Avec la e-lettre rouge, La Poste a cherché à proposer une nouvelle manière d’envoyer des courriers en passant par ses services en ligne. Mais il s’avère que le succès est très loin d’être au rendez-vous, au point que la proposition pourrait s’arrêter très vite. Un gros échec en vue pour l’entreprise française !
Avec le développement massif de l’email, qui ne cesse de progresser dans les usages des internautes depuis près de 25 ans, les services d’envoi traditionnels de La Poste ont du plomb dans l’aile. Cela fait des années que l’entreprise cherche à dématérialiser un maximum de services. Mais à force de vouloir transformer le courrier en courriel, la limite est atteinte.
La Poste : la e-lettre rouge, c’est quoi ?
Depuis le 1er janvier 2023, le timbre rouge n’existe plus en France : il n’est plus possible d’en acheter en bureau de poste pour envoyer un courrier prioritaire, destiné à arriver le lendemain de son expédition. La principale raison évoquée par La Poste pour expliquer cette disparition est celle de l’empreinte carbone associée à cette formule d’envoi : jugé trop polluant, le timbre rouge est donc devenu indésirable.
A la place, La Poste propose l’e-lettre rouge. Comme son nom l’indique, cette missive est tout d’abord numérique : la personne désireuse d’envoyer un courrier rapidement doit se rendre sur le site de La Poste, puis remplir un formulaire et y insérer son document. Celui-ci est ensuite réceptionné par un employé de La Poste qui se trouve à l’endroit où le courrier doit être livré.
Par exemple, si vous habitez Paris et que vous désirez envoyer rapidement une lettre à Lyon, alors un postier lyonnais reçoit le mail contenant votre courrier, puis il l’imprime pour qu’elle soit déposée directement à l’adresse du destinataire.
En résumé, l’e-lettre rouge consiste à faire imprimer un mail par La Poste, qui le distribue physiquement ensuite. On comprend que l’intérêt, pour l’entreprise, est de ne pas transporter le courrier physiquement. Mais en pratique, cette idée est très critiquée, et elle rencontre peu de succès.
La Poste veut transformer l’email en papier, mais échoue à le faire
La principale critique qui est émise concernant la e-lettre rouge, c’est que cette proposition laisse de côté la population qui n’a pas accès à Internet, ou maîtrise mal les outils numériques, comme les personnes âgées. Ensuite, beaucoup jugent que la solution de La Poste manque cruellement de confidentialité, puisque comme la missive est imprimée par un employé de l’entreprise, elle peut être lue par n’importe qui avant d’être remise au destinataire. Enfin, il faut aussi noter que l’envoi numérique est plus cher que l’envoi papier : 1,49 euro contre 1,43 euro.
Résultat, depuis son lancement, la e-lettre rouge ne décolle pas. Elle est utilisée moins de 3500 fois par jour, alors que La Poste estime qu’elle devrait l’être entre 5000 et 10 000 fois au maximum pour être rentable. À titre de comparaison, 39 millions de colis et de courriers transitent quotidiennement en France.
Je suis présente à l'audition de @PhilippeWahl.
— Martine Filleul (@martine_filleul) February 15, 2023
Le @GroupeLaPoste a plus que jamais un rôle majeur à jouer dans la détection et la lutte contre le phénomène d'#illectronisme et toutes les formes de #fractures #numériques. https://t.co/PAr12MUne0
Le PDG de La Poste, Philippe Wahl, n’exclut pas de stopper le service si son utilisation ne décolle pas prochainement. La e-lettre rouge doit rapidement faire ses preuves si elle ne veut pas tomber dans les oubliettes des tentatives, infructueuses, de dématérialiser le courrier. Il n’en reste pas moins que l’envoi de lettres est sur le déclin depuis des années, et que l’on ne peut pas reprocher à La Poste d’essayer de trouver des alternatives.