Les choses commencent à se décanter à propos du rachat d'Activision Blizzard King par Microsoft. L'Union Européenne serait prête à valider le rachat tout en exigeant que certains engagements vis-à-vis du Cloud soient pris, et la CMA a publié un avis provisoire qui met de côté les inquiétudes liées au bon fonctionnement de la concurrence.
L'Europe et le Royaume-Uni pour le moment favorable, les Etats-Unis attendent
Aux Etats-Unis, la situation reste tendue, avec un procès attendu au tribunal administratif en août. Il est cependant possible que la Federal Trade Commission revoie sa position si la CMA et l'Union Européenne, dont les verdicts sont respectivement attendus le 26 avril et le 22 mai, valident le rachat. Quoi qu'il en soit, aucune décision n'a été prise pour le moment, et seuls quelques pays (Brésil, Arabie Saoudite) ont validé l'opération.
Les choses semblent bien parties, mais tout peut encore changer, quand bien même les observateurs estiment que la FTC a toutes les chances de perdre son procès si elle va au bout. Malgré tout, on le sait, ce rachat historique par son coût est vu comme une situation à gérer du mieux possible par la FTC, qui a décidé de serrer la vis après de nombreuses années à voir son autorité remise en question. Le sujet est tel que de nombreuses personnalités politiques se sont retrouvées liées à ce projet de rachat.
Une sénatrice américaine s'en prend au "laxisme" du Japon sur les pratiques de Sony
Très récemment, c'est Maria Cantwell, sénatrice démocrate américaine de l'Etat de Washington, qui s'est intéressée au sujet, sous un angle assez rare. En effet, là où nombre de régulateurs, observateurs, analystes et opposants observent les conséquences d'un tel rachat, Maria Cantwell s'en est indirectement pris à Sony et à ses arguments en mettant la pression sur le gouvernement japonais au sujet de possibles pratiques anti-concurrentielles dans l'archipel. Au cours d'une audition du comité sénatorial des finances sur l'agenda 2023, elle a déclaré :
On m'a dit que Sony contrôle un monopole de 98 % du marché des jeux haut de gamme, mais le gouvernement japonais a autorisé Sony à se livrer à une conduite anticoncurrentielle flagrante par le biais d'accords exclusifs et de paiements aux éditeurs de jeux, créant des jeux parmi les plus populaires au Japon.
Elle fait sans doute référence à l'exclusivité de Final Fantasy XVI, attendu sur PS5 le 22 juin prochain. Cependant, cette idée du 98% de parts de marché au Japon est à prendre à du recul, car elle a été retenue par la FTC dans le cadre d'une opposition directe entre Sony et Microsoft, et que la firme de Redmond a toutes les peines du monde à pénétrer le marché japonais. Elle exclut donc Nintendo, les jeux mobile et le PC, et ne represente pas un pourcentage absolu.
Le Sénat américain s'en mêle, mais attention
Maria Cantwell accuse donc les autorités japonaises de ne pas avoir enquêté sur les pratiques de Sony, et a demandé un éclaircissement à Katherine Tai, représentante du Commerce. Le sujet est nouveau pour elle, mais elle indique qu'elle est ravie de travailler sur ce nouveau sujet, et que des discussions sont actuellement en cours entre les deux gouvernements à propos de l'économie numérique. On peut donc penser que le sujet n'est pas tout à fait maîtrisé par la classe politique, mais ces déclarations révèlent une chose : le rachat d'Activision Blizzard King fait réagir bien au-delà de l'industrie et des régulateurs.
Le sujet semble dépasser le cadre économique pour devenir diplomatique. Pas sûr que cette attaque directe à l'encontre des régulateurs japonais sur la base de statistiques très orientées favorise les discussions. Dans son article sur le sujet, Kotaku précise que Maria Cantwell a, au cours de sa carrière, reçu de nombreux financements de campagne de la part de Microsoft (526 943 dollars entre 1991 et 2022). Affaire à suivre.