Pour fabriquer des puces de dernière génération, il faut des machines et le pays qui les fabrique contrôle tout le marché. C’est exactement ce qui se passe avec les Pays-Bas qui handicape de façon massive la Chine.
Quand une entreprise contrôle le marché mondial des puces ultrafines
Cela parait logique, mais pour fabriquer des puces, il faut déjà fabriquer les machines. L’innovation va d’ailleurs autant dans la conception des instruments de fabrication, que le développement de la puce finale. Dans le domaine il y a un leader qui contrôle le marché mondial des dernières innovations technologiques en matière de fabrication de puces. Il s’agit du Néerlandais ASML.
Inconnu pour le grand public, l'entreprise fournit ainsi les plus grandes sociétés de semi-conducteurs du monde comme Intel, GF ou TSMC. Car oui, aucun d’eux ne conçoit leur propre machine de fabrication.
Le procédé de photolithographie aux ultraviolets extrêmes est une technologie qui aurait pu être utilisée auparavant par Nikon et Canon, mais les deux entreprises se sont retirées du développement, pour cause d'investissement trop massif pour une mise à l'échelle, ne laissant que ASML. Il est donc devenu le leader naturel incontesté.
La Chine ne peut pas faire évoluer ses puces
Les géants sont ainsi dépendants du bon vouloir de ASML de leur vendre les machines. Au pic de la crise de semi-conducteur, on s’est même retrouvé à ne plus avoir assez de machines pour construire les puces, résultant en la pénurie que nous avons vécue.
C’est là que vous arrivez dans le cœur du problème pour la Chine. Une alliance occidentale s’est créée avec en tête de prou les États-Unis. Les Pays-Bas font ainsi partie de cette alliance et ont refusé de vendre des machines aux industriels chinois de peur de voir leur machine démontée et recopiée avec leur brevet qui n’aurait plus de valeur. L’administration Biden a ainsi étendu ces restrictions en octobre dernier à tous les secteurs industriels de Chine.
Même si ASML n’a jamais vendu de machines de dernière génération à la Chine, sa version un peu moins avancée sera elle aussi limitée à partir de l’été prochain. Le but est de freiner l'avancée technologique de la Chine. Le prétexte officiel est l’utilisation de puces très fines pour le secteur de l'armement. La réalité est que c’est toute l’évolution de l'industrie technologique Chinoise que cela pénalise.
La réalité est aussi à relativiser, car ASML vend leurs machines aux entreprises comme Samsung ou SK Hynix qu’ils fabriquent en Chine. Du coup, les clients ne sont certes pas chinois, mais les machines sont déjà sur le territoire national.
Les États-Unis et l'ingérence technologique sur le monde
Oui, les USA ont besoin de tout contrôler et le secteur technologique en fait partie. Même si ce n’est pas eux qui fabriquent les machines, ils mettent la pression sur les Pays-Bas via cette alliance pour ne pas fournir la Chine et cela fonctionne.
Cette ingérence des États-Unis commence a fortement agacer et le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning c’est ainsi désespéré de la situation dans les colonnes de Reuters , sans pour autant donner de nom :
Nous espérons que la partie néerlandaise adhérera à une position objective et juste (...) agira pour sauvegarder ses propres intérêts et ne suivra pas l'abus des mesures de contrôle des exportations par certains pays
La Chine développe ainsi ses propres technologies avec notamment sa nouvelle carte graphique BR104 ou Moore Threads MTT S80, qui a une si faible compatibilité actuellement qu’elle ne représente pas un danger imminent. Linus Tech Tips a ainsi eu l'occasion de la tester, les résultats sont peu concluants. En revanche, avec une puissance de calcul de 128 TFlops, la performance est là. Il ne manque que l’optimisation. Son processeur 3D5000 est aussi là avec jusqu’à 32 cœurs à 2,2 GHz
En d’autres termes, la Chine prend son indépendance et il ne serait pas étonnant que d’ici quelques années toute cette histoire de machine pour fabriquer des puces très fines ne soit que de l'histoire ancienne. L’indépendance est ce que recherche à tout prix la Chine et les investissements sont massifs. Il s’agit du seul pays dans le monde qui peut à partir de rien développer toute une industrie souveraine. Et c’est bien le projet qui est en marche. Et même si certains analystes parlent de “condamnation à mort” de la Chine par l’Occident, il est difficile de voir un futur où la Chine sera dépendante du reste du monde.