela risque de prendre du temps.
Ainsi, s'ils ne peuvent pas, pour le moment, se défendre, alors ils doivent attaquer. C’est exactement ce qui vient de se passer. Comme pour le blocage de Huawei par une partie du monde, la Chine s'apprête à faire la même chose.
Le plus gros fabricant de puces de mémoire américaine dans le collimateur chinois
L' Administration du cyberespace de Chine vient tout juste d’annoncer l’ouverture d’une enquête à l’encontre de Micron. Il s’agit du plus gros fabricant de puces mémoires aux États-Unis. Cela se justifie par le fait de vouloir “sauvegarder la sécurité de la chaîne d'approvisionnement de l'infrastructure d'information clé et de prévenir les risques de sécurité du cyberespace dus à des produits problématiques.”
En d’autres termes, le gouvernement chinois suspecte Micron de vouloir entraver l'avancée technologique de la Chine. Au point même d’avoir fait en sorte de pénaliser des entreprises concurrentes en Chine pour gagner un avantage. Une sorte de cheval de trois au sein même du pays.
Mais au-delà de cette potentielle interdiction de Micron, qui coûterait certes très cher, c’est surtout un signal fort qui est envoyé à d’autres pays. On peut ainsi nommer le Japon et la Corée du Sud qui ont tous deux rejoint l’alliance menée par les États-Unis, Chip 4. Cela sous-entend qu’il faut qu’ils fassent attention à leurs entreprises, comme Samsung qui fabrique grandement en Chine.
La Chine frappe au bon moment
Micron serait d’ailleurs, selon le gouvernement chinois, à l’origine de cette alliance historique. Des informations dans le journal South China Morning Post parlent d’un budget lobbying accru à la suite de l'élection de Joe Biden. Dans le même temps, ils auraient reçu un financement de 52 milliards de dollars pour revenir sur le territoire étasunien. Ce qui a mené à la fermeture fin 2022 du centre de conception de puce de Shanghai. Une relocalisation qui n’a là rien d'étonnant. Les USA veulent aussi redevenir souverain de leur production nationale.
Sauf que la Chine frappe au meilleur moment contre Micron. Les résultats de l'entreprise sont au plus bas à cause de la violente baisse des prix de la 3D NAND que nous avons détaillé dans deux précédents articles dédiés à la fois aux SSD et à la mémoire RAM . La Chine représente 10% du chiffre d'affaires de Micron et cela pourrait leur coûter très cher.
La première étape, si la Chine se rend compte à la suite de son enquête que Micron a fauté, serait une amende. Si aucun changement n’est opéré, cela pourrait aller jusqu’à une interdiction de territoire. Micron, de son côté, assure coopérer et donner toutes les informations nécessaires au régulateur chinois.
La guerre est donc loin d’être terminée et chaque pays joue avec ses propres armes commerciales et diplomatiques pour prendre l’avantage sur le marché tant convoité des puces.