La terraformation de planètes est un sujet de fantasme qui n’existe réellement, aujourd’hui, que dans le domaine de la science-fiction. Pourtant, pour s’établir loin de la Terre, notamment sur Mars, l’être humain devra très probablement passer par là. Pourquoi ? Tout simplement parce que Mars est une planète très hostile, sur laquelle l’air n’est pas respirable et il est impossible de faire pousser quoi que ce soit. Pour y respirer sans casque, il faudrait atteindre une atmosphère dans laquelle on trouve au moins 21% d’oxygène, 79% d’azote et 0,05% de dioxyde de carbone, et la terraformation est le moyen le plus concret d’y parvenir.

Qu’est-ce que la terraformation ?

Le principe de terraformation est simple sur le papier : transformer une planète qui n’est pas habitable en un lieu qui l’est, en modifiant l’environnement. En 2019, Elon Musk, patron de SpaceX, évoquait la possibilité de terraformer Mars en envoyant des bombes nucléaires sur la planète : une action qui aurait pour objectif de libérer le CO2 prisonnier de la glace qui se trouve sur les lieux. Non seulement cette suggestion apparaît d’emblée comme très extrême, mais en plus elle est très largement décriée par les scientifiques.

En effet, procéder ainsi pourrait ne pas avoir l’effet escompté, mais en plus, cela pourrait créer un effet de serre massif sur Mars. Quand on voit celui qui existe sur Terre, on peut facilement estimer que faire de même sur une planète encore inhabitée est loin d’être une bonne idée. Mais alors, comment procéder ? L’utilisation d’un immense laser semble être une piste intéressante.

Un laser plus puissant que jamais pour terraformer Mars

Dans une vidéo publiée récemment, la chaîne YouTube Kurzgesagt explique que l’utilisation d’un laser géant pourrait constituer un point de départ pertinent pour débuter la terraformation de Mars. Cependant, gros bémol : non seulement un laser suffisamment puissant pour réaliser cette tâche n’existe pas encore, mais, en prime, son utilisation devra être constante durant plusieurs décennies pour être efficace.

Aujourd’hui, le laser le plus puissant au monde se trouve en Roumanie : il s’agit du High Power Laser System-HPLS, un modèle développé par Thales, capable de délivrer un faisceau de 10 pétawatts en moins d’un billionième de seconde. À titre indicatif, cette puissance peut alimenter 4 milliards et demi de réfrigérateurs en même temps. Mais ce serait loin d’être suffisant pour terraformer Mars.

Il faudrait un laser deux fois plus puissant pour réaliser cette tâche, mais ce n’est pas tout : il faudrait aussi qu’il fonctionne sans arrêt en utilisant l’énergie solaire en orbite autour de mars. Le laser ferait fondre les roches martiennes, ce qui entrainerait la libération d’O2 et de CO2. Il faudrait faire fondre environ 8 mètres de surface pour obtenir suffisamment d’oxygène pour attendre l’objectif désiré.

Une réaction en chaîne aurait alors lieu, entraînant la création d’événements climatiques sur la planète : la chaleur ferait remonter de la vapeur dans le ciel martien, entraînant la création de nuages, et de pluie. L’atmosphère serait nettoyée progressivement et des lacs, puis des mers se développeraient par la même occasion.

Des dizaines d’années pour terraformer Mars

La vidéo de Kurzgesagt estime qu’il faudrait que le laser fonctionne durant 50 ans en continu pour arriver à un début de résultat exploitable. Par ailleurs, la terraformation implique aussi de modeler le terrain rapidement : le laser serait à contribution pour définir des étendues d’eau, sculpter des vallées et des montagnes à l’avantage de l’homme. Mais tout cela ne rendrait pas Mars habitable pour autant : en effet, l’absence d’azote reste un problème à ce stade. Il faudrait donc en importer, par exemple, en allant en récupérer sur Titan, la lune de Saturne qui en est saturée. Il en faudrait 3 trilliards de tonnes pour rapprocher l’atmosphère de Mars de celle de la Terre.

Le projet pourrait arriver à un résultat exploitable en un siècle environ, en partant du principe que tout se déroule sans difficulté et que les hommes disposent des technologies adaptées pour en arriver là, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.

En d’autres termes, s’il est probable que l’homme mettra le pied sur Mars dans les prochaines décennies, il mettra bien plus de temps pour s’y établir. La terre devrait donc rester le fief de l’espèce humaine pendant encore longtemps, même si un siècle ne représente pas grand-chose à l’échelle de l’univers.