L’intelligence artificielle DoNotPay devait assister un automobiliste accusé d’excès de vitesse durant son procès. Mais cette perspective a énervé la justice américaine, qui a décidé d’empêcher l’IA de jouer les avocates au sein de la cour.
Nous vous parlions, au début du mois de janvier, d’une affaire qui avait tout pour créer un précédent dans l’histoire de la justice : une intelligence artificielle s’apprêtait à défendre un automobiliste accusé d’excès de vitesse lors de son procès. Cette IA, DoNotPay, s’est fait un nom ces derniers temps, en aidant les internautes américains à négocier des contrats, obtenir des remboursements ou encore contester des amendes en ligne.
Pour la première fois, DoNotPay allait jouer « physiquement » les avocats. Ou, tout du moins, l’intelligence artificielle allait conseiller en temps réel une personne accusée d’avoir roulé trop vite sur la route. Pour ce faire, il était prévu que l’automobiliste dispose d’une oreillette au bout de laquelle DoNotPay lui aurait soufflé les réponses à donner au tribunal. Sauf que cette initiative n’aura finalement pas lieu.
Le « premier robot-avocat du monde » ne plaidera pas
Si le lieu de cette audience avait été tenu secret, on sait désormais qu’il s’agissait du tribunal de la circulation de Californie. L’audience en question est prévue pour le 22 février, mais l’automobiliste, qui encourt une amende de 16 dollars, devra se défendre seul. En effet, la justice américaine estime que l’utilisation d’une IA dans une salle d’audience constitue « une pratique non autorisée du droit ».
En d’autres termes, l’entreprise DoNotPay, en agissant de la sorte, risque d’être elle-même condamnée. Son patron, Joshua Browder, a déclaré au site NPR : « Plusieurs barreaux d’État nous ont menacés ; l’un d’eux a même déclaré qu’un renvoi au bureau du procureur de district, des poursuites et des peines de prison seraient possibles. »
La perspective de prendre une peine de prison a rapidement fait changer d’avis Joshua Browder, qui a accepté le fait que DoNotPay n’avait sans doute pas sa place dans un tribunal. « Même si cela ne se produit pas, les menaces sont suffisantes pour me faire renoncer », a-t-il expliqué. Cependant, il considère qu’il s’agit d’une mauvaise décision : « Les règles de la salle d’audience sont très obsolètes ».
Un vide juridique à combler
La médiatisation de cette affaire a beaucoup fait réagir aux États-Unis. Leah Wilson, directrice exécutive du barreau de l’État de Californie, a déclaré à NPR avoir remarqué une forte hausse de la « représentation juridique basée sur la technologie » ces dernières années. Elle estime que la popularité de services comme DoNotPay s’explique par le fait qu’il est, aujourd’hui encore, très coûteux de se faire conseiller correctement pas un humain qualifié.
En ces temps de crise, il n’est pas surprenant que les gens cherchent des alternatives, mais de là à laisser une intelligence artificielle passer les portes d’un tribunal, il y a visiblement un fossé.