Après avoir permis à de nombreuses personnes de récupérer de l’argent ou de réaliser des économies en jouant la carte de « l’avocat en ligne », l’intelligent artificielle DoNotPay s’invite désormais au tribunal pour défendre un automobiliste accusé d’excès de vitesse.
Il y a quelques semaines, nous vous parlions de DoNotPay, une intelligence artificielle capable de remplacer un être humain pour négocier un contrat, demander un désabonnement en se basant sur les conditions générales de vente et même menacer de procès un service client peu coopératif. Développée par Joshua Browder, cette intelligence artificielle est présentée comme une sorte « d’avocat de synthèse », destiné à aider des consommateurs à obtenir gain de cause sans que ces derniers doivent prendre part eux-mêmes à de stressantes négociations.
Quand DoNotPay remplace réellement l’avocat
DoNotPay n’est encore considéré que comme un simple chatbot administratif, mais la situation est en train de changer. En effet, en février prochain, l’IA va passer au niveau supérieur, en assistant un automobiliste qui va passer au tribunal pour un excès de vitesse. Selon le média NewScientist qui rapporte l’affaire, « il s’agit probablement du premier cas dans lequel l’avocat est une intelligence artificielle ».
Ici, il ne sera donc pas question de négocier le montant d’une facture, d’effectuer une démarche administrative ou d’obtenir un rendez-vous médical rapidement, mais de donner les clés à une personne accusée pour qu’elle puisse se défendre devant une cour de justice. L’accusé sera muni d’une oreillette, dans laquelle il pourra entendre la retranscription du texte généré par le chatbot. Celui-ci captera les dialogues du tribunal à l’aide d’un smartphone présent dans la pièce.
Un petit pas pour la justice, mais un pas de géant pour l’intelligence artificielle
L’affaire jugée n’est pas grave : l’automobiliste encourt une amende de 16 dollars. Dans un cas classique, il y a fort à parier qu’il aurait, de toute façon, décidé de se représenter lui-même et donc de ne pas prendre d’avocat pour l’assister. Le concepteur de DoNotPay voit surtout dans cette situation l’occasion de tester sa création dans un autre contexte qu’une simple démarche en ligne.
Si l’identité de l’accusé et le lieu du procès sont tenus secrets, il faut souligner que l’usage d’un smartphone et d’une oreillette laisse entendre que la juridiction de l’endroit où se déroule l’affaire est plutôt souple : l’utilisation de ce genre d’appareils électroniques reste majoritairement interdit dans la plupart des tribunaux. De ce fait, il sera probablement difficile d’avoir un témoignage autre que celui de l’entreprise DoNotPay une fois l’expérience réalisée, ce qui pourrait biaiser le retour d’expérience.
Une IA performante, mais qui reste limitée
Toujours en cours de développement, l’IA DoNotPay est perfectionnée au fil du temps par son créateur et cette nouvelle démonstration devrait lui permettre d’étoffer ses compétences, que le succès soit au rendez-vous, ou pas. Joshua Browder reste réaliste en estimant que sa création ne sera sans doute jamais en mesure de remplacer un avocat, en particulier dans les affaires les plus complexes, mais il reste persuadé qu’elle pourrait changer la donne dans les cas les plus simples. Il ne reste plus qu’à attendre les conclusions de cette affaire.