Existe-t-il un feuilleton à succès plus passionnant dans l'industrie vidéoludique que celui du rachat d'Activision par Microsoft ? Cela fait un peu plus d'un an que le suspense dure, et la situation semble compliquée à débloquer, notamment parce que Sony ne croit pas en les promesses de son concurrent…
À moins de ne vraiment pas vous intéresser au jeu vidéo (et dans ce cas, nous sommes très surpris que vous nous lisiez !), vous avez forcément entendu parler de la tentative de rachat de Activision opérée par Microsoft depuis janvier 2022. Cette opération aussi historique que massive, estimée à près de 70 milliards de dollars, est un cas sans précédent dans l'histoire du jeu vidéo, et ne plaît clairement pas à Sony, son principal concurrent sur le marché. Si nous avons récemment pu constater qu'une série comme Call of Duty est au cœur de la bataille juridique opposant les deux géants de l'industrie, il se pourrait qu'une autre licence, toute neuve et n'étant même pas encore sortie officiellement, soit à l'origine de la grande méfiance du constructeur japonais vis-à-vis des intentions de son rival américain.
Sommaire
- Rachat d'Activision : plus d'un an que ça dure
- Le rachat de Bethesda par Microsoft, un précédent ?
- Starfield, le sujet qui fâche pour Sony
- Quand Sony conteste la bonne foi de Microsoft
Rachat d'Activision : plus d'un an que ça dure
Rassurez-vous, nous n'allons pas vous faire un résumé complet de la situation, sinon nous n'aurons jamais le temps d'évoquer l'actualité du jour. Nous pouvons cependant vous orienter vers l'article récent de Carnbee (mis à jour depuis) faisant un point sur la situation en mars 2023, à l'heure où nous écrivons ces lignes. Retenez surtout que, depuis l'annonce en janvier 2022 de la volonté de Microsoft de racheter Activision (ainsi que Blizzard Entertainment et King qui y sont associés), l'opération évolue difficilement, et que Sony ne la voit pas d'un bon œil, craignant notamment de perdre les joueurs de Call of Duty, extrêmement nombreux sur leurs consoles PlayStation. Pour suivre toute l'actualité de ce dossier brûlant dans les moindres détails, ainsi que l'évolution des événements, nous vous invitons à consulter nos articles sur le rachat d'Activision depuis le début des hostilités.
Le rachat de Bethesda par Microsoft, un précédent ?
Depuis quelques années maintenant, Microsoft frappe un grand coup sur le terrain des rachats. Bien avant d'annoncer sa volonté d'acquérir Activision - Blizzard - King, le constructeur américain s'était déjà offert l'éditeur Bethesda en achetant Zenimax dont les créateurs de Skyrim sont une filiale. C'est justement de ce côté que le problème est en train de poser : très inquiet quant à l'avenir de ses collaborations avec Activision, Sony pointe du doigt la façon dont les choses se passent avec Bethesda depuis que ce dernier a rejoint la "famille" Microsoft. Même si le constructeur japonais n'est pas décisionnaire face à un rachat conditionné à l'approbation d'organismes régulant ce type d'acquisition, il s'exprime régulièrement pour argumenter en sa défaveur, et il se trouve que l'exploitation des licences Bethesda par Microsoft fait partie des éléments que Sony compte utiliser pour freiner l'opération.
Starfield, le sujet qui fâche pour Sony
Si les licences majeures de l'éditeur américain, comme DOOM, Fallout ou The Elder Scrolls sont bien toujours disponibles sur consoles PlayStation, c'est du côté de la future nouvelle exclusivité (temporaire ?) du côté des plates-formes Microsoft que se situe le problème aux yeux de Sony : le très attendu Starfield, nouveau titre d'une licence inédite conçue par les créateurs de Skyrim, fut annoncé à l'E3 2018 bien avant le rachat de Bethesda… mais il ne sortira, en tout cas pour le moment, que sur PC et Xbox Series, comme les autres exclusivités des studios Microsoft. S'il n'est plus prévu sur ancienne génération (ni sur PlayStation 4 mais même pas surXbox One, le RPG très attendu de Bethesda, reporté récemment au 6 septembre 2023, ne sortira pas sur PlayStation 5, et cela provoque la colère de Sony. En effet, bien que Phil Spencer ait déclaré que les sorties multi-support étaient toujours envisagées, il semble que Microsoft ait en quelque sorte fait volte-face avec Starfield.
Quand Sony conteste la bonne foi de Microsoft
À l'instar de Redfall, autre titre édité par Bethesda (mais prévu depuis son annonce pour être exclusif Xbox Series sur consoles), Starfield ne sortira en effet par sur PS5, en tout cas pour le moment, et on peut imaginer qu'il en soit de même ultérieurement pour The Elder Scrolls VI, annoncé également à l'E3 2018 et qui se destine de toute évidence aux consoles de nouvelle génération, et sans doute en priorité sur Xbox Series. Phil Spencer avait en effet déclaré que l'objectif derrière le rachat de Bethesda était de "proposer de grands jeux exclusifs sur les plates-formes où le Game Pass existe" (sic). C'est là qu'intervient la contestation de Sony auprès du CMA (Competitions and Markets Authority) concernant le rachat d'Activision : le constructeur japonais estime que Microsoft n'a pas tenu ses engagements concernant la publication des jeux Bethesda sur toutes les plates-fomes :
Bien qu'il ne s'agisse pas d'une violation d'un engagement comportemental, la conduite de Microsoft dans le cadre de l'acquisition de ZeniMax fournit une preuve supplémentaire de la raison pour laquelle un engagement comportemental doit être abordé avec prudence.
Déclarations de Sony dans un rapport auprès du CMA (source).
L'extrait du rapport, dont nous vous communiquons le lien ci-dessus en fin de citation si vous souhaitez le consulter, indique également que Microsoft "n'avait pas intérêt à cesser ou à limiter la mise à disposition des jeux ZeniMax (de fait, Bethesda, NDLR) à l'achat sur des consoles concurrentes" et avait déclaré aux investisseurs "encourager fortement le jeu multiplateforme", précisant que "si c'est bon pour l'écosystème du jeu, c'est bon pour (eux)", avant de conclure par le point le plus important : "nous n'avons pas l'intention de simplement retirer tout le contenu Bethesda des plates-formes concurrentes" (sic). Sony considère cette promesse non tenue, et de fait, s'inquiète quant à l'attitude que pourrait avoir Microsoft vis-à-vis de la licence Call of Duty une fois l'acquisition d'Activision définitivement finalisée.
Une chose est sûre, nous n'avons pas fini d'entendre parler de ce rachat, qui semble aller bien au-delà du "seul" cas d'Activision. Le géant de l'édition finira-t-il par être acquis par Microsoft ? Sony parviendra-t-il à empêcher ce "deal" historique de se faire en s'appuyant sur des éléments aussi concrets que le traitement des jeux Bethesda depuis le rachat de ce dernier par son rival ? Le feuilleton semble loin d'être terminé…