Si les intelligences artificielles capables de générer des « œuvres » numériques inquiètent les créatifs, tout le monde s’accorde sur le fait que créer des mains réalistes n’est pas la spécialité des algorithmes. Pourquoi un tel constat ?
Les progrès des intelligences artificielles sont fulgurants depuis plusieurs mois. Si l’on parle énormément de ChatGPT côté texte, pour ce qui est des créations graphiques, on peut citer Dall-E et Midjourney parmi les IA les plus prometteuses.
L’utilisation, de plus en plus intensive, de ces intelligences artificielles inquiète forcément les créatifs. Cependant, il reste encore assez facile de faire la différence entre une création humaine, et celle d’une intelligence artificielle. Lorsqu’une illustration met une personne en avant, il suffit bien souvent de regarder ses mains.
Les mains, la forme la plus complexe à générer ?
Dans un billet de blog publié en décembre dernier, Jim Nightingale, spécialiste de l’intelligence artificielle, explique que les IA utilisent des bases de données contenant des milliards d’informations graphiques pour gérer de nouveaux contenus. Le fait est que sur les photos comme sur les peintures et les dessins, il n’est pas toujours évident de voir clairement à quoi ressemble une main : le personnage peut tenir un objet, avoir une main qui dépasse d’une poche, serrer la main de quelqu’un d’autre… autant de points qui empêchent l’algorithme de définir clairement un modèle.
« En raison de la géométrie complexe des mains, il n’y a pas d’ensemble standard de lignes ou de formes que l’IA peut reconnaître comme une main. Afin de générer des mains réalistes, l’IA doit rassembler plusieurs formes et arrangements différents », explique-t-il.
Déjà difficiles à dessiner d’une manière traditionnelle pour un artiste ayant des connaissances anatomiques, les mains deviennent donc encore plus complexes à cerner pour une IA.
L’IA n’est pas si éloignée de l’humain
L’expert en intelligence artificielle estime d’ailleurs qu’il est « presque humain » de la part des intelligences artificielles d’éprouver des difficultés à générer une main réaliste. « Ce problème de main n’est donc pas nouveau et ce n’est pas un problème d’IA. C’est une chose artistique. La plupart des artistes ont du mal à maîtriser les doigts et les mains. »
Il estime également qu’il ne faut pas négliger un point très important, qui est la perception humaine. « Il y a des choses que nous sommes prêts à accepter visuellement » si tout le reste nous semble cohérent. Ce serait la raison pour laquelle beaucoup de personnes sont, aujourd’hui, subjuguées par le résultat que peut donner une IA, alors que l’image peut s’avérer bourrée d’erreur. On peut notamment évoquer cette série de clichés, générés par Midjourney, qui a beaucoup fait parler en début d’année. En premier lieu, on semble voir des photos de soirées normales, jusqu’à ce que l’on repère certains détails qui ne trompent pas…
Midjourney is getting crazy powerful—none of these are real photos, and none of the people in them exist. pic.twitter.com/XXV6RUrrAv
— Miles (@mileszim) January 13, 2023
Jim Nightingale conclut son analyse en estimant que nous demandons trop aux intelligences artificielles. « Cela peut prendre des heures, des jours, voire des semaines à un artiste humain pour créer une main réaliste. Nous devons garder cela à l’esprit lorsque nous jugeons l’IA — il est important de ne pas trop en attendre. » Il recommande donc aux utilisateurs d’IA destinées à générer des images de rédiger des prompts dans lesquels les mains des personnages sont cachées, de prendre le temps de les retoucher à la main, ou encore… de payer les services d’un illustrateur humain pour faire le travail.