Chiffres de ventes, rachats de studios, bilans financiers, mercato des développeurs, investissements… si ces sujets vous intéressent, vous êtes au bon endroit. Nous vous proposons un point sur l'actualité business de la semaine écoulée.
Le plus grand syndicat interne du jeu vidéo américain vient de naître chez Microsoft !
La dynamique est en marche, et il semble désormais difficile d'imaginer qu'elle va s'arrêter là. Depuis de nombreux mois, de nombreux syndicats sont nés au sein des studios et des éditeurs de jeux vidéo, notamment aux États-Unis. De Keywords à Activision-Blizzard, de nombreux salariés se sont unis sous une même bannière, et notamment du côté des équipes d'assurance-qualité. Peu développé dans le jeu vidéo, le syndicalisme est désormais un véritable enjeu dans l'industrie. Activision-Blizzard a vu d'un mauvais oeil la naissance de ces groupes, et a cherché à s'opposer à leur création, sans succès. L'entreprise étant lancée dans un processus de rachat par Microsoft, il a fallu que le GAFAM s'exprime.
Très rapidement, Microsoft a indiqué qu'elle reconnaîtrait les syndicats nés chez Activision-Blizzard si le rachat était validé. Une question d'image bien évidemment, mais également un levier stratégique pour rassurer les salariés qui vont découvrir une toute nouvelle organisation si l'opération va au bout. Mais en attendant, Microsoft a dû passer un premier test, cette fois-ci avec ZeniMax (Bethesda). Rachetée pour 8,1 milliards de dollars (7,5 milliards annoncés) en 2020, la maison-mère de l'éditeur derrière The Elder Scrolls V : Skyrim Doom Eternal ou encore Deathloop, vient de vivre la naissance du plus grand syndicat jamais créé en interne dans le jeu vidéo américain. A l'issue d'un scrutin organisé pendant plusieurs mois, 300 travailleurs du pôle assurance-qualité de ZeniMax ont validé "à une très grande majorité" la création d'un syndicat :
Aujourd’hui, nous, une majorité de travailleurs de l’assurance qualité chez ZeniMax, sommes fiers d’annoncer le lancement de notre syndicat avec CODE-CWA. Nous sommes le premier groupe de travailleurs de Microsoft à se syndiquer officiellement. Nous sommes habilités à défendre nos intérêts et à construire un avenir où nous pourrons prospérer aux côtés de l’entreprise.
Car oui, ce syndicat est non seulement le plus important jamais créé dans une entreprise dédiée à la création de jeux vidéo, mais également le tout premier syndicat à naître chez Microsoft. Les travailleurs disposent du droit fondamental de créer un syndicat, mais les entreprises sont généralement peu enclines à laisser faire. Microsoft s'était engagée à rester neutre vis-à-vis de ces revendications, et la Communications Workers of America a indiqué que cette promesse a été respectée. Microsoft a immédiatement reconnu le syndicat, et se prépare désormais aux négociations à venir :
Microsoft a respecté son engagement envers ses travailleurs et les a laissés décider par eux-mêmes s'ils veulent un syndicat. D'autres géants du jeu vidéo et de la technologie ont fait le choix conscient d'attaquer, de saper et de démoraliser leurs propres employés lorsqu'ils se sont regroupés pour former un syndicat. Microsoft trace une voie différente qui renforcera sa culture d'entreprise et sa capacité à servir ses clients et devrait servir de modèle pour l'industrie et de modèle pour les régulateurs, a indiqué Chris Shelton, président de la CWA.
Activision Blizzard : Microsoft, FTC, CMA, le point sur le rachat
Le processus de rachat d'Activision Blizzard suit son cours, et c'est en compagnie de la FTC, le gendarme américain de la concurrence, qu'on retrouve Microsoft. La FTC a fait connaître son intention de bloquer le rachat ou d'au moins le ralentir pour obtenir des concessions, et a donc porté l'affaire devant le tribunal administratif. Début janvier, la FTC et Microsoft se sont donc donné rendez-vous pour une audience préliminaire, qui s'est avérée moins tendue qu'on aurait pu l'imaginer.
La FTC a en effet indiqué qu'elle n'avait pas, pour le moment en tout cas, l'intention de faire appel à la Cour Fédérale, et qu'elle était déterminée à obtenir de nouvelles concessions et de nouveaux accords de la part de Microsoft pour que les choses se passent au mieux. Une position adoucie qui ne valide pas le rachat, mais qui montre que la porte est loin d'être fermée. Avec un certain sens du timing, Microsoft est finalement revenue sur ses propos accusant la FTC d'agir de façon anticonstitutionnelle. David Cuddy, porte-parole des relations publiques du GAFAM, a déclaré que Microsoft n'aurait pas dû utiliser ces termes :
La FTC a pour mission importante de protéger la concurrence et les consommateurs, et nous avons rapidement mis à jour notre réponse pour omettre les termes suggérant le contraire sur la base de la Constitution (...) Nous avons initialement mis tous les arguments potentiels sur la table en interne et nous aurions dû abandonner ces défenses avant de déposer le dossier.
