Déjà un franc succès sur les réseaux sociaux depuis la cérémonie des Game Awards, Judas se présente comme la suite spirituelle de la licence BioShock.
Sommaire
- Narration en LEGO et développement dans le chaos
- Et BioShock alors ?
À la vue de ces images, vous pourriez vous méprendre à juste titre : Non, cette bande-annonce n'est pas le reveal trailer du quatrième volet de la franchise BioShock (qui est tout de même bel et bien en cours de développement), mais d'un titre original de son créateur, Ken Levine (également à l’origine de System Shock 2). Judas sera l'étendard de son nouveau studio, Ghost Story Games, une petite filiale de 2K née des cendres d'Irrational Games et qui s'occupera elle-même de l'édition. Cette structure, Levine l'a mise au point à la fin de son travail sur BioShock Infinite, alors désireux de "recentrer son énergie sur une équipe plus petite, avec une structure plus plate et une relation plus directe avec les joueurs". Les premières images de leur projet ont été diffusées cette nuit sur la scène des Game Awards 2022, cérémonie dantesque présentée par le populaire Geoff Keighley. Le public a découvert un trailer survitaminé, où chaque élément semble bien familier : le chara-design qui nous rappelle si bien BioShock Infinite, des espaces semblables à un Rapture infesté d'ennemis étranges ou même encore un gameplay mélangeant armes à feu et pouvoirs élémentaires. Et puis on imagine facilement un scénario toujours aussi alambiqué que philosophique. Le jeu nous laissera incarner une héroïne visiblement pas très heureuse de se retrouver à bord d'un vaisseau en pleine désintégration. Un coup d'œil sur la fiche Steam nous fait comprendre que Ken Levine entreprend une fois encore une narration bien plus profonde qu'il n'y parait.
Vous êtes le mystérieux et troublant Judas. Votre seul espoir de survie est de faire ou défaire des alliances avec vos pires ennemis. Allez-vous travailler ensemble pour réparer ce que vous avez cassé ou allez-vous le laisser brûler ?
Le pitch laisse entrevoir une flopée de dilemme moraux en jeu, élément qui n'est pas sans rappeler l'un des piliers du premier épisode : Dans Bioshock, vous aviez la possibilité de sauver les Petites Soeurs, ou bien de récolter l'Adam (une substance qui vous rend plus puissant) qu'elles transportent, quitte à les tuer.
Narration en LEGO et développement dans le chaos
Si l'on pourrait considérer Judas comme une suite spirituelle à BioShock, le jeu devrait tout de même apporter quelques subtilités notables pour le distinguer de ses modèles. Voilà quelques années maintenant de Ken Levine évoque son projet. Il était à ses début raconté comme un jeu de science-fiction composé d'éléments RPG, le tout dans un monde semi-ouvert. Le patron parlait également un système de narration "en LEGO", permettant aux joueurs d'explorer l'histoire en assemblant différentes pièces. L'expérience se déroulerait au sein d’une station spatiale où cohabitent plusieurs factions, trois exactement, dont le joueur doit gérer les relations. Un système plutôt intrigant auquel on pourra ajouter tout un lot de "trucs bizarres" ; Au cours d'un live organisé par GameLab, il a déclaré :
Je ne peux pas vraiment parler du nouveau jeu, mais il y a des trucs bizarres dedans. Je pense que si votre jeu ne pousse pas les gens à dire « ça à l'air un peu dingue », c'est que vous ne vous êtes pas assez approchés de la limite.
Si vous n’allez pas jusqu'au choquant et au ridicule, vous ne saurez jamais où se trouve la limite… Cela veut dire que vous devez parfois aller au studio, discuter de ça avec les gens, et qu’ils vous regarderont comme si vous étiez fou ; ça vous permet de prendre du recul pour revenir à quelque chose que vous pourrez réellement réaliser.
Ce projet un peu dingue, Ghost Story Games semble avoir eu bien du mal à le mettre au point. Jusqu'ici et depuis 2014 maintenant, c'était l'omerta autours du jeu. Derrière ce silence se cachait apparemment une bien triste réalité comme le relatait Jason Schreier pour le site Bloomberg en début d'année. Le journaliste faisait état d’ambitions démesurées et de grandes difficultés de gestion, aussi bien du projet que du personnel. En effet une quinzaine de témoignages d’anciens et actuels membres de l’équipe de développement abondent dans ce sens ; Ken Levine aurait eu des difficultés à clairement partager sa vision sur le jeu et aurait même fait preuve d’intimidation, causant une série de burnout parmi les développeurs. Judas aurait ainsi était rattrapé par ses trop grandes ambitions, lesquelles ne collaient plus à l’ADN « indé » vendue au premier abord. Jusqu'ici pour autant, la barre semble maintenue. La sortie est prévue sur Xbox Series X, Xbox Series S, PC et PS5 à une date inconnue.
Et BioShock alors ?
À côté de tout cela, il y a aussi BioShock 4 développé par Cloud Chamber, studio présenté comme un "collectif de scénaristes désireux de repousser les limites du loisir interactif en créant des expériences uniques, divertissantes et réfléchies qui engagent le monde" ; une structure séparée en deux équipes installées au siège social de 2K à Novato. À sa tête : Kelley Gilmore, qui a travaillé chez Firaxis pendant 18 ans sur les licences Civilization et XCOM. D'anciens développeurs du tout premier Bioshock ont également été enrôlés. La gestation du jeu poursuit tranquillement son cours tandis que l'on apprenait il y a à peine quelques jours l'arrivée de Liz Albl au sein de l'équipe en tant que cheffe narrative (soit lead writer). Albl a déjà œuvré chez les grands noms du secteur et a inscrit son nom sur plusieurs triple A incluant Far Cry 5, Far Cry 6 et Watch Dogs Legion d'Ubisoft, ou encore Ghost of Tsushima de Sucker Punch (Sony).
Pour l'heure, il n'y a encore que des bribes d'information à grapiller au sujet de BioShock 4 (nom provisoire). Il est dit que le contexte serait planté dans une ville fictive en Antarctique, baptisée Borealis ; il s'agirait aussi de la suite de ses prédécesseurs. Pour le reste, on attendra.