Depuis bien longtemps, la Chine s'impose comme le centre de gravité de l'industrie des puces électroniques. Bien décidés, les États-Unis et ses alliés occidentaux combattent cette hégémonie de toutes leurs forces. Aujourd'hui, les américains viennent de trouver 2 nouveaux partenaires de premier ordre dans sa bataille contre l'industrie chinoise : le Japon et la Corée du Sud. On vous explique tout ça.
source de l'image : ASML
La guerre commerciale des États-Unis contre l'industrie chinoise des semi-conducteurs
En ce moment, le marché des semi-conducteurs bouillonne. Ces concentrés de high tech de la taille d'un grain de sable sont des pièces essentielles de l'industrie d'aujourd'hui et de demain. Votre smartphone, votre PC, votre console de jeu, votre voiture électrique... les semi-conducteurs sont partout autour de vous.
Une puissance industrielle écrase toutes les autres sur le marché des semi-conducteurs : la Chine. Vous connaissez sûrement déjà la grande rivalité politique entre la Chine et les États-Unis. Sachez que les tensions entre ces deux géants se matérialisent de façon très concrète sur plusieurs secteurs industriels. En ce moment, les États-Unis s'attaquent sérieusement à la domination chinoise du marché des semi-conducteurs.
Dans sa croisade, le pays de l'oncle Sam cherche des alliés... et il vient d'en trouver un de taille ! Il y a à peine une dizaine de jours, le gouvernement des Pays-Bas a approuvé de nouvelles sanctions visant à boycotter les entreprises chinoises en les empêchant, entre autres, d'acheter des équipements de lithographie dans l'ultraviolet profond (UVP), la deuxième machine ASML la plus sophistiquée. Nous vous en parlions en profondeur dans cet article.
Pour rappel, ASML est une grande entreprise néerlandaise, l'un des leaders mondiaux de la fabrication de machines de photolithographie pour l'industrie des semi-conducteurs. Priver les entreprises chinoises d'acheter des produits signés ASML est une véritable torpille pour la ligne de flottaison de l'industrie chinoise des semi-conducteurs.
La métaphore militaire n'est pas gratuite : l'objectif affiché de l'alliance occidentale dirigée par Joe Biden est de freiner le développement militaire de la Chine en mettant ses fabricants de puces dans les cordes. Le projet est ambitieux et les occidentaux ont bien conscience qu'ils n'arriveront à rien s'ils restent seuls. Pourquoi ? Tout simplement parce que certaines des boîtes les plus importantes du secteur des semi-conducteurs... sont asiatiques. Les États-Unis n'ont pas le choix : il va falloir pousser la recherche de partenaires par delà les frontières du Vieux Continent.
C'est maintenant chose faite. Le Japon et la Corée du Sud, assurément les 2 pays asiatiques les plus occidentalisés culturellement et commercialement, viennent de s'aligner sur la position américaine.
Mission : marginaliser la Chine et étouffer son industrie des puces grâce au Japon et à la Corée du Sud
Au-delà des Pays-Bas, de la Chine et des US dont nous avons déjà parlé, deux nations ont un rôle stratégique majeur sur le marché des circuit-intégrés : le Japon et l'Allemagne. Ces deux pays sont en mesure de bloquer l'expansion de n'importe quelle entreprise à eux seuls. Comment ?
L'Allemagne fournit à ASML, entre autres composants essentiels, l'optique ZEISS dont les équipements lithographiques les plus sophistiqués ont besoin. Quant au Japon, le pays contrôle Tokyo Electron et d'autres entreprises qui vendent des machines de lithographie aux entreprises chinoises. Bref, le rôle important du Japon dans l'industrie mondiale des semi-conducteurs ne fait aucun doute, mais quel est le celui de la Corée du Sud ?
La Corée du Sud héberge en son sein l'une des entreprises les plus puissantes du monde de la tech : Samsung. La firme de Séoul est en concurrence avec Intel pour s'imposer comme le deuxième plus grand fabricant de puces derrière TSMC. Selon Park Ki-Soon, un célèbre économiste sud-coréen, l'objectif de son pays serait de réussir à isoler la Chine de la chaîne mondiale des semi-conducteurs afin de laisser le champ libre au développement de Samsung et de "stabiliser le marché mondial des semi-conducteurs".
Yoon Suk-yeol, président de la Corée du Sud, est sur le point de rencontrer le gouvernement japonais. Le but de cette rencontre est de consolider les relations commerciales entre les deux puissances. Le président sud-coréen espère conclure des accords avec le Japon afin d'avoir accès en priorité aux matières premières, composants et équipements lithographiques dont ses fabricants de puces ont besoin pour enfin s'émanciper de la Chine.
Dans l'état actuel des choses, 20% de toutes les exportations de la Corée du Sud sont des semi-conducteurs et 60% de ces semi-conducteurs sont achetés par la Chine. Peu importe les intentions de ses dirigeants, le fait est que la Corée du Sud est économiquement hyper dépendante de la Chine.
Le marché des puces se trouve dans un état de tension inédit. Aujourd'hui, la Corée du Sud, le Japon et Taïwan sont tous du côté des États-Unis. La balle est maintenant dans le camp de la Chine. Affaire à suivre.
Via le South China Morning Post