Les voitures électriques se sont installées dans notre quotidien, c’est un fait ! Et en 2035, elles pourraient même devenir la norme sur nos routes. Problème : la méfiance autour de ses véhicules s’intensifie chez certains constructeurs automobiles.
Voitures électriques : des déclarations qui font réfléchir
Elles ont probablement fait partie des déclarations les plus controversées de ces derniers mois dans le secteur automobile. Gill Pratt, scientifique en chef de Toyota, a tout récemment déclaré à Automotive News : « Le temps est de notre côté. Cette pénurie, non seulement de matériaux, mais aussi de stations de charge, montrera très clairement qu'il n'y a pas de solution unique, et que la meilleure réponse est en fait un mélange de différents types de véhicules. »
Lorsqu'il fait mention de « l'absence d'une solution unique », le scientifique en chef de Toyota dirige, en fait, ses critiques contre les politiques qui aspirent à imposer la voiture électrique. Bien qu'elle ne le dise littéralement dans aucun règlement, dans la pratique, l'Union européenne a décidé que ses véhicules, que ce soit à moyen et long terme, seront électriques. Il ne s'agit pas seulement d'interdire la vente de véhicules équipés d'un moteur à combustion à partir de 2035 (tant qu'ils ne sont pas « neutres en carbone »), en 2030, les émissions devraient être réduites de 55 % et la nouvelle réglementation Euro 7 pousse les véhicules à être hautement électrifiés s'ils veulent respecter les nouvelles normes.
La voiture électrique ne fait pas l’unanimité chez les constructeurs
Celle du responsable scientifique de Toyota n'est pas la seule voix qui s'est élevée contre l'Union européenne, qui est en passe d'imposer la voiture électrique dans un laps de temps que certains constructeurs jugent extrêmement court. Akio Toyoda, le PDG du constructeur japonais depuis 2009 - qui quittera la firme en avril prochain - a été l'un des porte-drapeaux dans sa course contre la voiture électrique comme « solution unique ». Les mouvements de Toyota en faveur de l'utilisation de l'hydrogène, que ce soit comme pile à combustible ou en le brûlant dans les moteurs à combustion, tendent à montrer qu’il existe d’autres solutions pérennes pour l’automobile.
Ces décisions contraires à l'adoption de la voiture électrique ne sont pas les seules que l'on constate ces derniers mois. Olivier Zipse, PDG de BMW, a précisé qu'il était dans le même courant de pensée que Toyoda. Il y a un an, le haut dirigeant de l'entreprise allemande assurait que « si vous ne vendez plus de moteurs à combustion, quelqu'un d'autre le fera ». Ces déclarations ont d’ailleurs coïncidé avec la confirmation par la marque qu'elle continuera à développer des moteurs à combustion à six et huit cylindres. « Nous n'obligerons pas nos clients à choisir entre le nouveau et le soi-disant ancien », a confirmé Frank Weber, membre du conseil de développement de BMW, dans une interview accordée à Auto Motor und Sport.
Le coût de la voiture électrique est aussi un problème
L'autre grand argument des opposants au véhicule électrique comme seule option a été le coût pour le client à la recherche d'une nouvelle voiture. « Ce qui a été décidé, c'est d'imposer à l'industrie automobile une électrification qui entraîne 50% de surcoût par rapport à un véhicule classique. Il n'y a pas moyen de reporter 50% des surcoûts sur le consommateur final car la majorité de la classe moyenne ne sera pas capable de les payer », a déclaré Carlos Tavares, directeur général Stellantis, à Reuters fin 2021. De son côté, Luca de Meo, le PDG de Renault, a prévenu que le si les constructeurs payent 1 000€ de plus par véhicule, le conducteur (et client) devra supporter un coût supplémentaire de 2 000€.
Avant cela, Luca de Meo prévenait déjà que la « voiture électrique bon marché » était en danger et que l'industrie commençait à douter de cette possibilité - et il n’était pas le seul. Chez Volkswagen, ils jugent irréalisable que l'on puisse voir une voiture électrique à 20 000 euros à court terme. Une fourchette de prix dans laquelle évoluerait également la supposée « Tesla bon marché » qu'Elon Musk promet depuis si longtemps. La tendance pointe vers une standardisation du secteur, avec des voitures moins nombreuses et plus chères. Dans les faits, la voiture électrique est en train de renchérir le prix moyen d’un véhicule neuf. On ne sait pas à quoi ressemblera l'avenir du secteur, mais force est de constater que les dernières décisions de l'Union européenne ont rendu le prix moyen des véhicules neufs (beaucoup) plus cher.