Après Lyon, Paris est la seconde grande ville de France à prendre des mesures radicales à l’encontre des trottinettes électriques et de leurs exploitants. Alors que les contrats d’exploitation doivent prendre fin en février 2023, la Mairie de Paris hésite à les renouveler et les trois grands opérateurs, Lime, Dott et Tier doivent s’allier pour convaincre la municipalité de maintenir en vie leur business.
Après Lyon, Paris interdit les trottinettes électriques aux mineurs
Au sujet des trottinettes électriques dans les grandes villes, c’est un peu du 50/50, entre les “pour” et les “contre”.
Il y a ceux qui les utilisent quasi quotidiennement et qui voient là un moyen économique, pratique et écologique de se déplacer et il y a ceux qui ne voient que la pollution visuelle des appareils laissés n’importe où, de la gêne des véhicules qui circulent sur les trottoirs notamment et enfin, et surtout, il y a la sécurité routière qui avance des chiffres alarmants concernant les accidents liés à l’usage de ce moyen de locomotion (22 morts et plus de 6000 blessés l'an dernier).
L’usage des trottinettes électriques en ville est source de conflits depuis le début, mais tout cela a pris une tournure politique depuis la mort le 22 aout dernier, à Lyon, de deux adolescents de 15 et 17 ans, mortellement fauchés par une ambulance alors qu’ils circulaient sur une voie réservée aux bus et aux deux-roues “non immatriculés”, à savoir les vélos et les trottinettes donc.
📢 Après un encadrement réussi de l'usage des trottinettes en libre-service, nous avons décidé de lancer un nouvel appel à projet
— Valentin Lungenstrass (@vlungenstrass) September 16, 2022
En restant sur une flotte régulée de 4000 engins 🛴 pour 2 opérateurs et qui doivent se stationner dans des emplacements dédiés 🅿️.
1/4#Lyon
Pour endiguer cette hausse des accidents, la municipalité de Lyon a alors pris la décision courant septembre, d’interdire purement et simplement l’usage des trottinettes électriques en libre-service aux mineurs. D’autres villes, dont Paris, ont dans le même temps limité la vitesse à 20 km/h sur les grands axes et 10 km/h dans le reste de la ville contre 25 km/h sur le reste du territoire.
Pas d’interdiction générale en vue, mais de nouvelles mesures de prévention
À Paris, le contrat qui lie la Mairie aux 3 opérateurs Lime, Dott et Tier court pour le moment jusqu’en février 2023 et à ce jour, rien ne garantit qu’il sera renouvelé en l’état. À la vue du nombre exponentiel d’accidents et avec les Jeux Olympiques prévus pour 2024, la tendance serait même plutôt au “Stop” qu’au “Encore”.
Avant de rendre son verdict, la Mairie de Paris a donc demandé aux trois opérateurs de travailler ensemble et de proposer un certain nombre de propositions pour mieux intégrer les trottinettes dans l’espace public. C’est ce qu’ils ont fait dans un livre blanc intitulé “Trottinettes en libre-service à Paris : la réalité des chiffres et des usages”.
- La première mesure, effective dès aujourd’hui, rejoint ce qui se fait déjà à Lyon avec l’interdiction purement et simplement de l’accès de ces véhicules aux mineurs. Dès aujourd’hui il est obligatoire d’avoir un compte certifié qui prouve que vous êtes majeur. Sans cela, impossible de louer une trottinette électrique à Paris.
- La seconde mesure proposée, qui sera, elle, en place dès le 1er décembre, c’est d’immatriculer l’ensemble de la flotte des trois opérateurs pour pouvoir remonter à l’utilisateur en cas d’infraction.
Parmi les autres propositions avancées, on retient la présence d’un détecteur pour empêcher les trottinettes d’aller sur les trottoirs, le financement d’une expérimentation de vidéo-verbalisation pour pouvoir sanctionner tout manquement au code de la route, des campagnes de sensibilisation au danger mais aussi d’incitation à la marche, le doublement du nombre de patrouilleurs ou encore la mise en circulation de trottinettes accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Pour rappel, il existe actuellement 15 000 trottinettes électriques disponibles dans la capitale, 1 trajet démarre toutes les 4 secondes à Paris et plus de 96% des trottinettes sont désormais correctement garées. Des chiffres encourageants qui devraient pousser la Mairie de Paris à renouveler son accord… ou pas.
Le mot de la fin pour les PDG de Lime, Dott et Tier qui ont fait cette déclaration commune :
Les trottinettes électriques partagées offrent aujourd’hui un service de mobilité efficace, très encadré et plébiscité par des centaines de milliers de Parisiens. Nous avons entendu les demandes de la ville de Paris et estimons avoir apporté des réponses concrètes et efficaces.
Nous ne doutons pas que Paris préservera son leadership en matière de lutte contre la pollution et de développement des mobilités douces. Nous n’envisageons pas une interdiction qui serait un retour en arrière au moment où la plupart des grandes capitales mondiales pérennisent ce type de service.