La mission Mars 2020 de la NASA compte parmi ses principaux objectifs le prélèvement d’échantillons qui doivent revenir sur Terre dans les années à venir. La NASA vient de préciser ses projets à ce sujet, et la patience est clairement de mise.
En ce moment, sur la planète Mars, s’affaire un rover dont la mission relève d’une importance capitale pour mieux percer les secrets de la planète rouge. En effet, Perseverance, l’un des principaux acteurs de la mission Mars 2020, prélève des échantillons de sol martien depuis près de 2 ans. Une démarche qui prend du temps : le 21 décembre 2022, le rover collectait son 18e échantillon sur un objectif fixé de 38.
Contrairement aux autres, qui sont stockés directement dans le rover, ce 18e échantillon a été laissé sur place, au sein du cratère de Jezero. Neuf autres tubes seront, eux aussi, laissés là où ils auront été récoltés. L’objectif de ces échantillons : servir de « sauvegarde » dans le cas où l’une des étapes essentielles de la mission de récupération de la NASA échouerait.
Mars Sample Return, une mission aux lourds enjeux
Car rien ne sert de récolter des échantillons martiens s’il n’est pas possible de les ramener sur Terre ensuite. C’est là que la mission Mars Sample Return entre en jeu. Cette dernière sera lancée vers mars en 2027 et elle devrait atteindre la planète en 2028. Un atterrisseur, le Sample Retrieval Lander, doté d’une petite fusée devrait alors se poser au cœur du cratère de Jezero, en vue de récolter les échantillons portés par Perseverance.
En plus des échantillons récupérés par le rover, deux petits drones en forme d’hélicoptère, de type Ingenuity, auront pour mission d’aller récupérer les échantillons restés sur le sol martien. Ces drones sont également considérés par la NASA comme une « sécurité », au cas où Perseverance rencontrerait des problèmes de motricité durant la suite de sa mission. Une fois les échantillons récoltés, la fusée décollerait de Mars en vue d’être interceptée par l’Earth Return Orbiter, un engin spatial développé par l’ESA, dont l’objectif final sera de les rapporter sur Terre.
Un bureau spécial pour étudier les échantillons martiens à la NASA
Cette délicate récolte d’échantillons devrait prendre du temps. En effet, le retour de l’Earth Return Orbiter sur notre planète bleue est prévu en 2033, ce qui signifie qu’il va falloir attendre au moins 10 ans avant que leur étude commence réellement.
Mais la NASA prend les devants. Cette semaine, l’agence spatiale américaine a annoncé l’ouverture du Mars Sample Receiving Project Office, un bureau spécial dont la mission sera d’étudier les échantillons venus de la planète rouge. « Le bureau résidera au sein de la division Astromaterials Research and Exploration Science de Johnson, l’organisation de la NASA spécialisée dans le traitement et la conservation d’échantillons extraterrestres », explique l’organisme dans un communiqué.
« La NASA Johnson abrite la collection d’astromatériaux la plus vaste et la plus diversifiée au monde, à commencer par les échantillons renvoyés par le programme Apollo », a déclaré la directrice du Johnson Center, Vanessa Wyche. « Grâce à notre expertise, nous sommes impatients de gérer le projet qui recevra des échantillons de Mars scientifiquement convaincants recueillis par le rover Perseverance de la NASA. »
« La mission de vol spatial robotique la plus complexe »
Pour la NASA et l’ESA, les enjeux sont énormes. La mission Mars Sample Return est présentée comme « la campagne de vol spatial robotique la plus complexe jamais tentée », et sa réussite pourrait marquer l’histoire à tout jamais. Quant aux échantillons, ils sont attendus avec impatience sur Terre : cela devrait permettre d’en apprendre énormément sur Mars, en vue de préparer la suite de son exploration. « La campagne remplirait un objectif d’exploration du système solaire, une priorité élevée depuis les années 1970 et dans les trois dernières études décennales planétaires de l’Académie nationale des sciences », estime la NASA.