Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Lemaire, a récemment expliqué avoir testé ChatGPT. L’homme politique considère que cette avancée technologique est « assez fascinante » et qu’elle lui a permis de gagner du temps lors de son utilisation.
Qu’on apprécie ou que l’on s’inquiète de l’avancée rapide de l’évolution des intelligences artificielles, difficile de nier qu’il s’agit d’une révolution qui se met en marche. ChatGPT, le chatbot d’OpenAI, est l’un des fers de lance de cette évolution technologique. Tout de monde ou presque a tenté au moins une fois l’expérience et, dans ce contexte, il n’est pas étonnant que ce soit aussi le cas des hommes politiques.
Interrogé par Mélanie Taravant dans l’émission Cmédiatique, Bruno Lemaire, l’actuel ministre de l’Économie, a expliqué avoir testé ChatGPT pour écrire un discours, et il a été bluffé par le résultat.
Un résultat « bien structuré » en cinq minutes
Avant de devenir ministre, Bruno Lemaire a longtemps écrit des discours pour d’autres hommes politiques. Il a notamment été « Speech writer » pour Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Il connaît donc le travail qui consiste à rédiger ce genre de document et ce n’est pas un hasard s’il a choisi d’expérimenter cet exercice avec ChatGPT.
« J’ai testé, j’ai regardé : faites-moi un discours sur la Chine de Xi Jinping en 2023. Et j’ai eu un discours assez intelligent, bien structuré en exactement cinq minutes, là où il y a vingt ans, il m’aurait fallu trois ou quatre heures pour faire ce discours », explique-t-il durant l’émission.
🗣️Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, a testé #ChatGPT et voilà ce que ça donne ⬇️🤫@BrunoLeMaire, le ministre de l’Economie, dans #Cmédiatique avec @melanietaravant
— CMédiatique (@cmediatique) April 2, 2023
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Tout comme des milliers de personnes qui ont pris l’habitude de déléguer certaines tâches quotidiennes à l’intelligence artificielle d’OpenAI, Bruno Lemaire concède que son utilisation peut faire gagner du temps. Cependant, cette expérience soulève tout de même pour lui tout un lot de questions concernant l’usage d’un tel système.
« Beaucoup de difficultés éthiques »
Le ministre de l’Économie et des Finances estime, en effet, qu’une telle technologie « pose beaucoup de difficultés éthiques » et qu’il ne faut pas prendre son utilisation à la légère. « Je pense qu’il faut engager très rapidement une réflexion sur la meilleure régulation possible de ChatGPT qui doit être menée au niveau national et au niveau européen », explique-t-il. Il s’interroge également sur la « provenance des données » qui servent à sourcer et à enrichir les contenus rédigés par l’intelligence artificielle.
Il est vrai qu’aujourd’hui, ChatGPT se sert allègrement sur Internet pour se sourcer et imiter différents styles rédactionnels. Cela pose forcément question concernant les droits d’auteurs et la rémunération des sources qui est, aujourd’hui, inexistante.
Le politique pousse sa réflexion au-delà de ChatGPT pour évoquer les IA visuelles, comme Midjourney. Pour lui, les montages photoréalistes sont problématiques. Si aujourd’hui, beaucoup s’en amusent, « ça sera beaucoup moins drôle lorsque vous aurez un personnage politique à qui on fera tenir des propos raciste ou homophobe, sans préciser que c’est un montage », déplore-t-il.
Cependant, Bruno Lemaire ne se positionne pas de manière radicale contre ChatGPT et consorts : pour lui, il n’est pas question d’en bloquer l’utilisation en France, à l’image de ce qu’a décidé de faire l’Italie. Il estime plutôt qu’il faut réfléchir à l’évolution des IA et l’accompagner du mieux possible, idéalement en poussant les entreprises et organismes français dans cette direction. « Nous avons en France des chercheurs, le CNRS, le CEA, un certain nombre de startups qui sont extraordinairement performantes dans ce domaine-là », estime-t-il. « Comment est-ce que l’on fait pour accélérer leur développement, ça c’est un autre sujet qui me tient à cœur. »