L’IA s’immisce dans tous les domaines ! Et cette fois-ci, c’est au tour de l’univers du manga d’accueillir cet outil, puisque la première bande dessinée japonaise créée avec l’aide d’une IA va sortir dans quelques jours du côté du pays du soleil levant.
L’intelligence artificielle au service d’un manga
Début janvier, nous vous parlions d’un manga un peu spécial en instance de parution… Eh bien, nous y sommes, la maison d'édition japonaise Shinchōsha, et le mangaka néophyte Rootport vont sortir ce jeudi une bande dessinée japonaise créée à l’aide de l’intelligence artificielle. Et c’est une première pour l’une des plus grosses industries du pays du soleil levant.
Cyberpunk : Peach John - anciennement connu sous le nom de Cyberpunk : Momotarô - conte ainsi l’histoire d’un jeune garçon amnésique qui a été recueilli par les propriétaires d’un strip-club. Plot-twist, le protagoniste possède des données verrouillées et confidentielles dans une partie de son corps. Et comme souvent dans ce genre d’histoire, le héros va par la suite devoir trouver sa voie et combattre plusieurs ennemis redoutables pour arriver à ses fins.
Et même si l’on peut douter du scénario proposé par cette œuvre, les clichés partagés il y a plusieurs semaines sur le compte Twitter de l’auteur nous montraient à quel point l’IA pouvait faire des merveilles. Mais le problème dans tout ça n’est pas de savoir si le manga sera beau ou bon, mais plutôt de savoir si la création d’un tel projet n’est pas une menace pour le monde de la bande dessinée japonaise, surtout lorsque Rootport admet avoir « zéro talent » en dessin.
L’intelligence artificielle : un problème pour l’industrie du manga
Dans une interview accordée à l’AFP, le mangaka admet volontiers que l’intelligence artificielle Midjourney est à l’origine de toutes les illustrations de son manga Cyberpunk : Peach John. Grâce à la puissance du programme, les idées de l’auteur ont pris vie, et il explique d’ailleurs que l’IA l’a aidé à visualiser ce qu’il avait en tête et à lui suggérer des idées. Mais le problème dans tout ça est plus lointain, puisque au Japon, lorsque l’on parle de manga, on parle aussi d’art !
Machine magic or art menace?
— AFP News Agency (@AFP) March 6, 2023
The author of Japan's first fully AI-drawn manga "Cyberpunk: Peach John" admits he has "absolutely zero" drawing talent and relied on Midjourney, a viral AI tool that has sent the art world into a spinhttps://t.co/zbXksSoG0Q pic.twitter.com/cjzKeVAF9S
Et quand on touche à un art comme celui-ci, l’inquiétude est forcément de mise. De ce fait, et depuis l’annonce de ce projet atypique, plusieurs élus se sont questionnés sur la légitimité des travaux de Rootport. Est-ce que Midjourney a eu recours à des documents protégés par des droits d’auteur pour créer Cyberpunk : Peach John ? Est-ce que l’IA n’est pas une menace pour les jeunes mangakas désireux de faire leurs preuves ? Les questions sont nombreuses et poussent donc les acteurs du milieu à prendre la parole pour faire réagir le grand public.
Satoshi Kurihara, professeur à l'université de Keio, a par exemple déclaré à l’AFP que « la possibilité que les assistants des mangakas soient remplacés (par l'IA) n'est pas nulle. » A contrario, Madoka Kobayashi, artiste de manga depuis plus de 30 ans, laisse la porte entrouverte, en expliquant : « Je ne vois pas vraiment l'IA comme une menace. Je pense plutôt qu'elle peut être un excellent compagnon (...). Je suis convaincue que les humains sont toujours meilleurs. » Quoi qu’il en soit, l’intelligence artificielle n’a pas fini d’alimenter les débats autour de la création artistique. Rappelons d’ailleurs que Netflix a été vivement critiquée en janvier après avoir diffusé un dessin animé japonais avec des décors générés par une IA.