Suite au refus du constructeur de sa machine à laver de lui fournir un firmware destiné à la sauver de la poubelle, l’utilisateur d’un modèle de la marque Beko n’a pas eu d’autres choix que de la pirater pour pouvoir la réparer. Une situation qui met en avant une obsolescence programmée très tenace.
Les appareils qui tombent en panne, c’est un fléau et cela touche généralement tout le monde. Difficile d’imaginer passer une vie entière sans être confronté au moins une fois à un produit high-tech ou électroménager qui nécessite une maintenance. Cependant, aujourd’hui, réparer ou faire réparer des appareils est censé être plus simple.
En effet, en Europe, le « droit à la réparation » est un sujet très concret, et la France est pionnière sur le sujet. Depuis 2022 dans l’Hexagone, le vendeur d’un produit est tenu d’informer le consommateur sur la disponibilité des pièces détachées, mais aussi sur leur non-disponibilité. Pour certains produits électroniques et électriques, les pièces détachées doivent être disponibles pendant minimum 5 ans à compter de leur mise sur le marché. L’objectif est de permettre aux utilisateurs de réparer ou de faire réparer leurs appareils plutôt que de les jeter : une démarche écologique, mais aussi économique.
Quand la marque empêche le client de réparer
Seulement, cette position n’est pas encore valable dans tous les pays. En Espagne, par exemple, certaines marques n’hésitent pas à utiliser des moyens détournés pour convaincre leurs clients d’acheter du neuf.
Sur Twitter, @MrChuxMan, qui se présente comme le patron d’une entreprise liée au high-tech, a raconté sa mésaventure sur le sujet. Son lave-linge Beko est tombé en panne, et il est parvenu à déterminer que le problème venait de l’alimentation de la machine. Pour résoudre le problème, il lui suffisait alors de remplacer le microcontrôleur ATMEGA128A-AU présent dans l’appareil, mais pour que l’opération soit un succès, il lui manquait une chose : le firmware de l’appareil.
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— ChuxMan Skynetwalker 🛠 (@MrChuxMan) February 3, 2023
L’utilisateur, par chance également développeur autodidacte, a donc contacté Beko pour obtenir le fameux firmware. Mais la réponse de la marque a été rapide :
Après avoir envoyé vos informations, nous indiquons que nous ne fournissons pas le firmware de notre équipement. Ce n’est pas un équipement informatique, c’est un appareil électrique et il est traité/réparé comme tel.
En d’autres termes, Beko a tout bonnement refusé de fournir le firmware à son client en sortant comme excuse qu’un lave-linge ne se répare pas comme un ordinateur.
Une proposition de réparation aussi coûteuse que la machine
ChuxMan a persisté dans sa démarche, mais Beko n’a rien voulu savoir. L’entreprise proposait à son client une réparation impliquant un changement intégral du circuit imprimé de l’alimentation de la machine à laver. Une pièce quasiment aussi coûteuse que le lave-linge lui-même, annonçant très clairement la volonté du fabricant : pousser le client à acheter un nouvel appareil électroménager, alors que le microcontrôleur en cause coûte, quant à lui, moins de 7 euros.
Le programmeur amateur ne s’est pas avoué vaincu. Il a décidé de trouver une solution pour extraire lui-même le firmware de la pièce endommagée de sa machine à laver. Après plusieurs tentatives infructueuses, notamment menées à l’aide d’un Arduino, c’est finalement à l’aide d’un programmeur TL866, il a réussi à extraire le fameux micrologiciel.
Es un Atmega128A, que le deberían de llegar 5V, pero le estaban llegando 20V. El caso es q debe ser espartano, pq al hacerle el volcado via ICSP ha funcionado. Los datos pueden estar corruptos, pero tiene zonas en claro, y mi madre tiene el mismo modelo, así que está garantizado. pic.twitter.com/hIk5daPRQl
— ChuxMan Skynetwalker 🛠 (@MrChuxMan) February 3, 2023
À l’heure où ces lignes sont écrites, ChuxMan continue de travailler sur sa machine à laver. Il lui faut encore transférer le firmware sur la nouvelle puce et tester son fonctionnement, puis intégrer la puce au circuit imprimé de l’appareil. Mais pour lui, avoir pu récupérer un micrologiciel que Beko refusait de lui fournir pour réparer sa machine à moindre coût est déjà une victoire. Il ne compte pas diffuser lui-même le firmware, mais il espère que son histoire fera changer les mentalités des constructeurs. Vous pouvez suivre l’avancée du projet de ChuxMan sur son compte Twitter.