Voir à travers les murs est une capacité que l’on octroie essentiellement aux super-héros, mais une équipe de chercheurs a permis d’en affubler des drones. Pour en arriver là, ils ont utilisé une technologie que tout le monde, ou presque, utilise quotidiennement.
On imagine sans peine l’utilité que peut avoir la capacité de voir à travers les murs : pour des interventions policières, par exemple, mais aussi pour analyser la présence de fuites de canalisations, pour ne citer que deux usages qui viennent rapidement à l’esprit. Évidemment, certaines limitations existent : il y a la question de la vie privée et de la sécurité de certains lieux, mais aussi les difficultés techniques pour arriver à un tel résultat.
Cependant, des chercheurs canadiens ont décidé de relever le défi et sont parvenus à équiper un drone volant d’un système lui permettant de « voir à travers les murs ».
Ce drone peut « voir à travers un mur » grâce au Wi-Fi
Développée par des scientifiques de l’Université de Waterloo située dans la région de l’Ontario, au Canada, la technologie permettant au drone de voir à travers les murs utilise le système de connexion Wi-Fi local. Baptisée Wi-Peep, cette découverte se focalise sur la triangulation de l’emplacement de n’importe quel appareil relié à un réseau Internet sans-fil.
Ali Abedi et Deepak Vasisht, ses créateurs, résument son fonctionnement à une « attaque de confidentialité » qui révèle l’emplacement d’un objet. Concrètement, les ingénieurs exploitent des failles de sécurités de la norme IEEE 802.11, très répandue pour connecter des appareils en mode sans fil. Par défaut, la plupart des réseaux Wi-Fi répondent de manière automatique aux tentatives de contact des appareils à portée, et ce même si le réseau en question est protégé par un mot de passe.
En pratique, le drone équipé de Wi-Peep peut voler à proximité d’un mur tout en émettant un signal indiquant qu’il cherche à se connecter aux appareils proches. Un système de mesure « temps de vol » (ToF) lui permet de cartographier la position des appareils en question. Par ailleurs, comme cette démarche lui donne aussi accès aux adresses MAC des différents dispositifs, le système est aussi capable d’en identifier la nature.
Une solution efficace, mais qui questionne la sécurité
L’intérêt d’une telle manœuvre peut, notamment, aider à identifier s’il y a des mouvements dans un logement, notamment par des actions de déplacement d’appareils par le propriétaire des lieux. Par ailleurs, il peut aussi être possible de suivre les déplacements d’une personne.
« Les appareils Wi-Peep sont comme des lumières dans le spectre visible, et les murs sont comme du verre », explique le Dr. Ali Abedi au site SciTechDaily. « En utilisant une technologie similaire, on pourrait suivre les mouvements des agents de sécurité à l’intérieur d’une banque en suivant l’emplacement de leurs téléphones ou de leurs montres connectées. De même, un voleur pourrait identifier l’emplacement et le type d’appareils intelligents dans une maison, y compris les caméras de sécurité, les ordinateurs portables et les téléviseurs intelligents, pour trouver un bon candidat pour une effraction. »
Comme le dit le proverbe rabelaisien, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » et une telle invention pourrait potentiellement poser plus de problèmes qu’elle pourrait en résoudre. Il est cependant possible que cette découverte permette de combler les failles de sécurité qui permettent son exploitation à l’avenir.