Faisant partie du top 5 des licences les plus vendues de l’histoire du jeu vidéo, la série des Grand Theft Auto a plusieurs fois bousculé le monde du jeu vidéo. Par la glorification des malfrats qui lui servent de héros, tout d’abord. Par ses gigantesques mondes ouverts bourrés d’activités distrayantes, ensuite. En attendant que le sixième épisode canonique soit officiellement présenté par Rockstar, nous revenons sur ce qui a fait de GTA une série à part.
Dans cet article, nous nous concentrons sur les cinq épisodes principaux de la série des GTA. C'est pourquoi vous ne verrez pas certains épisodes tels que Chinatown Wars ou encore Liberty City Stories.
Sommaire
- Grand Theft Auto (1997)
- Grand Theft Auto 2 (1999)
- Grand Theft Auto 3 (2001)
- Grand Theft Auto 4 (2008)
- Grand Theft Auto 5 (2013)
Grand Theft Auto (1997)
À une époque où les héros du monde du jeu vidéo défendent la veuve et l’orphelin avec Mario, Sonic, Cloud, Lara Croft ou encore Leon S Kennedy, le studio DMA Design décide de mettre les petites frappes à l’honneur avec un jeu coup-de-poing intitulé Grand Theft Auto. Dans la veste en cuir d’un gangster, le joueur commet des larcins dans les rues de trois grandes villes américaines (Liberty City, San Andreas et Vice City) afin d’accomplir des missions commandées par les groupuscules du coin ou l’élite corrompue. Traqué aussi bien par la police et que par des gangs rivaux, il va se servir des grandes zones urbaines qui lui servent de terrain de jeu pour faire le sale boulot et gagner en influence.
À l’origine, GTA est un jeu d’action en vue de dessus orienté arcade. Chacune des trois villes dispose d’une grosse vingtaine de missions de différents types allant de l'escorte de véhicule au kidnapping en passant par le règlement de compte. L’utilisateur dispose de différentes missions et cumule des points bonus en effectuant des carambolages, en écrasant les piétons ou en tuant des policiers. C’est cet aspect politiquement incorrect qui a causé au titre une sordide réputation dans les médias, réputation qui a sûrement joué un rôle dans le succès de la licence auprès d’un public désirant découvrir de nouveaux horizons vidéoludiques. Quand bien même ceux-ci les mèneraient du côté sombre de la force.
Avec ses avatars à incarner qui ne sont là que pour varier l’aspect visuel du protagoniste principal, GTA ne dispose pas d’une narration à proprement parler. Certes, il y a bien des dialogues, mais ces derniers ne sont là que pour contextualiser les missions jusqu’à l’arrivée du générique de fin. Il n’empêche que ce premier volet a posé les bases de la saga avec un monde ouvert aux multiples facettes, des dialogues fleuris, la possibilité de piloter un grand nombre de véhicules et de laisser parler ses plus bas instincts afin de créer le chaos. Sur PC, le soft disposait également d’un mode multijoueur qui permettait jusqu’à quatre joueurs de faire la course ou de combattre jusqu'à que mort s'en suive. Une extension stand-alone intitulé Grand Theft Auto : 1969 débarque en 1999. Elle se déroule à Londres et opte pour une dérision davantage mise en valeur dans les dialogues et l’univers.
Grand Theft Auto 2 (1999)
Le deuxième opus majeur de la série Grand Theft Auto a souvent été décrit comme une simple mise à jour du premier titre. Disposant de graphismes plus agréables à l'œil ainsi que d’une intelligence artificielle améliorée à la fois pour les ennemis et les civils, ce volet sorti en 1999 améliore effectivement le concept mis au point par DMA Design. Le fait que la technique utilisée soit la même que son prédécesseur, avec cette caméra aérienne filmant l’action en top/down, a fait oublier le côté rétro futuriste somme toute original de la direction artistique. Les bâtiments sont toujours en 3D tandis que tous les personnages et les véhicules sont en 2D. Pas de changement radical à signaler donc, même si l’interface graphique a été complètement repensée.
