L’émergence d’intelligences artificielles capables de rédiger des textes de plus en plus complexes a tendance à inquiéter de nombreux professionnels. Parmi eux, on trouve les professeurs, qui ont peur de voir leurs élèves déléguer leur travail à des programmes informatiques.
À moins d’avoir fui les réseaux sociaux ces dernières semaines, il est peu probable que vous soyez passé à côté de ChatGPT, l’intelligence artificielle développée par OpenAI. Cette entreprise n’en est pas à son coup d’essai : basée à San Francisco, elle s’est donnée comme objectif de promouvoir « une intelligence artificielle à visage humain », capable d’être utile à l’humanité.
Aujourd’hui, cette IA prend la forme d’un chatbot très poussé qui est capable de tenir une discussion, mais pas seulement. Elle est aussi capable de répondre à des problèmes, de développer des réflexions et donc, par la force des choses, de réaliser certaines tâches normalement destinées à l’être par un humain.
Confier ses devoirs à une intelligence artificielle, une dangereuse dérive
Si de nombreuses professions en lien avec la rédaction de contenus, mais aussi les développeurs — car ChatGPT peut aussi écrire du code — commencent à s’inquiéter sérieusement de l’évolution rapide de la performance des IA, c’est aussi le cas des professeurs. Dan Gillmore est l’un d’eux : cet enseignant de l’Arizona State University donne des cours de journalisme à des étudiants.
Lorsqu’il a confié à ses élèves la mission d’écrire une lettre destinée à un parent pour lui donner des conseils sur la sécurité et la confidentialité en ligne pour protéger ses enfants, le professeur a donné la même consigne à ChatGPT, qui s’en est sorti avec les honneurs. « Je lui aurais donné une bonne note », a-t-il déclaré au Guardian. « Le milieu universitaire a du souci à se faire ».
Même son de cloche du côté de Peter Wang, PDG d’Anacondalnc, une entreprise spécialisée dans le machine learning. « Je viens d’avoir une conversation de 20 minutes avec ChatGPT sur l’histoire de la physique moderne. Si j’avais eu cette m*rde en tant que tuteur au lycée et à l’université… OMG. Je pense que nous pouvons fondamentalement réinventer le concept d’éducation à grande échelle. L’université telle que nous la connaissons cessera d’exister. »
Um... I just had like a 20 minute conversation with ChatGPT about the history of modern physics. If I had this shit as a tutor during high school and college.... OMG.
— Peter Wang 🦋 (@pwang) December 4, 2022
I think we can basically re-invent the concept of education at scale. College as we know it will cease to exist.
ChatGPT est aussi capable de générer des problèmes pour les écoliers
Des parents se sont aussi penchés sur le potentiel de ChatGPT pour créer des problèmes, notamment de mathématiques, destinés à faire travailler les enfants pendant les vacances. Le souci, c’est que les enfants, de leur côté, peuvent aussi demander à l’IA de les résoudre. C’est le serpent qui se mord la queue !
— Guillaume Champeau (@gchampeau) December 17, 2022
Nombreux sont les professeurs qui craignent des dérives liées à l’IA, notamment le fait que les élèves s’en servent pour écrire des dissertations. Cependant, le site Futurism.com apporte une nuance : à l’heure actuelle, ChatGPT n’est pas capable de faire la différence entre la réalité et la fiction. L’intelligence artificielle a donc tendance à inventer des faits et c’est l’un des points qui peut permettre d’identifier clairement lorsqu’un texte est rédigé par le logiciel. Mais il ne fait aucun doute que le monde de l’éducation va devoir rapidement s’adapter à cette nouveauté, pour ne pas se faire berner par leurs élèves assistés par une IA.