Le trop-plein de satellites installés en orbite terrestre basse est en train de commencer à nuire à l’observation de l’espace : c’est ce qui ressort d’une récente étude qui met en avant les difficultés rencontrées par le télescope spatial Hubble.
Si l’on ne peut pas nier les avantages qu’offrent aux être humains les réseaux de satellites comme ceux de Starlink ou de OneWeb, pour ne citer qu’eux, il est impossible de ne pas considérer les conséquences de leur déploiement. Ce constat n’est pas nouveau : il a déjà été fait par des astronomes professionnels et amateurs, qui ont de plus en plus de mal à observer le ciel en raison du passage, de plus en plus fréquent, des satellites en orbite terrestre basse.
Une récente étude publiée par la revue scientifique Nature Astronomy souligne aujourd’hui que le célèbre télescope spatial Hubble est, lui aussi, une victime de cette situation qui n’en est qu’à ses débuts.
« Le télescope spatial Hubble est en danger »
Le New York Times a été l’un des premiers médias à relayer cette étude, et son résumé de la situation est sans détour : « Le télescope spatial Hubble est en danger ». Un constat confirmé par l’article du Nature Astronomy, nommé « L'impact des traînées de satellites sur les observations du télescope spatial Hubble ». On y découvre que de plus en plus de clichés capturés par le télescope de la NASA deviennent inutilisables, car ils sont brouillés par le passage fréquent de satellites de Starlink et consorts.
« Le récent lancement de constellations de satellites en orbite terrestre basse crée une menace croissante pour les observations astronomiques avec des télescopes au sol qui a alarmé la communauté astronomique. Les observations affectées par les satellites artificiels peuvent devenir inutilisables pour la recherche scientifique, gaspillant une fraction croissante du budget de recherche sur des infrastructures coûteuses et des efforts d'atténuation », résume l’article. Dans les faits, pour réaliser des photos exploitables, Hubble réalise une exposition typique qui dure 11 minutes. Lorsque rien ne vient perturber la prise de vue, le cliché est utilisable. Mais cela fait plusieurs années que ce n’est plus le cas.
Vers des photos de l’espace de moins en moins utilisables
Entre 2009 et 2020, la probabilité de voir un satellite sur une photo capturée par Hubble était de 3,7%. En 2021, ce pourcentage s’élevait à 5,9%, ce qui est déjà une augmentation très nette. Ce qui est alarmant, c’est que l’étude de Nature Astronomy s’arrête à cette année-là : on imagine que de futures données compilant des constats réalisés en 2022 donneront un pourcentage encore plus élevé. Et cela sera bien pire dans les années à venir, avec les centaines milliers de satellites qui s’apprêtent à être lancés, une fois encore en orbite terrestre basse.
Entre Starlink chez SpaceX, Kuiper chez Amazon, le projet européen Iris2 ou encore le projet GW de la Chine, le nombre de satellites déployés sur cette orbite dans les années à venir s’annonce colossal. Selon Jonathan McDowell, astronome au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, plus de 420 000 satellites pourraient être lancés dans les années à venir. « Nous allons vivre avec ce problème. Et l'astronomie en sera affectée. Il y aura des travaux scientifiques qui ne pourront pas être réalisés et des choses que nous manquerons », estime-t-il.
Rappelons que ces constellations de satellites ont également tendance à poser problème pour la détection des astéroïdes susceptibles de menacer la Terre. Difficile d’imaginer que ces différentes problématiques ne soient pas prises à bras le corps par la communauté scientifique dans les années à venir.