Dans les poumons de Anywhere City, une ville sous l’emprise de différents gangs, Claude Speed va gravir les échelons du grand banditisme auprès des employeurs les plus offrants. Grand Theft Auto 2 abandonne les avatars quelconques au profit d’un protagoniste principal unique, interprété par Scott Maslen dans la cinématique d’introduction du jeu. Dans le principe, aucun changement majeur n’est à signaler puisque Claude Speed est prêt à tout pour obtenir les faveurs des gros gangs de la ville. Il faut une nouvelle fois utiliser les cabines téléphoniques pour obtenir des missions allant du vol de véhicules à l'assassinat des grosses pointures mafieuses. L’argent récolté sert à monter des armes sur ses bolides de la mort, ou tout simplement à sauvegarder (à l’église).
L’ajout le plus notable vient des jauges de respect affichées en haut de l’écran. Ces dernières informent ce que pensent les différents gangs de vos agissements. Si votre côte est bonne dans un groupe, vous aurez accès à des missions plus dangereuses et donc mieux payées. Au contraire, si votre réputation est basse auprès d’un clan, ce dernier tirera à vue. Il faut donc maintenant gérer sa popularité de façon assez subtile pour s’en sortir en un seul morceau. Cette suite a permis d’aller plus loin dans le concept sans pour autant bouleverser quoi que ce soit. La révolution viendra avec le troisième épisode.
Grand Theft Auto 3 (2001)
Régulièrement qualifié de simple “remake” du premier volet, GTA 2 n’a pas rencontré le succès critique escompté à cause d’un manque flagrant de prise de risques. Ce qui fut principalement pointé du doigt par la presse de l’époque était la technique. La caméra de dessus avec ce drôle de mélange 3D/2D faisait piètre impression face à un Driver intégralement en 3D. Le moins que l’on puisse dire, c’est que DMA Design ne s’est pas reposé sur ses lauriers. Seulement deux ans après GTA 2, le studio accouche d’une œuvre qui a marqué l’histoire du jeu vidéo. Terminé la caméra top/down, le soft utilise enfin une vue à la troisième personne en accord avec son temps. Ce changement de perspective apporte un sentiment d’immersion inédit pour un jeu de ce genre à l’époque : le joueur peut enfin se perdre dans une ville gigantesque et faire tout ce que bon lui semble. Ce qui n’était qu’un fantasme au début des années 2000 devient enfin réalité.
Planqué derrière son écran de télévision et muni de sa manette, le joueur peut alors s’adonner aux plaisirs de la vie d’un malfrat comme cela ne lui a jamais été proposé auparavant avec un tel souci du détail. Liberty City (encore elle !) impressionne grâce à sa modélisation complexe, formée d’un réseau routier complexe (ponts, carrefours, tunnels), d’une circulation dense et, bien entendu, de nombreux piétons. En d’autres termes, c’est la claque. La ville abrite surtout des activités nombreuses et variées. En volant une ambulance, le joueur peut transporter des blessés, en empruntant un camion de pompier, il peut éteindre des incendies, etc. Il y a toujours quelque chose à faire dans les rues de Liberty City, rues qui sont mises en valeur par l'alternance jour/nuit et la météo dynamique. Les possibilités sont tellement nombreuses que GTA 3 lance la mode des jeux en monde ouvert sandbox. Le New York Times dira de GTA 3 qu’il est “l'un des jeux les plus influents et les plus réussis jamais réalisés”.
