Grâce aux documents rendus publiques par la Competition and Markets Authority (CMA) du Royaume-Uni, le grand public a désormais de nouvelles informations concernant le rachat d'Activision Blizzard par Microsoft. La firme de Redmond aurait proposé un deal plus qu'intéressant à Sony, refusé par la firme japonaise. C'est le président de la filiale Interactive Entertainment Jim Ryan qui aurait expliqué pourquoi.
Sony continue de refuser les propositions de Microsoft
La fin du mois d'avril se rapproche, synonyme de date limite pour les instances régulatrices comme la Federal Trade Commission (FTC, États-Unis) et la Competition and Markets Authority (CMA, Royaume-Uni) qui devront rendre leur verdict concernant l'acquisition d'Activision Blizzard King (ABK) par Microsoft. Un feuilleton qui s'est intensifié depuis la rentrée 2022 avec nombre d'audiences où plusieurs acteurs majeurs de l'industrie veulent défendre leur bout de gras. Ces séances permettent aussi d'accéder à de nombreux documents classés confidentiel à l'origine et d'en apprendre plus sur les coulisses de la plus grande acquisition de l'histoire du jeu vidéo.
Pas plus tard qu'hier, c'est la CMA qui a mis à jour son document regroupant l'évolution de son enquête concernant la fusion avec ABK. Un dossier riche en informations qui apprend au grand public que Sony a refusé "l'un des meilleurs deals qu'il pouvait obtenir" de Microsoft. C'est Lulu Cheng Meservey, vice-présidente des affaires générales et directrice générale de la communication chez Activision Blizzard, qui en parle sur Twitter :
Microsoft offered Sony (the dominant console leader for well over a decade, with 80% market share) a 10 year agreement on far better terms than Sony would ever get from us.
— Lulu Cheng Meservey (@lulumeservey) March 8, 2023
We've also offered Sony guaranteed long-term access to Call of Duty.
But they keep refusing.
Why? https://t.co/OFR05svGgH
Microsoft a proposé à Sony (qui a dominé le marché des consoles pendant plus d'une décennie, avec 80 % de parts de marché) un accord de 10 ans à des conditions bien meilleures que celles que Sony obtiendrait de nous. Nous avons également offert à Sony un accès garanti à long terme à Call of Duty. Mais ils continuent de refuser.
"Je veux juste bloquer votre fusion"
Mais alors, pourquoi Sony Interactive Entertainment (SIE) continue de refuser cette acquisition ? Selon l'entreprise japonaise, Microsoft n'a pas fait preuve de réelle volonté concernant les négociations et estime que malgré leur proposition, cela ne compromet en rien l'éventuelle domination dans le secteur des jeux vidéo que pourrait leur apporter cette acquisition. Des déclarations que l'on peut apprendre, toujours grâce au document de la CMA :
Comme le sait la CMA, la SIE a fait part à Microsoft de ses préoccupations concernant la transaction il y a près d'un an. Durant cette période, Microsoft n'a pas fait preuve d'une réelle volonté de parvenir à un accord. Elle a traîné les pieds, ne s'est engagée que lorsqu'elle a senti que les perspectives réglementaires s'assombrissaient, et a privilégié kes négotiations dans les médias plutôt que le dialogue avec la SIE. (...) Cette proposition n'assure pas une protection adéquate de l'accès de PlayStation à Call of Duty ni de la concurrence. Au contraire, elle révèle le manque d'engagement de Microsoft à assurer un accès complet et égal à Call of Duty, confirme les risques d'une solution comportementale décrite dans les lignes directrices et renforce la conviction de la SIE que Microsoft a l'intention d'utiliser Call of Duty de manière stratégique pour dominer le secteur des jeux.
Toutefois, Lulu Cheng Meservey met de l'huile sur le feu en rapportant les propos qu'auraient tenus Jim Ryan. Le président avait déjà défendu sa cause auprès de la CMA en octobre dernier et était présent lors des audiences de février. Il aurait déclaré ne pas vouloir de nouveaux accords concernant la licence Call of Duty mais souhaiterait juste le blocage de cette acquisition. Des propos qu'il aurait tenu le 21 février, toujours rapportés par la directrice générale de la communication d'Activision Blizzard :
The CEO of SIE answered that question in Brussels.
— Lulu Cheng Meservey (@lulumeservey) March 8, 2023
In his words:
"I don’t want a new Call of Duty deal. I just want to block your merger.”
(...) Selon lui, "je ne veux pas d'un nouvel accord sur Call of Duty" : "Je ne veux pas d'un nouvel accord Call of Duty. Je veux juste bloquer votre fusion".
Des propos forts qui ne manquent pas de faire réagir la toile. Les partisans de Sony se joignent du côté de Jim Ryan en considérant que cette acquisition ne devrait jamais avoir lieu tandis que d'autres ne comprennent pas la politique de la firme japonaise par rapport à ce deal. Une troisième partie est suffisamment interloquée pour remettre en cause la véracité des propos du président de SIE même s'il faut convenir qu'il est difficile de remettre en cause le compte rendu de Lulu Cheng Meservey tant cela serait risquer gros. Mais d'ici la fin de ce feuilleton, tout peut (encore) arriver.