L’entreprise américaine Google connaît un douloureux revers dans une affaire d’antitrust aux États-Unis. Un juge accuse la firme de Mountain View d’avoir intentionnellement effacé des historiques de discussions pour empêcher la justice de mettre la main dessus.
Actuellement poursuivi par la justice américaine pour une affaire de monopole concernant la manière dont elle tente de contrôler le marché de la publicité, notamment au sein d’Android, l’entreprise Google est en bien mauvaise posture après un nouveau rebondissement survenu cette semaine.
Selon le juge Donato, en charge d’instruire l’affaire, les hauts responsables de Google auraient délibérément configuré les systèmes de chats de l’entreprise pour supprimer automatiquement les discussions entre les employés dans un délai de 24 heures. Un choix stratégique, destiné à ne pas garder la preuve d’échanges évoquant des accords de partage de revenus, jugés anticoncurrentiels. Une accusation très grave.
Google nie les accusations
« Lors de la découverte dans cette affaire de litige multidistrict (MDL), les plaignants ont obtenu des informations indiquant que Google ne préservait pas de manière adéquate les communications échangées en interne sur son système de messagerie Chat. Les plaignants disent que cette démarche était intentionnelle et les a privés de preuves matérielles », explique le document de justice publié cette semaine, et relayé par Reuters.
Google se défend en déclarant que ça n’a jamais été son intention de supprimer des preuves. « En cas de litige, Google demande aux employés en attente légale de ne pas utiliser d’applications de messagerie comme Google Chat pour discuter des sujets en cause dans le litige et, s’ils le doivent, de basculer leurs paramètres sur “historique activé” pour les chats concernant les sujets à question dans le litige, afin que ces messages soient préservés ». Mais pour la justice américaine, Google aurait dû désactiver la suppression automatique par défaut, puisque le simple fait que cela soit possible constituait un risque que des échanges stratégiques soient supprimés.
Par ailleurs, il apparaît que la firme de Mountain View a « faussement assuré à la Cour dans une déclaration de gestion de l’affaire en octobre 2020 qu’elle avait “pris les mesures appropriées pour préserver toutes les preuves pertinentes aux questions raisonnablement évidentes dans cette action”, sans dire un mot sur Chats ou sa décision de ne pas suspendre le Suppression par défaut de 24 heures. »
Un mensonge qui pourrait lui coûter très cher à Google
Alors que l’affaire est encore en cours aux États-Unis, le juge Donato a d’ores et déjà décidé de sanctionner Google en ce qui concerne la suppression des historiques de discussions. Il a ordonné à l’entreprise de payer les frais engagés par les plaignants sur ce point précis. Cependant, le magistrat a également déclaré qu’il ne souhaitait pas que toute l’affaire repose uniquement sur cette affaire de suppression de chats.
De son côté, Google s’est fendu d’une déclaration qui laisse entendre que l’entreprise n’a rien à se reprocher : « Nos équipes ont travaillé consciencieusement, pendant des années, pour répondre aux demandes de découverte d’Epic et des AG de l’État et nous avons produit plus de trois millions de documents, dont des milliers de chats. Nous continuerons de montrer au tribunal comment le choix, la sécurité et l’ouverture sont intégrés à Android et Google Play. »
Cette affaire d’antitrust provoque des remous importants aux États-Unis, où les problématiques autour de la domination du marché par une poignée d’entreprises posent de sérieuses questions. En janvier dernier, le gouverneur de Floride Ron DeSantis avait même déclaré que, selon lui, « Les entreprises comme Google devaient être démantelées », car elles auraient « une influence très négative » sur la société.