Quelques jours seulement après avoir annoncé que les technologies de Neuralink étaient prêtes pour être testées sur l’humain, l’entreprise d’Elon Musk fait face à une enquête fédérale en lien avec le traitement infligé aux animaux dans ses laboratoires.
Les technologies de Neuralink pourraient, un jour, permettre aux personnes paralysées de marcher à nouveau, aux personnes malvoyantes de recouvrer la vue ou encore aux humains bien portants d’améliorer leur ouïe ou leur agilité. Tout cela devrait passer par des implants neuraux intégrés au cerveau du sujet. Pour en arriver là, cette entreprise fondée par Elon Musk réalise des expériences depuis plusieurs années, et elles impliquent systématiquement des « animaux de laboratoire ».
Ce constat n’a rien de nouveau : à partir du moment où un secteur a besoin d’expérimenter des technologies, des médicaments ou d’autres innovations destinées à l’homme, il effectue des tests sur des rats, des singes, des porcs et d’autres animaux pendant des années avant de passer à des « tests cliniques » sur l’humain. Cependant, ces expériences sont réglementées et fort heureusement, les laboratoires ne peuvent pas faire n’importe quoi. Mais il arrive que parfois, des entreprises aillent trop loin dans cette démarche. Et c’est potentiellement le cas de Neuralink.
Neuralink soupçonné de maltraitance animale par les autorités américaines
L’agence Reuters a annoncé, lundi 5 décembre, que Neuralink fait actuellement l’objet d’une enquête pour d’éventuelles violations liées au bien-être animal au sein de ses laboratoires. Ce sont des plaintes internes, issues du personnel de l’entreprise, qui seraient à l’origine de cette investigation. Celle-ci aurait été ouverte depuis plusieurs mois à la demande d’un procureur fédéral.
Neuralink est soupçonné de ne pas avoir respecté la loi sur la protection des animaux, qui régit la manière dont les laboratoires peuvent réaliser des expériences sur certaines espèces. Selon les sources de Reuters, les chercheurs de Neuralink auraient subi des pressions pour accélérer leurs expérimentations, générant de graves erreurs ayant entraîné la mort inutile, mais aussi la souffrance de nombreux animaux. La société d’Elon Musk aurait entraîné la mort d’environ 1500 animaux depuis 2018, comprenant des porcs, des moutons et des singes.
Elon Musk pointé du doigt par d’anciens employés de Neuralink
Les décès de ces animaux ne sous-entendent pas nécessairement que Neuralink a enfreint la loi : l’entreprise a été contrôlée à maintes reprises par des organismes américains depuis le début de ses activités. Cependant, le taux de mortalité très élevé dans les laboratoires de la firme inquiète tout de même les autorités fédérales.
Il faut ajouter à cela que d’anciens employés de Neuralink, mais aussi des personnes toujours en poste, ont concrètement désigné Elon Musk comme étant l’un des responsables de la situation. Le milliardaire aurait demandé aux équipes d’accélérer le développement des technologiques, générant un taux élevé « d’erreurs humaines », notamment lors des opérations chirurgicales destinées à intégrer les implants neuraux dans le cerveau des sujets. « Les erreurs ont affaibli la valeur de recherche des expériences et ont nécessité la répétition des tests, entraînant la mort de plus d’animaux, ont déclaré trois des membres actuels et anciens du personnel », explique Reuters. « Les trois personnes ont attribué les erreurs à un manque de préparation du personnel de test travaillant sous pression ».
Toujours selon les mêmes témoignages, Elon Musk demandait à ses employés « d’imaginer qu’ils avaient une bombe attachée à la tête, dans le but de les faire travailler plus rapidement ». Une métaphore qui serait revenue plusieurs fois lors de réunions.
Des révélations qui entachent la réputation de Neuralink
Le timing de ces révélations est important. En effet, la semaine dernière, Elon Musk a annoncé que les technologies de Neuralink étaient prêtes à être testées sur l’humain. Le patron de l’entreprise a expliqué qu’il attendait désormais le feu vert de la Food and Drug Administration pour démarrer les essais cliniques, potentiellement dans les six mois.
Mais cette enquête jette un discrédit sur les résultats obtenus par Neuralink ces dernières années. Les anciens employés eux-mêmes expliquent que des questions ont été soulevées en interne concernant la qualité et la fiabilité des données récoltées lorsque de ces expériences sous pression. Il est possible que la FDA décide d’attendre les conclusions de l’enquête avant de prendre une décision concernant la poursuite des expériences menées par l’entreprise.