Si elle est devenue un argument de vente pour les smartphones de toutes les gammes ces dernières années, la charge rapide des terminaux mobiles pose de vraies questions. Et ce n’est pas forcément au bénéficie des consommateurs.
La charge rapide est devenue une caractéristique incontournable des smartphones d’aujourd’hui. Elle permet de recharger rapidement la batterie du téléphone, ce qui représente un confort évident au quotidien : avec un smartphone capable de supporter une charge rapide de 80W, 100W, 240W ou même 300W récemment chez Xiaomi, un terminal mobile peut passer de 0 à 100% de batterie en seulement quelques minutes.
Mais à grand pouvoir de chargement, grande responsabilité. Car si la charge rapide est un argument de vente pour de nombreux smartphones dès le milieu de gamme, le fait que cette caractéristique soit devenue essentielle dans les fiches techniques des mobiles n’est pas sans conséquence. Et cela pose quelques problèmes.
La charge rapide n’est pas un protocole unique
Le principal problème lié à la charge rapide vient du fait qu’elle ne bénéficie pas d’un protocole unifié. À l’heure actuelle, chaque constructeur de smartphones développe son propre système de charge rapide : VOOC et Super VOOC chez OPPO, Super Dart et Ultra Dart chez Realme, Super Charge chez Huawei, TurboPower chez Motorola, Quick Charge 2.0 chez Qualcomm, Pump Express chez MediaTek, Hypercharge chez Xiaomi ou encore Adaptative Charge chez Samsung, tout le monde interprète la charge rapide à sa sauce.
Cela signifie que si vous avez deux smartphones chez vous de marques différentes qui sont compatibles avec une charge rapide à 120W, vous ne pourrez sans doute pas utiliser un seul chargeur secteur pour bénéficier de cet avantage sur les deux appareils. Il vous faudra un chargeur de chaque marque. Or, aujourd’hui, les chargeurs secteurs se font de plus en plus rares au sein des boîtes de smartphones : il faut donc acheter l’accessoire à part. Bonjour le casse-tête. Et cela ne se limite pas forcément au chargeur lui-même : parfois, même le câble doit être propriétaire, et cela même s’il s’agit de prime abord d’une connectique USB-C standard.
De quoi créer une réelle confusion dans l’esprit du consommateur, qui doit constamment passer à la caisse pour profiter de la charge rapide promise par le constructeur. Et ça, on ne le sait pas toujours lorsqu’on change de smartphone.
Même les smartphones avec le même protocole ne sont pas à égalité
La solution au problème semble être simple : utiliser un protocole unifié pour la charge rapide. Mais en pratique, ce n’est pas non plus évident. Le protocole USB Power Delivery pourrait être utilisé par les différents constructeurs : il propose de charger jusqu’à 140, 180 et 240 Watts grâce à des tensions fixes de 28, 36 et 48 Volts. En théorie, utiliser un chargeur Power Delivery à la place du chargeur d’une marque spécifique devrait donc permettre de profiter d’une charge décente.
Mais en pratique, même si vous possédez un chargeur USB Power Delivery de 120W et que votre smartphone est compatible avec une charge rapide 120W, cela ne signifie pas que vous bénéficierez d’une charge à 120 W. Pourquoi ? Parce que de nombreux smartphones et chargeurs vendus aujourd’hui prennent en charge le PPS (Programmable Power Supply).
La technologie PPS permet aux fabricants de chargeurs de modifier la quantité d’énergie qui est envoyée à un téléphone de manière plus précise et efficace, ce qui réduit la chaleur produite pendant le chargement. De la même manière, Power Delivery permet également cette flexibilité de charge, ce qui permet aux fabricants de limiter les niveaux de puissance maximale, même avec un chargeur compatible, sauf si l’on utilise le chargeur spécifique de la marque.
En d’autres termes, même avec un chargeur « universel » censé pouvoir remplacer ceux des fabricants, des limitations existent, ce qui tend à prouver qu’un protocole unifié n’est pas d’actualité. La présence de l’USB-C dans tous les cas s’avère trompeuse puisqu’en définitive, ce sont les constructeurs qui gardent le contrôle… Et c’est un mauvais point en faveur d’une charge rapide réellement accessible à tous.