La ville d’Auckland, située en Nouvelle-Zélande, est le théâtre d’un phénomène qui peut paraître surprenant : la pluie qui tombe chaque année sur la ville contient 74 tonnes de microplastiques. Mais cette situation n’est cependant pas réservée à cette ville située au bout du monde.
Le saviez-vous ? Lorsqu’il pleut, ce n’est pas uniquement de l’eau qui tombe du ciel. La pluie est, en effet, chargée de nombreuses particules. Parmi elles, on peut notamment trouver du plastique qui est invisible à l’œil nu, mais qui possède cependant un véritable pouvoir de nuisance sur le long terme.
À Auckland, en Nouvelle-Zélande, ce phénomène a récemment été étudié et les conclusions publiées il y a quelques jours s’avèrent étonnantes : il tombe, chaque année, 74 tonnes de microplastiques sur la ville, sous la forme de particules microscopiques. Cela équivaut à trois millions de bouteilles en plastique qui tombent du ciel sur cette agglomération qui compte environ 1,7 million d’habitants.
Des millions de bouteilles en plastique qui tombent du ciel
Le Dr Joel Rindelaub, qui travaille à l’Université d’Auckland dans le département des sciences chimiques, est le principal auteur de cette étude. Il estime que « les chercheurs du monde entier ont probablement considérablement sous-estimé les microplastiques en suspension dans l’air ». Il faut dire que les relevés effectués dans le cadre de cette expérience sont alarmants : cela correspond à un nombre moyen de 4885 particules de microplastique au mètre carré relevées sur les toits d’Auckland. À titre de comparaison, une étude menée en 2020 à Londres en relevait 771, contre 275 à Hambourg en 2019 et 110 à Paris en 2019.
Pourquoi un tel écart ? Cela pourrait expliquer par le fait que les chercheurs néo-zélandais ont utilisé des « méthodes chimiques sophistiquées pour trouver et analyser des particules aussi petites que 0,01 millimètre ». Si cette même manière de procéder était utilisée dans d’autres villes, il est possible que les relevés soient davantage alarmants que ceux réalisés il y a plusieurs années.
La source des microplastiques largement identifiée
L’origine de ce microplastique reste encore à déterminer entièrement, mais l’une des pistes privilégiées est celle des vêtements lavés en machine. Une étude publiée en 2016 explique que « pour une charge de lavage moyenne de 6 kg, plus de 700 000 fibres pourraient être libérées ». Ces fibres, issues notamment du polyester et de l’acrylique, deux fibres synthétiques à base de plastique, se retrouvent ensuite dans les eaux usées, puis dans les océans.
« Comme des fibres ont été signalées dans les effluents des usines de traitement des eaux usées, nos données indiquent que les fibres libérées par le lavage des vêtements pourraient être une source importante de microplastiques pour les habitats aquatiques », ajoute l’étude.
Autre piste évoquée : les particules issues des pneus de voitures qui, après avoir été semées sur les routes, sont portées par le vent dans les océans. Le reste appartient au cycle de l’eau : lorsqu’elle s’évapore pour remonter dans les nuages et se transformer en pluie, elle contient fatalement des particules de plastique.
Dans le cas d’Auckland, qui est une ville insulaire, les « vagues se brisant dans le golfe d’Hauraki » pourraient aggraver la tendance. « La production de microplastiques en suspension dans l’air à partir des vagues déferlantes pourrait être un élément clé du transport mondial des microplastiques », commente le Dr Joel Rindelaub.
Le microplastique menace-t-il notre santé ?
Le fait que les relevés se basent sur des particules de plus en plus fines inquiète les scientifiques de par leur nature insidieuse. « Les nanoplastiques, les plus petites particules, peuvent potentiellement pénétrer dans les cellules, traverser la barrière hémato-encéphalique et s’accumuler dans des organes tels que les testicules, le foie et le cerveau », détaille l’étude. « Des microplastiques ont également été détectés dans les poumons humains et dans les tissus pulmonaires de patients cancéreux, ce qui indique que l’inhalation de microplastiques atmosphériques constitue un risque d’exposition pour les humains. »
Les chercheurs à l’origine de l’étude souhaitent sensibiliser la communauté internationale face à ce problème de taille, qui pourrait continuer à s’aggraver dans les décennies à venir : en effet, plus le temps passe, et plus le plastique se décompose en particules toujours plus petites, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses à la fois pour la planète et pour ses habitants.