Face à la pression de certains très gros streamers comme Pokimane et ses plus de 9 millions d’abonnés, la plateforme de streaming Twitch a fini par céder au hashtag “#TwitchStopGambling” et a mis fin à la diffusion d’un nombre important de chaînes très populaires qui n’ont toutefois pas tardé à trouver un nouveau diffuseur pour les accueillir…
Sommaire
- De Justin.tv à Twitch, la formidable histoire de la plateforme de streaming préférée des joueurs
- Pour contenter ses plus gros streamers et se plier aux lois dans de nombreux pays, Twitch interdit désormais les streams de jeux de hasard
- Le site controversé DLive accueille “à bras ouverts” les streamers virés ou déçus de Twitch
De Justin.tv à Twitch, la formidable histoire de la plateforme de streaming préférée des joueurs
Lancée en 2011 sur les bases du site iconique Justin.tv qui diffusait ce qu’on appelait à l’époque du “lifecasting”, comprendre par là, "la diffusion constante ou permanente de la vie d'une personne en direct par le biais de médias numériques" (une sorte de Truman Show sur le web sauf que lui était au courant de ce qu’il faisait), Twitch est aujourd’hui l’une des plateformes les populaires de notre génération, avec les dérives qui vont avec… Et si l’histoire de Twitch a tout de la success story à l’américaine dont tout le monde rêve, grandir aussi vite comporte forcément des risques et des imprévus.
À l’origine, Twitch a été pensée comme la partie spécialisée dans les jeux vidéo et l’esport de Justin.tv, avant de prendre totalement le dessus sur le site d’origine, poussant rapidement ses fondateurs Justin Kan et Emmett Shear à arrêter Justin.tv en 2014 pour se consacrer entièrement à Twitch avant de revendre la plateforme à… Amazon le 25 aout 2014 pour la coquette somme de 970 millions de dollars, dans le but clairement avoué de concurrencer YouTube.
Pour contenter ses plus gros streamers et se plier aux lois dans de nombreux pays, Twitch interdit désormais les streams de jeux de hasard
Si à l’origine Twitch était donc censée permettre aux créateurs et aux streamers de partager leur passion pour les jeux vidéo et diffuser des compétitions d’esport, rapidement, l’absence de règles clairement établies a engendré des dérives incontrôlables qui arrangeaient bien tout le monde il faut le dire. Ainsi, après les jeux vidéo, on a vu arriver l’ASMR (qui ne fait de mal à personne), puis les streams en maillots de bain, les fameux “Hot tubs” (coucou Amouranth), la musique ou encore les streams liés aux jeux d’argent et plus spécifiquement aux jeux de hasard, d’où vient le fond du problème.
like if twitch should ban gambling
— pokimane (@pokimanelol) September 18, 2022
Twitch étant une plateforme extrêmement populaire chez les adolescents et les jeunes adultes (comprenez par là les plus vulnérables), un certain nombre de voix se sont élevées contre cette pratique après qu’un streamer eut arnaqué sa communauté d’environ 200 000 dollars en réalisant des paris avec… l’argent de ses abonnés.
Une situation insupportable aux yeux de certains très gros streamers comme Pokimane (9,3 millions d’abonnés) ou encore Mizkif (2,1 millions d’abonnés) qui y sont allés de leurs menaces de boycott si la plateforme ne réagissait pas immédiatement.
An update on gambling on Twitch. pic.twitter.com/lckNTY9Edo
— Twitch (@Twitch) September 20, 2022
Leurs voix, couplées aux lois de nombreux pays ont fini par payer et Twitch a annoncé le 21 septembre dernier mettre fin à la diffusion de stream de jeux d’argent de hasard, mesure en vigueur depuis le 18 octobre. Attention toutefois, cette mesure ne concerne pas tous les jeux d’argent, mais uniquement ceux de hasard. Ainsi, les paris sportifs ou le poker, où une analyse est de rigueur, sont eux toujours admis.
Le streaming de sites de jeux d’argent qui incluent des machines à sous, de la roulette ou des jeux de dés qui ne sont pas autorisés aux États-Unis ou dans d’autres juridictions qui offrent une protection suffisante aux consommateurs est interdit
Le site controversé DLive accueille “à bras ouverts” les streamers virés ou déçus de Twitch
Si Twitch fait le ménage dans ses salons de manière assez catégorique, les streamers concernés ainsi que leurs auditeurs ne comptent toutefois pas arrêter leur activité pour autant et ils n’auront pas eu à attendre bien longtemps pour trouver une nouvelle terre d’accueil puisque la plateforme hautement controversée “DLive” leur a ouvert grand les portes avec un créneau assez simple “Your stream, your rules” qu’on peut tout simplement traduire en “Votre stream, vos règles”.
Il n’en fallait ainsi pas plus pour voir débarquer des milliers de streamers et des centaines de milliers de viewers. Une publicité gratuite inespérée pour la jeune plateforme, encore méconnue en France, mais sous le feu des critiques internationales, notamment dans son rôle le 6 janvier 2021 lors de la prise du Capitole à Washington aux Etats-Unis où l’assaut avait été diffusé en direct sur la plateforme par des conspirationnistes avérés. Depuis, la plateforme est un lieu de rassemblement privilégié pour les suprémacistes blancs, les complotistes, les partisans de QAnon et autres branches néonazies.
Si certains préfèrent botter en touche, d’autres se sont confiés à nos confrères de chez Numerama et avouent n’être pas du tout au courant de ce qui se passe, ou s’est passé, sur la plateforme, assurant qu’ils sont là pour continuer leur business et que s'ils peuvent, à leur échelle, faire changer les choses et permettre à la plateforme d’être plus sûre et mieux médiatiser, tout le monde peut y gagner.
Enfin, pour finir de convaincre les streamers, la plateforme DLive, fondée par des jeunes diplômés de l’université de Berkeley en Californie, promet une meilleure répartition des gains, de l’ordre de 75% pour les streamers et 25% DLive contre un peu reluisant 50/50 chez Twitch.
Il ne reste plus qu’à voir, ou pas, la tournure que prendra DLive dans les mois à venir…