Binance au cœur de la tourmente

Considérée comme la plus grande crypto bourse au monde, Binance avait jusque-là été plus ou moins épargnée lors des dramas du marché des cryptomonnaies en 2022. Seulement, un nouvel événement est venu porter un coup de massue à la plateforme lundi dernier.

En ce début de semaine, l'autorité américaine de régulation des produits financiers dérivés (la CFTC) a déposé une plainte à l’encontre de Binance et de son célèbre PDG Changpeng Zhao, dit CZ.

Le gendarme financier américain estime que la plateforme de cryptomonnaies serait à l’origine de plusieurs violations des réglementations établis par la Commodity Exchange Act (CEA) et la CFTC. Plusieurs accusations graves sont à la source de cette procédure, telles que :

• Des transferts de fonds entre les différentes entités de Binance
• L’incitation au contournement de la vérification d’identité pour acheter des cryptomonnaies (KYC)
• Des suspicions de blanchiment d’argent dans des « activités illégales », tel que le terrorisme

Au-delà de ses plaintes, le patron de la plateforme, Changpeng Zhao fait aussi l’objet d’accusations. Très impliqués dans Binance, et le secteur crypto en général, il est reproché à CZ d’avoir profité de son statut. La plainte mentionne d’ailleurs que le patron est le "propriétaire direct ou indirect d'environ 300 comptes Binance utilisés à des fins de trading pour compte propre sur la plateforme de trading de Binance".

Si ces différentes accusations sont avérées, Binance pourrait alors être interdit d’exercer son activité au sein du territoire des Etats-Unis. Une très mauvaise nouvelle pour la plateforme puisque la clientèle américaine avait rapporté 14 milliards de dollars de revenus à la plateforme en mars 2022.

En outre, ce nouvel événement pourrait infliger un énième coup dur au Bitcoin et au marché des cryptomonnaies.

Des turbulences à venir dans l’écosystème Crypto ?

Dans la foulée, le patron de Binance a réfuté ces accusations :

"La CFTC a déposé une plainte civile inattendue et décevante, malgré notre collaboration avec la CFTC depuis plus de deux ans. Après un examen initial, la plainte semble contenir un exposé incomplet des faits, et nous ne sommes pas d’accord avec la caractérisation de bon nombre des problèmes allégués dans la plainte", explique CZ.

Pour appuyer ses propos, le patron de Binance pointe le manque de clarté et des confusions entre les régulateurs américains :

"Ce qui est encore plus fascinant, c’est qu’ils ont étiqueté BTC, ETH, LTC et au moins deux stablecoins adossés à du fiat, USDT et BUSD, et d’autres monnaies virtuelles comme ‘marchandises’. Ce qui est en désaccord direct avec la SEC et montre la confusion causée par le manque de réglementation claire aux États-Unis “ insiste-t-il.

La société semble d’ailleurs déterminée à prouver sa bonne foi à l’aide de ses quelques 750 salariés dont la mission est de veiller au respect de lois et aux réglementations sur les territoires dans lesquels Binance fourni ces services.

Toutefois, en attendant d’éclaircir les différents aspects de cette plainte, celle-ci pourrait générer une énième méfiance chez les utilisateurs – à la manière de l’effondrement de la plateforme FTX en novembre 2022.

La crise de confiance se fait d’ailleurs ressentir puisque la plateforme a déjà subi des retraits massifs de la part d’utilisateurs. Comme le rapporte le média Cointelegraph, 3 400 bitcoins ont quitté Binance dans les 24 heures qui ont suivi le dépôt de plainte. Avec un prix unitaire de 26 142 €, cela représente environ 88 millions d’euros. Une tendance peu rassurante qui se répercute sur d'autres exchanges tels que Kraken, Coinbase ou encore Bitfinex.

Rappelons que les initiatives de la sorte sont régulière envers les entreprises cryptos. Depuis ce début d'année, certains médias évoquent même une "chasse aux irrégularités" par le gendarme financier américain (la SEC).