Les intelligences artificielles ont le vent en poupe. Si ChatGPT et Midjourney occupent l'espace concernant le grand public, certaines entreprises mettent aussi de leur côté leurs services. C'est par exemple le cas de Netflix et Wit Studio qui ont publié un court-métrage réalisé à l'aide d'une intelligence artificielle. Une décision qui ne plaît pas à tout le monde.
Sommaire
- L'intelligence artificielle pour pallier un problème de fond de l'industrie de l'animation
- "Les artistes ne peuvent même plus être crédités ?"
L'intelligence artificielle pour pallier un problème de fond de l'industrie de l'animation
Wit Studio est un acteur incontournable du paysage de l'animation japonaise. Ils sont notamment connus pour avoir réalisé les trois premières saisons de l'Attaque des Titans, la première saison de Vinland Saga et plus récemment Spy × Family. Ils travaillent à tour de bras sur plusieurs animés et ont publié aujourd'hui un court-métrage de trois minutes nommé The Dog and the Boy (Le chien et le garçon). Sa particularité ? Ses arrières-plans ont été générés par une intelligence artificielle.
Le projet est lancé l'année dernière par Wit Studio, Rinna et Creators Base. Ce dernier est un outil créé par Netflix visant à renforcer la présence d'animés sur la plateforme mais aussi à "donner aux créateurs les outils et les ressources nécessaires à la production d'anime dans le temps" peut-on lire sur la page officielle de la plateforme. Quelque chose pour pallier le manque de ressources humaines dans le secteur de l'animation et donner plus de temps aux créateurs pour se concentrer sur leur projet. C'est Hiroshi Tanaka, directeur de la photographie de Dog and Boy qui en parle :
Dans le milieu de la production d'animation commerciale au Japon, le travail est entièrement divisé en départements séparés, ce qui le rend plus efficace. En outre, de nombreux créateurs travaillent sur plusieurs productions en même temps, ce qui rend difficile pour eux de se concentrer sur une seule production. Nous voulions trouver un moyen de donner aux créateurs plus de temps pour être créatifs.
À la fin du court-métrage, on peut même voir comment le processus de création a été réalisé : l'artiste a d'abord réalisé à la main un brouillon dont s'est inspiré l'intelligence artificielle qu'il a ensuite affiné à la main.
"Les artistes ne peuvent même plus être crédités ?"
Malgré cette initiative pleine de bonne volonté, elle ne fait pas l'unanimité. Plusieurs artistes ont fait part de leur mécontentement, comme Jingna Zhang. Cette photographe chinoise à la notoriété certaine (elle a fait partie en 2018 d'un top 30 des personnalités de moins 30 ans en Chine du magazine Forbes) s'est exprimé sur le sujet sur le réseau social Twitter :
“As an experimental effort to help the anime industry, which has a labor shortage, we used image generation technology for the background images”
— Jingna Zhang (@zemotion) February 1, 2023
Background credit: AI (+human)
So now artists can’t even get credit anymore? Just human? Wow. https://t.co/4rT5d6RJPy
"Dans un effort expérimental pour aider l'industrie de l'animation, qui souffre d'une pénurie de main-d'œuvre, nous avons utilisé la technologie de génération d'images pour l'arrière-plan." Crédit pour l'arrière-plan : IA (+humain)
Alors maintenant les artistes ne peuvent même plus être crédités ? Juste "humain" ? Wow.
De quoi bien évidemment relancer le débat sur les droits d'auteur par les images générées par des intelligences artificielles. Avec ce court-métrage, Netflix a involontairement fait remonter le fond de l'affaire à la surface.