Annoncé il y a près d’un an, l’accord de rachat entre Microsoft et Activision Blizzard n’est toujours pas acté. Depuis plusieurs mois, le deal rencontre des turbulences et pourrait aboutir comme l’un des échecs financiers les plus retentissants de l’histoire du jeu vidéo. Dans l’industrie, il existe plusieurs exemples de rapprochements manqués (comme SEGA et Bandai en 1997), mais aucun n’a jamais eu une telle résonnance. Cette fois, l’accord fait face à un mur : l’autorité de la concurrence américaine. Rien que ça.
Le deal entre Activision Blizzard et Microsoft va-t-il se transformer en fiasco ? C’est la question que l’on peut se poser depuis que la FTC (Federal Trade Commission), autrement dit le régulateur de la concurrence aux États-Unis, a déclaré son intention de s’opposer au rachat de 69 milliards. L’agence indépendante estime que ce rapprochement permettrait à Microsoft de nuire à la concurrence en obtenant le contrôle de franchises de premier plan. Pour apporter un éclaircissement, la FTC fait écho au précédent rachat de Microsoft. En acquérant Zenimax Media, à qui appartient Bethesda Softworks, la firme de Redmond a pris le contrôle exclusif de Starfield et Redfall, en contradiction avec les intentions affichées initialement. Et pour plusieurs organismes, il ne fait aucun doute que Microsoft ne va pas hésiter à gober les plus grandes licences.
L’Europe ne fait pas exception. À l’image de la FTC, Bruxelles a ouvert une enquête sur le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft. Selon la Commission européenne, une telle stratégie pourrait entrainer « une hausse de prix, une baisse de la qualité et une réduction de l’innovation », en somme une hégémonie néfaste pour les joueurs. Et ce, à la fois sur les jeux, les abonnements ou le cloud gaming. Des voix identiques commencent à s’élever un peu partout contre ce rachat et nous ne sommes probablement pas au bout de nos surprises. Même si l’autorité de régulation de la concurrence européenne a atténué son propos en indiquant à la FTC que Microsoft n’a jamais pris d’engagement envers l’UE de ne pas publier de contenu exclusif à la Xbox suite à son rachat de Zenimax Media, le deal est quand même mal embarqué. De là à échouer complètement ?
Activision Blizzard : Microsoft n’a pas dit son dernier mot
Brad Smith, le président de Microsoft, a réagi auprès du média américain The Verge. Dans sa déclaration, outre le fait qu’il est persuadé de l’intérêt de l’accord pour les joueurs et les développeurs, il souligne que l’entreprise a une totale confiance dans ce dossier et qu’elle sera heureuse de défendre celui-ci au tribunal. La raison ? À l’inverse de ses homologues Outre-Atlantique, la FTC a déposé une plaine devant le Tribunal Administratif et compte tout faire pour bloquer ce rachat.
Pour le moment, les observateurs, comme les journalistes du site Axios, estiment que cette plainte (une première depuis vingt ans pour Microsoft) ne menace pas encore l’opération. Pour l’heure, il s’agit plus d’un « ralentissement » et Microsoft a des atouts pour se défendre. Il n’empêche que le deal prend du temps à être concrétisé et que cette situation pourrait, à terme, agacer les actionnaires du géant américain. Nous ne sommes donc pas au bout de cette affaire, d’autant que la décision de la Commission européenne ne devrait pas intervenir avant, au bas mot, mars 2023.