Bien que la vue TPS apporte une nouvelle dimension à l’expérience GTA, le concept en lui-même n'a pas beaucoup changé. Le joueur incarne toujours un truand à la recherche du moindre petit boulot, malhonnête si possible. L'ordre des missions n'étant pas linéaire, l’utilisateur a le choix entre plusieurs objectifs. Cependant, par rapport à ses deux prédécesseurs, GTA 3 est bien plus scénarisé. L’histoire rappelle dans ses grandes lignes celle des Affranchis de Martin Scorsese, avec des protagonistes hauts en couleurs tels que Luigi Goterelli, Salvatore Leone ou encore Donald Love. À partir de cet épisode, la narration prendra une place de plus en plus importante dans les GTA. Le succès ahurissant de ce troisième volet poussera Take-Two et DMA Design (alors renommé Rockstar North) à sortir des épisodes annexes utilisant le même moteur avec GTA Vice City (2002) et GTA San Andreas (2004). La GTA mania est en marche !
Grand Theft Auto 4 (2008)
Si GTA 3 a presque créé à lui tout seul un genre dont s’inspireront de nombreuses autres franchises telles que Mafia, Saints Row, True Crime ou encore Watch Dogs, le quatrième opus de la saga s’est contenté de parfaire la formule en améliorant drastiquement tout ce qui pouvait l’être. La série pose de nouveau ses valises à Liberty City, métropole ayant accueilli les événements du premier et du troisième épisode. Aux antipodes de ce que dégageaient les Tommy Vercetti ou encore Carl Jonhson, Niko Bellic n'a rien du héros bodybuildé qui roule des mécaniques. Tout droit venu d'Europe de l'Est, il rejoint son cousin Roman qui lui promet une vie tranquille et luxueuse. Mais le rêve américain va tourner court pour notre "homme des Balkans". Confronté à une réalité moins clinquante que celle qui lui avait été promise, il va rapidement se retrouver dans de mauvais draps. À l’instar du précédent opus, Rockstar permet au joueur de vivre une aventure rythmée inspirée de nombreuses références cinématographiques. Cette fois-ci, les relations que noue Niko avec les autres protagonistes prennent une place importante dans les mécaniques.
Tournant sur un nouveau moteur de jeu pensé pour briller sur les consoles HD que sont la Xbox 360 et la PlayStation 3, Grand Theft Auto 4 livre une ville grouillant de vie particulièrement crédible. Liberty City a une âme n'ayant nullement besoin des méfaits de Niko pour paraître vivante. Les habitants se promènent, font leur jogging, balaient devant leur porte, répondent au téléphone, bref, vaquent à leurs occupations de l'aube au crépuscule. Nous sommes très loin des comportements sommaires des piétons de GTA 3. Autre point important, bien que GTA 4 se permette des pointes d’humour, il se veut plus réaliste que les épisodes précédents. Pour survivre plus facilement, Niko Bellic va devoir faire profil bas et adopter un comportement prudent en donnant quelques pièces lors des péages et en évitant de passer par le pare-brise suite à un choc frontal en voiture. Dans le même ordre d’idées, le car-jacking, pourtant une des bases de la série, a été rendu moins aisé : il n’est pas rare de voir la population se rebeller, au point où il vaut mieux trouver un véhicule garé plutôt que de courir sur la route faire son marché. On note la possibilité de sortir avec des demoiselles rencontrées sur le Net pour les emmener boire un verre, regarder le spectacle d'un cabaret, jouer au bowling, aux fléchettes, faire un billard… Le sentiment d’immersion qui se dégage de GTA IV est une fois de plus le gros point fort du soft de Rockstar
Les deux points les plus critiqués de GTA 3, à savoir la conduite et le gunfight, ont tous été revus et corrigés. La possibilité de pouvoir s'abriter derrière n'importe quel élément du décor permet au héros de tirer et de se couvrir en alternance, permettant de recharger à couvert. Il peut même glisser d'une couverture à l'autre grâce à une simple pression d'une touche. Le mode multijoueur très complet a assuré une belle longévité au titre grâce à sa quinzaine de modes différents où 16 joueurs avaient le loisir de s'affronter via des deathmatch et autres courses-poursuites. Un mode libre offre même l’opportunité de se balader tranquillement dans la ville avec ses camarades. La grande classe. GTA 4 connaîtra deux DLC, The Lost and Damned et The Ballad of Gay Tony qui seront exclusifs à la Xbox 360 pendant un temps. Une nouvelle fois, cet épisode de GTA connaît un succès retentissant, qu’il soit critique ou commercial.
