Des streameuses chinoises assises par terre, sous les ponts et dans les rues

C’est une scène très inattendue, mais pourtant bien réelle. Un compte Twitter du nom de @RealSexyCyborg, une YouTubeuse chinoise spécialisée dans le DIY tech et l’impression 3D. Dans la vidéo, on peut voir des dizaines de femmes assises sur le sol, chacune éclairée par le même anneau lumineux.

Mais ce n’est pas la seule chose qu’elles ont en commun. Elles ont toutes un micro et un trépied auquel est attaché un téléphone qui les filme en direct. Vous l’avez compris, ce sont toutes des streameuses en plein travail, la grande majorité étant des chanteuses. Et cet endroit est loin d’être une exception. Lorsqu’on explore les réponses à ce tweet, on peut voir de nombreux autres ponts et ruelles occupées par ces travailleuses d’Internet.

La vidéo la plus folle est bien celle-ci, qui montre plusieurs situations similaires, dont une se déroulant littéralement dans la boue et la terre. Comme si cet endroit précis avait un intérêt particulier…

La raison ? Une question de localisation, et d’argent

Mais pourquoi est-ce que toutes ces personnes s’entêtent à streamer dans ces lieux peu conventionnels ? Naomi Wu nous l’explique dans sa réponse à son propre tweet :

Ce qu’il se passe, c’est qu’elles jouent avec la fonction de localisation. Les plateformes de streaming permettent aux utilisateurs de rechercher des streamers en fonction de leur localisation - les quartiers riches amènent de bien meilleures donations grâce à la supposée disponibilité du streamer. Et on apprécie les groupes et la compagnie - et les collabs !

Concrètement, ces streameuses se placent à des endroits stratégiques pour se rapprocher des habitations plus riches. En plus de recevoir des donations plus importantes de la part des spectateurs, ces derniers perçoivent ces streameuses comme plus accessibles. Ils se sentent plus proches d’elles, pour la simple et bonne raison qu’elles se trouvent dans leur ville ou leur quartier. Les spectateurs sont donc plus enclins à donner des sommes encore plus importantes.

Un contexte loin d’être aussi dramatique qu’il en a l’air

Cela vous choque ? C’est compréhensible, mais cette situation est à nuancer. Certes, ces personnes sont presque assises par terre sous les ponts, mais Naomi Wu nous fait relativiser. Tout d’abord, ces streameuses ont tout de professionnelles. Elles possèdent la panoplie complète du streamer, avec notamment un micro pouvant isoler leur voix et effacer l’audio ambiant des autres performeurs.

Ensuite, la plupart ne sont pas dans une situation précaire. Elles possèdent pour beaucoup un autre travail à côté, et profitent surtout d’un effet de mode et d’une opportunité. Beaucoup sont très talentueuses avec une belle voix, mais ce qui fait le charme de cet exercice, c’est l’effet de groupe. En effet, en étant toutes regroupées aux mêmes endroits, cela évite les potentielles agressions, aucun sentiment d’insécurité n’est à notifier, et cela se rapproche plus d’une activité fun que forcée.

Cette fonction de localisation existe sur les réseaux comme Facebook ou Instagram, mais n’imaginez pas pouvoir faire la même chose sur Twitch en France. Les lois bien différentes dans l’Union Européenne ne le permettent pas.