La future norme Euro 7 inquiète les acteurs de l’automobile en Europe. Avec l’essor des voitures électriques et l’arrivée massive de la Chine sur le marché, certaines marques se posent des questions sur l’avenir de leur flotte.
Voitures électriques : des réformes en pagailles qui fragilisent la confiance des constructeurs
En partant du principe que les constructeurs automobiles ne pourront pas vendre de véhicules à moteur thermique après 2035 en Europe, leurs représentants commencent à décrire la future norme Euro 7 comme un règlement mort-né qui nuit aux consommateurs et aux entreprises. À quoi peut-on s'attendre dans les années à venir ? La date d'arrêt de la commercialisation des véhicules à moteur thermique - et des hybrides rechargeables - est déjà marquée en rouge sur le calendrier automobile européen : 2035.
Mais avant cette échéance, la nouvelle réglementation sur les émissions Euro 7 devrait entrer dans la danse en 2025. Un projet ambitieux qui va pousser les constructeurs à réduire significativement le volume de leurs émissions et à atteindre les objectifs intermédiaires fixés en 2030, à savoir une réduction de 55 % des émissions polluantes des véhicules par rapport aux valeurs maximales enregistrées en 2021.
Selon Carlos Tavares, le PDG de Stellantis (groupe qui détient Peugeot) qui est l'un des plus grands détracteurs des décisions européennes, les mesures qui ont été prises sont équivalentes à une imposition « par la loi » des voitures électriques. Sans carburants synthétiques totalement neutres, les seules solutions sont, pour le moment, le 100% électrique ou l’hydrogène. De plus, l'application de la norme Euro 7 - dans seulement deux ans - obligera les constructeurs à significativement électrifier leur flotte. En fait, les constructeurs européens estiment, tout simplement, que le temps est trop court pour soutenir des voies alternatives.
Un dilemme terrible pour l’industrie qui aura un impact sur les consommateurs…
Avec tous ses changements, les fabricants vont se retrouver entre le marteau et l'enclume. Certains d’entre eux (voire l’ensemble) assurent ne pas pouvoir lancer de véhicules électriques à moins de 20 000 euros. Mais dans le même temps, ils ne peuvent pas non plus arrêter de proposer des véhicules thermiques pendant les 12 prochaines années. Par conséquent, ils doivent continuer à développer des moteurs avec ce type de technologie qui sont déjà nés avec une date de décès sur le front. Problème : cela finira par faire grimper le prix des véhicules, puisque les coûts de fabrication seront également plus élevés.
Récemment, Josep María Recasens, PDG de Renault en Espagne, a exprimé ses doutes vis-à-vis de l’Euro 7. Il explique dans les colonnes d'El Español : « On perd du temps avec les moteurs à combustion alors que les Chinois utilisent déjà d'autres technologies ». Ce dernier a aussi annoncé que la marge pour s'adapter à l'Euro 7 est trop étroite et qu'elle obligera les constructeurs à investir dans une technologie mort-née.
En plus de ça, l’engagement de la Chine envers les voitures électriques crée aussi de gros problèmes pour les marques automobiles européennes. Carlos Tavares a d’ailleurs exigé que l'Europe impose des tarifs sévères sur les véhicules en provenance du pays asiatique, car il assure qu'ils ne se battent pas dans les mêmes conditions. Au travers de ça, il faut comprendre que la Chine est considérée comme une excellente alternative pour ceux qui recherchent une voiture électrique bon marché ; et que la mise en place de la norme Euro 7 risque de sérieusement mettre en danger les constructeurs européens si rien ne change.