Grand Theft Auto 5 (2013)
Après un quatrième volet ayant repoussé beaucoup de limites du jeu en monde ouvert en milieu urbain, les équipes de Rockstar savaient qu’elles étaient attendues au tournant par des fans en voulant toujours plus. Se déroulant à San Andreas, GTA 5 narre l’histoire de trois personnages – une première dans la série – que tout oppose, sauf leur faculté de franchir les limites de la légalité. Ces malfrats notoires disposent chacun de capacités spéciales facilitant les séquences de gunfight, alors que leurs compétences physiques évoluent en fonction de la manière de jouer de l’utilisateur (plonger développe l’apnée, piloter débloque la maîtrise des transports aériens, etc.). Une simple pression sur une touche du pad fait passer d’un personnage à un autre. Ce qui est amusant, c’est que chaque personnage continue de vivre sa vie même quand le joueur ne le contrôle pas. Il n’est donc pas rare de reprendre le contrôle d’un héros quand celui-ci est dans une situation étonnante (ou au contraire d’une banalité confondante). Même si les embranchements ne sont pas aussi nombreux que cela, une quête peut être vécue plus ou moins différemment selon le héros dirigé.
Preuve de l'ambition démesurée de Rockstar, la carte couvre une surface ahurissante, sans commune mesure avec les précédents mondes ouverts créés par le studio. Le tout Hollywood (Vinewood dans le jeu) est là, de même que des lieux reproduisant des endroits bien connus tels que Venice Beach ou Downtown. Les 70 missions de l’aventure sont rythmées par des braquages qu’il est indispensable de bien préparer en amont. Ainsi, avant d'être prêt à attaquer un fourgon blindé ou à dévaliser une bijouterie, le joueur doit se fournir en munitions, trouver des véhicules, s’informer sur l’emplacement des caméras de surveillance, en autres joyeusetés. Chaque détail a son importance et tant que tout n’est pas planifié, la mission ne peut commencer. Les missions réussies rapportent de l’argent qu’il est possible d'investir dans l’immobilier, les commerces locaux ou bien des équipements variés.
Dans son gameplay, GTA 5 reste assez proche de GTA 4. Il est en fait une évolution de ce dernier, corrigeant de nombreux défauts liés à l’animation, le pilotage, la fluidité des déplacements et les combats. C’est encore une fois dans le sentiment d’immersion que GTA 5 fait mieux que ses rares concurrents. Comme dans l’épisode précédent, nos héros disposent chacun d'un smartphone qui leur permet de recevoir des messages, prendre des photos ou encore d'appeler un taxi. Sauf qu’ici, il est possible de surfer sur le Net d’une manière assez délirante. Grâce à différentes applications inspirées de ce qui existe vraiment dans notre vie de tous les jours, les héros peuvent espionner leurs amis, se faire livrer des commandes, voire carrément spéculer en bourse pour gagner beaucoup d’argent. Une fois de plus, une tonne d’activités et de choses à faire est accessible avec du golf, du tennis, du triathlon, des courses nautiques, des cinémas, des strip-club ou encore des salons de tatouage. GTA 5 est tout simplement plus grand et plus gros, au point de le rendre exceptionnel. Son réalisme déjà entrevu dans GTA 4 a cependant mis mal à l’aise certains joueurs, les scènes de torture étant forcément plus choquantes qu’auparavant.
Bien que GTA 4 disposait d’un mode en ligne aussi réussi que complet, il ne peut pas être comparé avec l’expérience en ligne savoureuse fournie par le multijoueur de GTA 5. GTA Online offre une réelle prolongation de l'expérience solo et octroie au joueur la possibilité de contrôler un véritable empire du crime, en ligne. Un mode qui a permis à Rockstar de continuer à vivre de GTA 5 depuis maintenant presque 10 ans.