Les parents sont partis, la maison est à vous et votre sœur s’apprête à organiser la soirée de sa vie après s’être enfilé un sachet de poudre dans le nez. Mais voilà qu’une flopée d'extra-terrestres en combinaisons jaunes s’écrase sur la planète bleue avec l’intention de faire de votre quartier tout droit sorti de Wisteria Lane un véritable cartel de drogue. Et la drogue, c’est vous, les humains. Kenny, un flingue sacrément bavard vous téléporte dans un instant de panique sur les terres aliens de Blim City et vous charge de la rude tâche de vous débarasser du fléau venu d'ailleurs. Il sera bien vite rejoint par un couteau qui a lui aussi la langue bien pendue et le meurtre dans le sang. Voici le pitch de High on Life, nouvelle invention tout droit sortie de l'esprit fou du créateur de Rick & Morty, Justin Roiland.

Fraîchement disponible en exclusivité sur PC et Xbox, le jeu signe non sans surprise le meilleur lancement de l’année sur le catalogue du Game Pass, mais également le troisième meilleur lancement de toute l'histoire du service en plus d'y faire le meilleur démarrage pour un jeu solo tout court.Une surprise, car le soft n’hérite que de la moyenne plutôt légère de 68 sur l’agrégateur Metacritic. Un score qui s’explique par des sensations de shoot en deçà de la moyenne, un bestiaire assez maigre, un game design perfectible, des marqueurs d’objectifs vraiment pénibles et tant d’autres défauts qui en font un FPS peu éclatant sur la forme. High On Life se contente en outre de mécaniques très classiques ; la structure et les armes vivantes rappellent sans mal Oddworld : La Fureur de l'Etranger et le joueur peut compter sur une poignée d'aptitudes familières citées à la volée par Carnbee dans un précédent papier : l’ironsight, le dash, le grappin, les tirs secondaires, le scanner indiquant le chemin de l’objectif, les tonneaux explosifs et les bonus lâchés par les adversaires. Mais le jeu de Roiland brille auprès du public pour d’autres qualités plus évidentes : un univers absurde, irrévérencieux et bourré de second degré. Des atouts encore bien rares dans l’océan des productions de tir.

Vent de fraîcheur dans le Game Pass

Quand on pense “FPS comique”, c’est probablement la saga Borderlands qui vous vient d’abord à l’esprit ; l’humour potache de la licence de Gearbox s’est aisément trouvé un public conquis sans avoir à s’inquiéter d’une quelconque concurrence notable. Chaque année, ce sont plutôt les shooters de guerre au ton plus grave qui s’inscrivent dans les tendances : Call of Duty et son Battle Royale en tête, mais aussi Halo et tous leurs petits homologues. High On Life s’invite donc sur un terrain encore peu convoité dans l’absolu en s’accompagnant d’un univers au propos familier, quant à lui bien ancré dans la culture populaire : Le succès de la série Rick & Morty n’est plus à prouver, la licence s’étant imposée comme ténor de la comédie d’animation depuis le début des années 2010 maintenant. Son ADN a naturellement été injecté dans les autres productions vidéoludiques du studio de Justin Roiland, Squanch Game. Trover Saves the Universe notamment, embarquait les joueurs dans une missions davantage burlesque : “Vos chiens ont été enlevés par un fou à bec nommé Glorkon qui les a fourrés dans ses trous d'yeux et utilise leur essence vitale pour détruire l'univers. (synopsis du jeu)”

Trover Saves the Universe

En prime, les joueurs retrouvent chez le flingue Kenny la voix de Rick et de Morty, qui n’est autre que celle de Roiland lui-même. Un plaisir à toute épreuve bien qu’il peut-être regrettable que le jeu ne soit pas doublé en français. Car High on Life est très bavard, si bavard qu’il vous est même possible de réduire la fréquence de dialogues débités depuis le menu. Malgré cela, certaines plaisanteries pourront vous échapper dans le feu de l’action. Nul besoin de préciser qu’il faut adhérer corps et âme à l’humour mi-Rick & Morty mi-South Park de l’expérience afin de pouvoir l’apprécier un tant soit peu. High on Life est indéniablement un jeu qui ne se prend pas au sérieux et qui se moque même ouvertement de ses défauts, un atout qui lui vaut d’être le soft le plus vendu du moment (à 49,99 euros), détrônant alors les mastodontes que sont Call of Duty : Modern Warfare 2 ou FIFA 23. Avant lui, c’est Scorn qui avait divisé la critique et le public pour des raisons similaires : des combats anecdotiques, balayés par une direction artistique purement singulière et une esthétique volontairement répugnante. Avec ses panoramas ultra chatoyants, son pitch qui dénote et son ton excessivement léger, High on Life était peut-être ce dont le FPS avait besoin en ce moment.