Ce changement de position est évidemment suivi par Activision, qui abandonne également cette accusation. Chacun y met donc du sien, en attendant le dénouement et le début des discussions de fond. Ce dénouement, il pourrait s'amorcer du côté de l'Union Européenne, qui rendra son verdict, si tout va bien, le 11 avril. En effet, la CMA, l'équivalent britannique de la FTC, a annoncé cette semaine le report de la publication de ses conclusions au 26 avril. Un décalage de 8 semaines, motivé par la complexité du dossier et le nombre d'éléments à prendre en compte.
En prenant cette décision, le groupe d’enquête a tenu compte de la portée et de la complexité de l’enquête et de la nécessité d’examiner un grand nombre d’éléments de preuve ainsi que les observations des parties principales et des tiers, de la nécessité de prévoir suffisamment de temps pour tenir pleinement compte des observations qui seront reçues en réponse aux conclusions provisoires du groupe d’enquête en temps voulu et de parvenir à une décision finale pleinement motivée dans le délai légal.
La plainte des investisseurs de CD Projekt contre le studio réglée
C'était il y a déjà deux ans, et beaucoup de choses se sont passées depuis la sortie de Cyberpunk 2077. S'il est aujourd'hui globalement très apprécié, le titre est sorti dans un état problématique, et des investisseurs de CD Projekt se sont sentis floués. Un premier recours collectif a été déposé par le cabinet d'avocats Rosen, suivi par un deuxième recours, déposé devant le tribunal de district américain du district central de Californie. Dans les deux cas, le studio polonais était accusé d'avoir menti sur l'état de Cyberpunk 2077 sur PS4 et Xbox One, et donc d'avoir induit les investisseurs en erreur.
Début 2023, Games Industry a rapporté le fait qu'un accord avait été trouvé entre les plaignants et CD Projekt, un accord facturé 1,85 million de dollars. Le studio devra donc s'acquitter de la somme auprès des investisseurs, en échange de quoi elle n'aura pas à répondre des accusations, ni à admettre publiquement quoi que ce soit. L'affaire n'ira donc pas devant les tribunaux et en restera là. On s'attend désormais à entre parler de nouveaux accords, la plainte du cabinet Rosen n'ayant pas encore été réglée.
En attendant, tout va bien pour CD Projekt, qui a annoncé une hausse de 70% de ses revenus pour le troisième trimestre 2022, et qui a de nombreux projets en cours. Une nouvelle trilogie The Witcher est prévue avec l'Unreal Engine 5, accompagnée d'un remake du premier The Witcher et d'un autre titre. Quant à Cyberpunk 2077, il attend son extension, Phantom Liberty, et une suite est d'ores et déjà dans les cartons. En attendant, il est toujours possible de jeter un oeil à l'excellent anime Cyberpunk Edgerunner, créé par CD Projekt et Trigger, et diffusé sur Netflix.
En bref dans l'actualité business de la semaine
- La licence The Last of Us, qui fêtera ses 10 ans cette année, s'est écoulée à plus de 37 millions d'exemplaire dans le monde, toutes versions confondues. L'adaptation en série par HBO arrivera pour rappel le 15 janvier (là où le service est disponible).
- Après 13 ans de service, Mike Uyama, le fondateur de Games Done Quick, quitte l'organisation. Il sera remplacé par Matt Merkle, qui est sur le pont du 8 au 15 janvier pour l'AGDQ 2023.
- Le classement des ventes du SELL pour l'avant-dernière semaine de 2022 est tombé, et c'est God of War : Ragnarok qui domine dans sa version PS5. Il est suivi par FIFA 23, l'inébranlable Mario Kart 8 Deluxe, Pokémon Violet et Pokémon Ecarlate.
- Wizards of the Coast, détenteur des droits sur Donjons & Dragons, aurait annulé au moins 5 jeux dédié à la mythique franchise de jeux de rôles.
- Les joueurs de Marvel Snap, le jeu de cartes free-to-play à succès, ont dépensé plus de 30 millions de dollars dans l'application.
- 44 jeux étrangers ont été approuvés par le gouvernement chinois. On y trouve notamment Pokémon Unite ou encore Valorant.