Depuis trois semaines, l'Allemagne tente le tout pour le tout afin de faire plier la Commission européenne sur l’interdiction des voitures thermiques. Bruxelles semble aller dans le sens de Berlin afin d’encourager les futurs e-carburants.
Adieu les voitures à essence, mais pas toute les thermiques
Déjà il faut comprendre de quoi nous parlons. Un texte de loi européen prévoit d'interdire la commercialisation de voitures thermiques après 2035. Laissant ainsi la voie au développement accéléré des voitures électriques.
C’est un véritable retournement de situation dans cette affaire. Malgré un vote du Parlement et du Conseil européen, Berlin a vivement critiqué le texte de loi. Ce qui a évidemment déclenché de nombreuses protestations. Lors d’un sommet européen jeudi et vendredi dernier, Emmanuel Macron et Olaf Scholz, le chancelier allemand, se sont rencontrés pour discuter de ce fameux texte.
We have found an agreement with Germany on the future use of efuels in cars.
— Frans Timmermans (@F__Timmermans) March 25, 2023
We will work now on getting the CO2-standards for cars regulation adopted as soon as possible, and the Commission will follow-up swiftly with the necessary legal steps to implement recital 11.
Nous avons trouvé un accord avec l'Allemagne sur l'utilisation future des e-carburants dans les voitures.
Le chancelier pensait ainsi pouvoir à la fois réunir les détracteurs de ce texte de loi au sein de son pays et les écologistes. Mais au final personne n’y trouve son compte. Même si cela semble brutal d’interdire tout véhicule thermique après 2035.
Pourquoi le débat autour des carburants alternatifs ?
Ce que l’on appelle les e-fuel, sont des carburants décarbonés qui rejettent autant de CO2 qu’ils en ont consommé à leur production. En d’autres termes, ils sont neutres et n’ont pas d’impact sur l’environnement. Ils ont l'avantage de pouvoir être utilisés sur les véhicules actuels et de ne pas empirer la situation climatique actuelle. Mais en même temps, il ne résout pas les émissions de gaz à effet de serre.
Mais pour certains experts, certes il s’agit d’un moindre mal, mais cela pousse moins les constructeurs à passer à l'électrique. Même si cela part du principe que l'électrique est la solution miracle, ce qu’elle n’est pas non plus. Forcer les constructeurs auto à construire et développer de l'électrique d’ici 2035 pousses à l’innovation. Le risque est ainsi de se faire manger technologiquement par la Chine et les États-Unis qui poussent fort vers cette énergie.
Car au final cela laisse la porte ouverte à pouvoir, prendre plus son temps pour que toutes les voitures deviennent électriques. Surtout que le but d’obliger les voitures électriques est de devenir souverain de notre industrie européenne. Mais la réalité est que l’Europe ne produit quasiment rien en matière de matière première pour faire des véhicules électriques. Il s’agit déjà de cet aspect à prendre en compte.
La loi🇪🇺 selon laquelle 100% des voitures vendues après 2035 devront être zéro émissions sera votée inchangée y compris par 🇩🇪 mardi prochain. Les règles sont claires. Le parlement 🇪🇺se prononcera en temps voulu sur les futures propositions de la Commission sur les e fuels. https://t.co/1tgDxHO1jL
— Pascal Canfin (@pcanfin) March 25, 2023
Finalement, Pascal Canfin, le président de la commission Environnement du Parlement européen assure que le texte n’a pas changé. Donc pour lui après 2035 il n’y aura pas de véhicules thermiques, quel que soit leur carburant.
Mais tout cela va encore prendre du temps pour se mettre en place. Beaucoup espèrent que le processus législatif soit conclu d’ici à l’automne 2024. Il y a donc encore beaucoup de débats et de rebondissements à venir dans le projet le plus ambitieux pour l’environnement de l’histoire de l’Union européenne.