Sites et applications : les nouveaux rois de la rencontre

Depuis quelques années, les applications ou autres sites pour faire des rencontres se sont radicalement inscrits dans notre quotidien. Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un œil aux données partagées par Statista en juin 2022. Le groupe de recherche s’est en effet intéressé à la « Distribution des Français en couple en France en 2021, selon le lieu de rencontre de leur partenaire actuel ».

Le résultat est sans équivoque, puisqu’en première place, nous retrouvons avec un score de 22% la réponse « via un site ou une application de rencontres ». Et si la seconde réponse est « d’une autre manière », la troisième suit un peu la logique de la première puisque c’est « via internet » (excluant les apps et sites de rencontres, mais comprenant les réseaux sociaux). Il faut donc comprendre au travers de ces résultats que les rencontres se sont énormément digitalisées depuis quelques années.

Crédit Photo : Statista

Et cette digitalisation des rencontres donne donc des idées à certains, comme le youtubeur Defend Intelligence, qui a voulu savoir comment une intelligence artificielle pouvait se débrouiller sur une application de rencontre. Et tant qu’à faire ce test, autant le faire sur la plus célèbre d’entre elles : Tinder.

Tinder et intelligence artificielle : une expérience sociale digne de Black Mirror ?

Comme il l’explique dans sa vidéo, Defend Intelligence a donc voulu tester les aptitudes d’une intelligence artificielle sur une application de rencontre. Son idée première était de tout automatiser, de la lecture des bios, aux discussions en passant par le swipe à gauche ou à droite. Malheureusement (ou plutôt heureusement) Tinder ne laisse pas passer ça et à tout simplement ban IP le téléphone du vidéaste. Pour autant, ce dernier n’a pas abandonné son idée et a donc décidé de se focaliser sur un seul et même aspect de l’application : les discussions (post-match).

Pour ce faire, il a choisi d’utiliser GPT-3, un modèle de langage d’OpenAI qui est en fait un agent conversationnel ultra-poussé ayant engrangé un très grand nombre de données pour pouvoir échanger avec l’Homme dans diverses situations. À partir de là, le youtubeur a donc créé son profil Tinder (sur un autre téléphone) et a commencé à liker ou non les profils pour pouvoir mettre en application les talents de discussion de GPT-3. Néanmoins, il précise qu’il n’a pas automatisé la discussion, mais qu’il a simplement copier-coller les réponses sur le site de l’IA, pour que celle-ci lui donne une réponse probante. Pour lancer la discussion, il a également demandé à GPT-3 de lui générer plusieurs phrases d’accroche pour briser la classe.

En tout, Defend Intelligence explique que l’expérience sociale s’est basée sur un échantillon de 35 matchs, et comme vous allez pouvoir le constater, les résultats sont hétérogènes et ne dégagent pas de réelle tendance, même si les analyses post-expériences sont plutôt intéressantes.

L’intelligence artificielle d’OpenAI est-elle vraiment capable de tenir une discussion sur Tinder ?

Comme nous vous l’expliquions juste au-dessus, l’expérience sociale, se base sur 35 matchs. Et sur ces 35 matchs, seuls 22,9% (8) des personnes ont répondu au message envoyé par GPT-3. Dans sa vidéo, Defend Intelligence ne revient que sur 3 conversations : une qui « n’a aucun sens », une autre « normale » et une dernière « où s’est allé loin ».

Pour la première discussion, GPT-3 n’a pas engagé de la meilleure des manières puisque l’IA a tout simplement écrit : « Je suis en train de me demander si l’amour est vraiment plus important que le sexe. » Avec cette phrase d’accroche, l’IA n’a jamais réussi à retourner la situation et à se sortir de ce bourbier.

Crédit Photo : YouTube - Defend Intelligence

En revanche, pour la seconde conversation, l’intelligence artificielle a été beaucoup plus inspirée en entamant le dialogue de la manière suivante : « Salut, belle inconnue ! Raconte-moi une histoire, je suis tout ouïe ! » Ce à quoi la personne en face a répondu « Salut, quelle histoire tu veux entendre ? » Pour que l’IA lui rétorque : « Celle qui te fera rire, celle qui te fera pleurer ou celle qui te fera réfléchir ? » Grâce à cet enchaînement, la conversation durera un peu plus longtemps, avant de se clôturer après une histoire manquée de l’IA.

La dernière discussion est certainement la plus déroutante, puisque contrairement aux deux autres conversations, l’IA n’a pas commis « d’erreurs ». Le vidéaste explique que la conversation entre GPT-3 et la personne a duré un long moment, ce qui l’a poussé à stopper l’échange pour lui expliquer qu’elle était en train de parler avec IA dans le cadre d’une expérience sociale - à noter que Defend Intelligence expliquait à chaque fois après la fin de la discussion que les interlocutrices avaient parlé à une intelligence artificielle.

Le plus intéressant dans cette expérience, c’est l’analyse qu’en ont fait les personnes ayant échangé avec GPT-3. Ces dernières ont expliqué, qu’elle avait l’impression de « parler à une vraie personne », car les propos avaient du sens et se calquaient sur les réponses précédentes. De plus, il est intéressant de se dire que dans les trois situations décrites ci-dessus, GPT-3 adopte un comportement différent que l’on peut très bien retrouver chez certains utilisateurs de l’application. En fin de vidéo, le vidéaste explique également que l’IA est finalement (et à peu de chose près) dans les mêmes taux de réussite qu’un humain. Cette expérience sociale laisse donc la place à beaucoup de questions et nous fait dire que la série Black Mirror aurait très bien pu baser l’un de ses épisodes sur cette thématique.