Il y a un an, jour pour jour, Facebook, le célèbre groupe du réseau social, annonçait vouloir devenir Meta. À l’époque, ce changement de nom introduisait le projet innovant de Mark Zuckerberg, celui-ci de construire un monde virtuel en 3D permettant une interaction sociale immersive – un concept plus connu sous le nom de Metaverse. 1 an après, l’heure est au bilan.
Quel est le projet de Meta par Mark Zuckerberg ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis la création de Facebook en 2004 l’entreprise a fait un long chemin. Des chambres de l’université de Cambridge au monde entier, le réseau social a marqué une nouvelle ère : celle du web2.
Depuis, le début des années 2000, cet Internet plus permissif offre la possibilité aux utilisateurs de pouvoir participer au web en publiant du contenu par le biais des réseaux sociaux notamment - une différence d’ampleur par rapport à la génération précédente : le web1, constituant les prémices d’Internet. Celui-ci se définit par un web consultatif à sens unique, permettant peu d’interactions, et servant principalement à lire de l'information.
Avec son projet Meta, Mark Zuckerberg a pour ambition d’être précurseur de la 3e génération du web. Baptisé web3, ce concept est présenté comme le digne successeur du web2. Cette génération, apparue suite après la création du Bitcoin, désigne un internet plus décentralisé marqué par l’utilisation de la blockchain (technologie derrière les cryptos et les NFT), mais aussi, le métavers.
Contraction de « meta » et « universe », le métavers a pour but de modifier nos interactions en ligne. Ce projet prend la forme d’un espace virtuel interopérable dans lequel les utilisateurs peuvent interagir et s’adonner à de multiples activités (travail, jeux, etc.) dans un environnement immersif et réaliste – un second life 3.0 en somme.
Il importe de rappeler que ce concept n’est pas la propriété du groupe Meta. En effet, plusieurs entreprises travaillent sur ce projet, comme Decentraland, The Sandbox et bien d’autres…
Charmé par l’idée, en octobre 2021, Mark Zuckerberg entamait la transition de Facebook pour devenir Meta, et ainsi bâtir le monde virtuel de demain.
Horizon World’s les premiers mondes virtuels de Meta
Dans la logique de faire découvrir le concept aux utilisateurs de Facebook, Meta a proposé son premier produit : Horizon Worlds.
Disponible depuis la fin d’année 2021 en Amérique du Nord, le premier monde numérique construit par Meta a pu être testé par un grand nombre d’utilisateurs. En août dernier, le metaverse devenait même disponible en France et en Espagne.
Après vous être connecté avec votre compte Facebook et avoir paramétré votre avatar, dans Hozion Worlds, vous pouvez principalement interagir socialement avec les individus qui peuplent le monde digital. Mini-jeux, sport virtuel, soirée, événement, et même espace de travail, plusieurs activités sont disponibles dans ce premier metaverse.
Néanmoins, malgré les multiples possibilités, le metaverse ne semble pas faire l’unanimité, et ce, même 1 an après sa mise en service…
Meta, le nouveau Facebook peine à convaincre
Après quelques milliards investis dans le projet, Mark Zuckerberg doit rendre des comptes aux investisseurs et aux utilisateurs. Beaucoup considèrent que cette première version du metaverse est loin d’être concluante…
Parmi les reproches récurrents, on note le manque d’immersion lié aux graphismes peu réalistes et l’absence de jambes des avatars…
Pour répondre aux critiques, Mark Zuckerberg a d’ailleurs lui-même annoncer l’arrivée des jambes dans le metaverse prochainement, lors de la conférence virtuelle Meta du 11 octobre dernier.
Au-delà de ces ajustements techniques, d’autres ne saisissent toujours pas le projet du PDG de Meta. À titre d’exemple, Tim Cook, le PDG d’Apple, fait partie de ces sceptiques du metaverse.
« Je pense qu’il est toujours important que les personnes comprennent ce que sont les choses. Et je ne suis pas vraiment sûr que le grand public puisse dire ce qu’est le metaverse » explique Tim Cook chez RTL Nieuws.
Cette critique représente une goutte d’eau dans l’océan des reproches que subit Meta avec son projet de Metaverse. Bien qu’Horizon Worlds n’est encore qu’à ses débuts, le monde digital peine à convaincre les anciens utilisateurs de Facebook. Outre leur incompréhension, les internautes n’ont pas forcément les moyens d’accéder à Horizon Worlds.
En effet, pour le moment, le métavers de Meta n'est accessible qu’aux détenteurs de casque VR – une méthode pour optimiser l’expérience immersive des visiteurs d’Horizon Worlds.
Si l’ambition d’Horizon Worlds était d’attirer près d’un demi-million de visiteurs, l’objectif a été revu à la baisse. Selon les dernières données publiées par le groupe, le monde en réalité virtuelle compte à peine 200 000 utilisateurs aujourd’hui.
En bref, le projet Meta ne trouve pas son public malgré les moyens mis en œuvre, et cela se ressent sur les résultats financiers de l’entreprise.
Meta n’arrive pas à sauver Facebook
Stratégiquement, la logique semblait bonne. Alors que Facebook traversait une période difficile, le réseau a emprunté la voie du metaverse pour se redresser, seulement, il n’en est rien…
Depuis l’annonce du projet, l’action de Meta a dégringolé de -69% sur 1 an. Avec un prix divisé par 3, l’action a du mal à convaincre les investisseurs. Et pour cause, le bénéfice de Meta enregistre un manque à gagner de 4,4 milliards de dollars au troisième trimestre de 2022. Par ailleurs suite à l’annonce du bilan trimestriel, le cours de l’action est en proie à une baisse impressionnante de 22% ces deux derniers jours. Dans ce contexte anxiogène, le groupe va limiter les embauches et restreindre son budget pour l'année à venir.
Encore plus surprenant, le projet de metavers n’emballe même pas les employés de Meta.
« Beaucoup d’entre nous ne passent pas tellement de temps sur Horizon », exprime Vishal Shah, le vice-président de Meta chargé du metaverse.
Ces éléments témoignent malheureusement du manque d’intérêt envers le projet du groupe. Ainsi, après 1 an, le constat est amer… Force est de constater que la majorité des utilisateurs ne parait pas satisfaite de cette transition pour les multiples raisons évoquées précédemment. Une question subsiste : est-ce le concept de métavers en lui-même qui pose problème, ou son appropriation par Meta ? En effet, si le metaverse s’inscrit dans une logique web3, alors le fait qu’il appartienne à Facebook vient bafouer le projet de décentralisation de ce nouvel Internet.